Le sens des affaires

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Le manoir Woods, une superbe propriété de style victorien à environ 1 km de la mer et à 10 km de la ville de Warwick, la deuxième ville la plus peuplée de l'état de Rhode Island après sa capitale : Providence. Était-ce d'ailleurs la "Providence" qui avait amener Myrhenis, gorgone cachée parmi la masse humaine à s'installer ici ? Possible en tout cas l'endroit lui plaisait pour son paysage pittoresque et sa tranquillité.

Depuis la fenêtre de sa chambre, Myrhenis ou plutôt Carmen Woods, car c'était là son identité dans le monde humain regardait les vagues se briser sur les rochers au loin. Elle soupira longuement, et s'assit sur la chaise devant le miroir de sa coiffeuse. Il fallait se rendre à l'évidence, la chaleur humaine lui manquait et depuis la mort de son dernier amant en 1975 durant la chute de Saîgon, elle se sentait plutôt seule. Oh elle avait essayé de retrouver l'âme sœur, mais tous les amants potentiels n'étaient que des vipères avides de profit. Le comble pour une gorgone sans aucun doute.

Tandis qu'elle recoiffait ses longs cheveux pour en faire un superbe chignon relevé, une idée lui vint, pourquoi n'organisait-elle pas une réception ici, cela faisait bien longtemps qu'aucun évènement festif ne s’était déroulé dans le manoir. Et puis qui sait, il y avait peut être une chance de rencontrer des gens intéressants dans le lot. Elle devait trouver cependant quelque chose qui justifierait un rassemblement. Elle dit à haute voix :

Et pourquoi pas le lancement de la nouvelle crème anti-rides que ma société vient de développer, oui ça c'est une bonne idée. Ah j'ai hâte !! Bien procédons par ordre, d'abord réunir mes serviteurs.

Carmen fit sonner une cloche et trois serviteurs apparurent devant elle. Le premier Jasper O'Keefe, issu d'une vieille famille d'immigrés irlandais et vêtu d'une tenue de majordome comprenant des gants blancs, une veste jaune rayée noire ainsi qu'un pantalon noir sans faux-pli et des chaussures parfaitement ciré servait la maîtresse de maison depuis 40 ans et allait bientôt partir en retraite. Le second Vince Broderick vêtu de la même tenue apprenait le métier de majordome auprès du premier et commençait tout juste à faire ses preuves. Enfin la dernière Lisa Doyle vêtue en tenue de soubrette et dont les parents habitaient Warwick qui était chargée du nettoyage de la propriété depuis maintenant deux ans.

Bien vous êtes tous là et dans les temps, c'est parfait. Je vais organiser une réception pour le lancement de mon nouveau produit. J'ai donc besoin de votre aide pour aménager une salle, me trouver un groupe de musique pour l'ambiance, le champagne, le service, les petits fours, enfin vous voyez le tableau.

Dans ce cas, puis-je vous suggérer la salle de bal pour cette petite réception madame, et quand au groupe j'ai remarqué une annonce dans le journal de ce matin d'un groupe de jeunes musiciens de Providence qui cherchait un lieu pour se produire. Dois-je les convier ?

Excellente idée Jasper !! Du moment qu'il ne jouent pas du hard-rock ce sera parfait. Bien faites le nécessaire, moi je vais aller m'occuper des invitations. Ah Lisa, tu changeras de tenue pour la soirée. Prends quelque chose de plus habillé, je n'ai pas vraiment envie d'attiser les pulsions sexuelles de ces messieurs envers ta personne.

Après avoir congédié ses serviteurs, Carmen s'attela à la préparation des invitations. Grands patrons, homme et femmes d'affaires, journalistes de magazines féminins, tous allaient être invités. Après avoir rédigé déjà une cinquantaine de cartons d'invitation, elle tomba sur un profil sélectionné par son ordinateur : Linda Parsten.

Alors voyons ça ! PDG de la société Parmingo, entreprise de sécurité versée également dans plusieurs domaines tels que la recherche ou l'agroalimentaire, une filiale de la société dans chaque pays, environ 27 ans ... Eh bien une invitée de marque et plutôt bien roulée la petite demoiselle. Je doute qu'elle devienne ma nouvelle conquête mais ça m'a tout l'air d'être une femme diablement intéressante, j'ai vraiment hâte de la connaître.

Bizarrement elle avait une sentiment de déjà-vu en voyant le visage de Linda, elle confondait sans doute avec quelqu'un d'autre. Après 30 secondes passés dans le vague de ses pensées elle rédigea le carton d'invitation.

Mme Parsten

Vous êtes par la présente, invitée à une réception officielle de la mise sur le marché de la nouvelle crème anti-âge Radiance de la société Miss Sunshine. La réception se déroulera au manoir Woods à 10 km de la ville de Warwick, État du Rhode Island, U.S.A. dans la nuit du 2 mars 2014. Petits fours , champagne et accompagnement musical seront de rigueur. J'espère de tout coeur que vous nous ferez l'honneur de votre présence à cette réception.

Cordialement

Carmen Woods
PDG de Miss Sunshine

PS : Veuillez trouver ci-joint votre billet d'avion pour les U.S.A, un chauffeur vous attendra à l'aéroport pour vous déposer au manoir Woods.

Sujet: Re: Le sens des affaires Lun 10 Mar 2014 - 21:30

La Vi'aan avait passé l'entièreté du dernier mois à surveiller les moindres signes d'activités non-humaine, principalement à la recherche de Léandre Grandet, le H'mok qui avait provoqué des morts dans ses rangs en s'échappant d'une cellule qui aurait du être plus sécurisée. Elle ne s'y referait pas prendre à vouloir bien agir à l'égard des peuples qu'elle savait violent de part la moyenne établie durant la Guerre.

Du moins fut-ce sans compter sur un mail de Julie concernant une invitation arrivée à son appartement. A la lecture de cette dernière, l'esprit de Linda aurait du faire quelque chose d'approchant à ceci : "Tilt ! Fais gaffe, tu connais ce nom, tu l'as vu à ton dernier séjour aux Etats Unis !" Mais non. Elle était encore trop concentré sur ses recherches du fugitif, écoutant d'une oreille bien distraite Julie qui lui demandait ce qu'elle comptait faire exactement concernant cette invitation.

Globalement, le discours qu'elle lui tint s'approcha de ça : "Maman, ça fait des semaines que tu n'es pas rentrée à la maison ! Tu as besoin de te changer les idées, profite de l'occasion. Et puis Lucy et Eric sont là tous les deux, ils veilleront sur la boîte et t'appelleront si ils ont quelque chose."

Mais même après cette petite intervention, il fallut quelques minutes à Linda pour se décider.

Bien, tu as gagné. Réponds lui que je viendrai à sa réception. Je vais rentrer pour mettre quelque chose de plus approprié.

Puis vinrent les blablitudes de coutume mettant fin à un appel mère-fille tout à fait normal.

Les préparations comme le trajet jusqu'au manoir Woods se passa rapidement, lorsqu'enfin elle se présenta dans le hall, carton d'invitation calé dans le creux du bras gauche alors qu'un sac à main -tenant plus de la sacoche de survie féminine- était calé à l'opposé.
La tenue se résumait -littéralement- à une robe de soirée légèrement coupée du côté droit jusqu'au genou afin de permettre une meilleure aisance des mouvements aux couleurs de l'humeur de Linda à savoir : vert. Cette robe était accompagnée d'un châle d'un vert plus profond et d'escarpins du même vert agrémentés de talons d'environ 7 centimètres.

Notons le : le début de soirée est à la rage enfouie d'avoir perdu des hommes le mois précédent. Mais rien n'assurait que cela reste ainsi.

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Le soir même de la réception, Carmen était au comble de l'excitation. Jasper était à la porte pour vérifier les cartons d'invitation, Vince faisait le service des petits fours, et Lisa celui du champagne. Les invités arrivaient en nombre et commencèrent à se disperser dans la salle de bal. Carmen vêtue d'une longue robe rouge qui descendait jusqu'au sol, et de talons aiguilles de la même couleur et coiffée avec un chignon relevé commença à se mêler aux invités, à serrer des mains et à discuter

Hélas pour elle la plupart des invités étaient un peu mornes et dénués d’intérêt.Carmen pensait que les gens viendraient plutôt ici pour parler de tout et de rien : des derniers films en salle, de la musique à la mode, etc. Mais non , même dans une ambiance qui se voulait détendue, tous ces gens n'avait qu'un crédo : les affaires et qu'un seul dieu : le dollar. Alors qu'elle discutait avec Masha Virane, rédactrice-en-chef du magazine féminin "Pretty Lady", qui lui parlait de la vente de ses magazines sur le marché asiatique, Carmen avisa une ravissante jeune femme tout de vert vêtue.

La directrice de Miss Sunshine reconnut aussitôt le visage de l'inconnue, c'était Linda Parsten, directrice de la société Parmingo. Depuis qu'elle avait vu son profil sur son ordinateur, elle avait espéré de tout coeur parler à cette femme durant la réception et là l'occasion se présenta. Carmen congédia Masha Virane d'un "Nous en parlerons plus tard" et se dirigea vers la ravissante blonde.

Bonjour Madame, je suis Carmen Woods, directrice de la société Miss Sunshine, vous devez être Linda Parsten n'est-ce pas ? Je suis ravie que vous ayez pu venir à ma réception.

Bien entendu, elle avait eu vent, par les journaux de l'incident qui s'était déroulé au siège parisien de Parmingo. 3 gardes et une secrétaire tué par un malade mental en pleine rue juste devant le siège. Aussi pour se montrer courtoise, Carmen ajouta :

Mes condoléances pour les gens de votre personnel qui ont été victimes de cet effroyable prise d'otages. J'espère que la police trouvera vite le coupable.

Puis pour continuer sur une note plus joyeuse elle rajouta :

Alors la fête vous plaît, tout est à votre goût ? Je l'espère en tout cas, j'aime tout particulièrement à ce que mes invités soient le plus à l'aise possible. Alors dites-moi, qu'est ce qu'une puissante femme d'affaire comme vous a comme loisirs ?

Sujet: Re: Le sens des affaires Ven 14 Mar 2014 - 19:52

L'esprit de la Vi'aan n'était décidément pas à la fête en cette nuit, un sentiment la tenant à l'estomac comme un enfant apeuré s'agripperait à la jambe d'un parent exténué. C'était un sentiment qu'elle n'avait pas éprouvé depuis tellement longtemps que même en cherchant de manière approfondi elle ne parvint pas à le reconnaître.

Elle fit pourtant fière allure, laissant reprendre ses manières de femme du monde devant ce public attiré par l'histoire du mois passé comme des mouches autour d'une merde. Ici et là, elle esquiva habilement les questions les plus douteuses pour se concentrer sur un deuil non-feint. Alors qu'elle parlait avec une "fille de" dont elle n'avait pas retenue le nom, ni même le prénom mais à qui elle affichait néanmoins un sourire qu'elle négocia comme étant un mélange de "je me force pour faire croire que je me force pour ne pas afficher mon deuil" et de "je suis ici pour reprendre le cours normal de mes activités, ne vous inquiétez plus de rien, tout va rentrer dans l'ordre au plus vite".

Une nouvelle personne se présenta à elle comme étant la maîtresse des lieux. Mais ce fut plutôt son odeur qui incommoda la Vi'aan et la fit donc se retourner vers cette Carmen Woods.

Je suis ravie aussi de vous rencontrer, Miss Woods. Et je vous remercie de votre attention, nul doute que les efforts de la police et de mon entreprise pour retrouver celui qui a fait cela portera ses fruits très bientôt.

Cette fois, ce ne fut pas un sourire menteur, travaillé et étudié qui s'afficha sur le visage de Linda mais bel et bien un sourire emplit de volonté et de détermination.

Mon goût est amplement satisfait de cette fête. Mais je dois bien avouer qu'après tout ce qu'il est advenu dans ma vie ces dernières semaines, il s'agit de la première mondanité à laquelle je participe. Je doute rester bien longtemps en compagnie de tout ce monde. Les questions sont parfois plus oppressantes que le temps en ce qui concerne les morts.

Elle ferma les yeux une minute, comme si elle voulait ne plus voir ce qu'il y avait autour d'elle alors qu'elle comptait simplement le temps qu'il lui fallait avant de reprendre sans paraître totalement intouchable.

Mais je ne veux pas vous ennuyez avec des détails que vous n'aurez, je l'espère, jamais à vivre. Parlons plutôt de vos produits, que mettez-vous à l'intérieur pour qu'ils fonctionnent bien mieux que tous ceux des grandes firmes dont on nous vante les miracles à la télévision ?

Moyen détourné d'éviter la question sur les loisirs, on ne dit pas qu'on aime s'entraîner au maniement de toutes les armes existantes en plein rendez-vous mondain. A la peinture et à la mode éventuellement, mais pour plus tard, au détour d'une autre conversation peut-être.

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Plus la conversation allait bon train, plus Carmen commençait à apprécier le caractère de Linda. Enfin une femme qui ne parlait pas de fric ou de business sur un marché asiatique à tout va. Linda possédait une force de caractère, une détermination, et une pugnacité qui avait sans doute du faire ses preuves dans le monde fatal de l'économie de marché. C'était une véritable battante, une vraie guerrière qui devait se battre tous les jours pour donner le meilleur d'elle-même.

Cependant une chose semblait la rendre mal l'aise et c'était évidement les questions incessantes à propos de la prise d'otages et ses conséquences sur son entreprise. Aussi afin de la rassurer et de la persuader de rester un peu plus longtemps, elle dit :

Je vois de quoi vous vous voulez parler au niveau des questions incessantes que vous posent tous ces gens après ce drame.C'est hélas une dure réalité à assumer : dès qu'un évènement tragique se produit tous les vautours viennent agrandir votre blessure et se délecter de votre souffrance : journalistes, investisseurs, promoteurs, ils n'ont que faire de la compassion et de la douleur d'autrui, ils veulent juste savoir si il y aura un zéro en moins sur le gros chèque que vous leur faites chaque année. Mais ne parlons plus de ça, c'est une fête ici alors ne faites pas trop grise mine et si vous le souhaitez nous pourrions discuter plus au calme, rien que nous deux, après mon discours, qu'en dites-vous?

Puis vint une question assez singulière de la part de Linda, à savoir qu'est ce qui rendait sa crème de soins anti-vieillissement plus performante que ses concurrents. Carmen eut un petit sourire en coin. Si seulement les gens connaissaient la composition du mélange, la plupart s'évanouiraient sur place.

Beaucoup de gens me posent cette question, et je leur réponds à chaque fois la même chose : c'est une recette secrète de ma fabrication. Et moi seule connait la composition exacte, on a tous nos petits secrets d'entreprise. Après tout Coca-Cola garde bien la formule de son soda secrète dans son coffre-fort d'Atlanta. Tout ce que je peux vous dire, c'est que la crème est composée à 95 % de produits naturels et qu'il y a dedans un ingrédient secret que je suis la seule à pouvoir me procurer.

Cet ingrédient, c'était bien sur du venin de gorgone. Pur c’était un puissant neurotoxique qui tuait en quelques secondes mais dilué et combiné à certaines plantes, c'était un puissant élixir anti-âge. Tous les jours du venin issu directement du corps de Carmen était envoyé à la fabrique pour être ensuite incorporé dans le produit fini. De plus elle n'avait pas besoin d'en produire beaucoup car un flacon de venin semblable à un flacon de gouttes pour les yeux peut permettre de fabriquer 350000 unités environ. Autant le dire la rentabilité de ce produit n'était plus à prouver. Et il n'y avait aucun effet secondaire ; la toxicité du venin existait, bien sur, mais il faudrait ingérer l'équivalent de 2500 pots dans un laps de temps de 20 minutes pour observer un effet néfaste sur la santé.

Mais croyez-moi, ce produit est absolument et indiscutablement efficace, si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'a le tester bien que vous soyez encore bien jeune pour penser aux rides.

Bien entendu, Carmen ne se doutait absolument qu'elle avait en face d'elle une Vi'aan trsè ancienne qui pouvait la démasquer à tout moment, autant dire que si la vérité éclatait, elle n'allait pas être au bout de ses surprises.

Sujet: Re: Le sens des affaires Mer 19 Mar 2014 - 0:00

La jeunesse n'était finalement qu'une image pour toutes ses personnes agglutinait dans la pièce comme si leur vie dépendait de l'apparence qu'ils avaient. "Oh, vous savez bien que je sois bien entretenue, je n'ai pas loin de 20.000 ans, peut être que votre produit me permettrait de rajeunir encore un peu en apparence."

Mais non, juste un sourire lointain avant de répondre d'un ton tout à fait approprié à la situation.

J'approche des 30 ans. Il m'arrive parfois d'apercevoir quelques traces de mon âge, très chère.

Linda se remémora soudainement les quelques fois où elle avait donné de fausses indications dans son âge apparent. 300 ans était l'erreur la plus éloigné du mensonge. Elle avait du partir dans un rire plus que mal placé pour se sortir de la situation, entourée qu'elle était de la cour française de Louis XIV.

Mais peut-être que ce n'est que de la paranoïa, je me souviens avoir trouvé un cheveux blanc après avoir repeint la chambre de ma fille il y a quelques années de cela. Je l'avais peint en blanc.

Ce rire là n'était pas faux, et il était d'ailleurs le premier depuis plus d'un mois. Comme quoi, cette sortie avait du bon, elle permettait à la Vi'aan de se détendre et possiblement de reprendre des forces.

Avez-vous des enfants, Carmen ?

La question avait été posé en toute innocence avant que ne lui revienne en mémoire que cette enfant-ci n'était pas officiellement connue en tant que telle. Après tout... Julie avait, d'apparence, seulement sept ans de moins que sa mère.

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Au fur et à mesure que la soirée avançait, Carmen trouvait que Linda se détendait de plus en plus, elle esquissa même en sourire en dévoilant une anecdote sur sa fille. Sa fille ? Carmen réfléchit un instant et il lui semblait se souvenir qu'aucun article de journal ne mentionnait que Linda avait des enfants, en fait aucun journal, aucune source ne mentionnait la vie privée de Linda Parsten. Cela semblai assez étrange mais peut-être que Linda était suffisamment discrète et intelligente pour cacher sa vie privée aux yeux du monde.Lorsque Linda lui demanda si elle-même avait des enfants elle répondit :

Hélas non très chère, je n'ai aucun enfant et je doute d'en avoir un jour. J'ai disons un problème corporel qui m'empêche d'en avoir.

Cette déclaration mit Carmen un peu mal à l'aise, elle voulait bien sur avoir un enfant mais hélas il était impossible pour elle d'avoir un enfant avec un humain malgré le changement d'apparence qu'elle avait obtenue. Cependant, Carmen se ressaisit bien vite et continua la conversation tout en continuant de dévorer des yeux la superbe créature qu'était Linda Parsten.

Pardonnez moi si je vous dévisage comme ça mais vous êtes vraiment superbe ce soir. Cette robe vous tellement bien en valeur. D'ailleurs faites moi penser à me procurer aussi des robes de couleur verte ça me changera sans doute du rouge et du noir.

Carmen rougit un peu car elle ne savait comment Linda allait prendre cette dernière remarque mais qui ne tente rien n'a rien. Alors que l’ambiance allait bon train, Lisa un plateau de flûtes à champagne vides à la main chuchota à l'oreille de Carmen qu'il était temps de faire sa présentation conformément à l'heure qu'elle s'était fixée.

Ah veuillez m'excuser Miss Parsten mais je dois faire un petit discours pour tous ces businessmen et journalistes qui attendent des détails d'ordre plus financiers du produit. Surtout ne vous éloignez pas trop je reviens dès que j'en ai terminé

Sur ces mots, Carmen abandonna à regret Linda un moment et monta sur l'estrade préparée pour le discours. Après avoir vérifier que le micro fonctionnait et réclamer le silence dans la salle, elle commença son discours :

Mesdames et messieurs, c'est avec une joie et un immense plaisir que je déclare officielle la mise sur le marché de la nouvelle crème de beauté "Radiance", une crème révolutionnaire avec des ingrédients d'origine naturelle dont l'efficacité dépasse la totalité des soins du visage du marché actuel. A ceux qui se demandent, comment m'est venu l’idée d'un tel produit, je répondrai ceci : Toutes les femmes méritent d'êtres belles ! Radiance va redonner l'éclat aux visages de toutes les femmes du monde ! Plus besoin de se faire étirer, malaxer la peau dans tous les sens ! Plus besoin d'investir dans les formules miracles de ces stars de cinéma dont l'intégrité a été monétisée et qui au final se révèlent inefficaces.

Et quand à celles et ceux qui se demandent combien ce petit miracle coutera dans vos magasins habituels, je vais leur répondre : la crème de soins Radiance ne coûtera non pas 5, non pas 10 non pas 30 mais ... 1 dollar symbolique !!! Oui vous m'avez bien entendu un simple petit billet vert et vous aurez accès au meilleur traitement contre les marques de la vieillesse. Comme je l'ai dit toutes les femmes méritent d'être belles c'est pourquoi Radiance se doit d'être accessible à toutes. Ce prix attractif ne sera en revanche que durant le premier mois de lancement ensuite Radiance verra son prix augmenter légèrement et passer à 3.50 dollars ce qui le rend quand même le moins cher du marché.

Et quand aux sceptiques qui se disent surement qu’un prix aussi bas cache quelque chose, je les invite à prendre un échantillon gratuit et le tester pour éviter de dire autant de bêtises.

La suite du discours fut moins intéressante, Carmen parla uniquement de petits détails qu'elle trouvait sans intérêt puis répondit ensuite aux question des diverses personnes présentes à la réception. Après avoir satisfait la curiosité de tous ses invités, Carmen redescendit de l'estrade pour retrouver Linda. Tandis que certains invités commençaient à partir un échantillon gratuit sous le bras, Carmen demanda à Linda :

Mon discours vous a plu Linda ? Je l'espère en tout cas? Bref je voulais vous demander une chose mais vous êtes libre de refuser : Voilà je trouve que vous êtes la personne la plus intéressante qu'il m'ait été donné de rencontrer dans cette soirée, alors est ce que vous me feriez l'immense plaisir de rester pour que je vous montre un peu les secrets de ma demeure ? Vous pouvez même dormir ici si vous le souhaitez, j'ai une chambre tout à fait confortable avec tout ce qu'il faut. Qu'en dites vous ?

Sujet: Re: Le sens des affaires Sam 22 Mar 2014 - 17:22

Si les informations sur sa vie avaient été passé à l'étude par Carmen, Linda avait commis là une erreur pour le moins grossière. Elle vida donc d'une traite le verre de champagne qu'elle avait à la main pour se changer les idées alors que l'hôte de la soirée l'informait qu'elle était dans l'incapacité d'avoir des enfants.

Oh... Vous m'en voyez désolé, Carmen. Avez-vous déjà songé à adopter ?

Mais la suite de la conversation mis Linda dans une situation encore plus délicate. Aussi, cette dernière ce contenta d'un sourire et d'une petite blague.

Si vous n'avez pas peur de ressembler à Hulk, alors je vous le rappellerai bien volontiers.

Puis, ce fut le "gong" salvateur. L'hôte de la soirée était réclamée pour son discours. Discours qui s'avéra être pour le moins surprenant, notamment à cause du prix de lancement du produit et du prix définitif que Carmen souhaitait lui fixer. Nouvel indice qui, cette fois, titilla l'esprit de la Vi'aan. Pour que le prix soit aussi attractif il fallait que l'ingrédient "secret" soit facilement accessible, en quantité quasi infinie et que personne ne le découvre. Beaucoup de points amenant à une définition non connu des Humains de cet ingrédient.

Lorsque Carmen revint à elle, Linda était perdu dans ses pensées, tentant de savoir ce que pouvait être ce produit. Elle s'en tira en entendant les premières questions de la femme d'affaires.

Ce discours en dit beaucoup sur l'ingrédient que vous désirez garder secret. Pour que le prix soit si attractif il faut que vous n'ayez aucuns soucis avec celui-ci.

D'un sourire, la Vi'aan venait de s'informer sur ce produit si secret. Sourire qui alla en s'accentuant aux compliments suivants de Miss Woods. Compliments accompagnés d'une proposition qui lui permettrait d'en savoir un peu plus sur ce mystère.

C'est avec un grand plaisir que j'accepte votre proposition, Carmen. Pensez-bien que je ne louperai en aucun cas l'occasion de découvrir absolument tous vos secrets !

Linda avait énoncé son dernier propos sur le ton de la légèreté et de l'humour mais comptait bien mettre son affirmation en actes.

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Lorsque Linda annonça qu'elle acceptait la proposition de Carmen, cette dernière ne put s'empêcher d'avoir un sourire presque carnassier. Elle ne voulait bien entendu aucun mal à Linda mais si elle pouvait faire office de nouvelle partenaire alors Carmen en serait plus que comblée car Linda aviat vraiment tout pour lui plaire.

Tous mes secrets ? Vous êtes un grande curieuse dites-moi ! Fort bien, je tâcherai de vous en dévoiler le plus possible car sachez qu'il y a des choses que je préfère garder pour moi-même pour l'instant.

Puis elle mit sa main droite dans le dos de Linda pour la convier à avancer en direction d'une grande porte en bois.

Eh bien commençons la visite très chère.

Derrière la porte se trouvait un long couloir dans lequel se trouvait des dizaines de statues alignées sur les cotés. La pièce baignait dans une lumière étincelante provenant des nombreux lustres en cristal qui pendaient aux plafond donnant un air de galerie des glaces à ce couloir pourtant simplement décoré. Bien entendu les statues étaient les victimes de Carmen qui avaient eu l'outrecuidance de la tromper et qui avaient fini en objets de décoration pour son manoir mais ça Linda n'avait pas à le savoir. Après tout même si elle lui disait la stricte vérité il était peu probable que Linda prenne au sérieux Carmen. La plupart des statues étaient figées dans des expressions assez similaires : certaines avaient des regards de peur, d'autres des regards de défi et tenaient un arme à al main d'autres encore étaient dans des positions plus érotiques.

Toutes les statues que vous voyez là ont été faites par un très bon ami à moi, un artiste dont les œuvres m'ont littéralement transportés si vous voyez ce que je veux dire.

Carmen et Linda continuèrent leur marche vers le fond de la salle, et arrivèrent bientôt vers le fond

Admirez Linda la détermination dans le regard de celle-ci et celle-ci admirez le ... ah oui tiens je ne me rappelai pas l'avoir mise là celle-là.

Carmen commença à être gênée en présence de son invitée car la statue dont elle parlait était celle d'une jeune femme assisse les jambes écartées en train de s'offrir un plaisir solitaire. Cette statue malgré son aspect extrêmement érotique avait beaucoup de valeur pour Carmen car il se trouvait que la personne qui avait été pétrifiée avait voulu l'être de son plein gré. Cette jeune fille dont Carmen était éperdument amoureuse et qui connaissait sa vraie nature souffrait hélas d'une maladie qui la condamnait à l'appel de la tombe. Elle avait choisi volontairement le destin d'une statue plutôt que celui d'une tombe délaissée et envahi par les mauvaises herbes. Carmen avait été extrêmement touchée par cette demande. Pourquoi avait-elle voulu prendre cette position de plaisir charnel, même Carmen l'ignorait.

Veuillez m'excuser, je suis assez confuse mais l'artiste qui m'envoie ses œuvres a parfois un sens de l’érotisme assez poussé. Linda je vous présente la Vénus De Myrhenis, la plus belle pièce de ma collection. Oui je suis sans doute très perverse à aimer cette statue mais si seulement vous connaissiez l'histoire qu'il y a derrière, vous comprendriez. Mais je vous la raconterais une autre fois, passons à la suite.

Carmen poursuivit en montrant la bibliothèque, les quartiers des domestiques puis passa à la salle d'armes.

J'ai là pas mal de vieilles armes antiques qui apparemment valent une petite fortune, j'en ai fait don d'une grande partie au musée de Providence.

La pièce était effectivement remplie d'armes de toutes les époques. Celles-ci étaient posées sur de plaques et des présentoirs divers et variés. Il y en avait de toutes sortes : claymores, hallebardes, fusil à silex ... bref la liste était longue. Carmen prit un petit coffret rangé dans un présentoir pour montrer à Linda sa plus belle pièce. Ses propres armes. Deux magnifiques épées courtes de facture gorgonienne qu'elle avait utilisée pendant la guerre et qui était dans un état remarquable. A priori rien ne distinguait ces armes d'armes humaines sauf le blason au niveau de la garde qui était celui de sa famille mais qu'une humaine lambda ne pouvait absolument pas connaître.

Elles vous plaisent ? Figurez-vous que je m'entraîne tous les jours avec ses armes. Oh je sais c'est un peu bizarre mais que voulez-vous, c'est dans ma nature.

Bien qu'elle continuait à manier ses armes fétiches, Carmen n'avait plus taillader la chair d'un ennemi avec depuis très longtemps et cela lui manquait un peu. Mais elle doutait que Linda Parsten lui offre un duel d'armes blanches même pour s'amuser.

Sujet: Re: Le sens des affaires Ven 28 Mar 2014 - 20:02

La prise en main de la visite par Carmen fit l'effet d'une tempête à la jeune blonde. Peut-être était-ce là le contact de ladite main sur la peau de son dos dont la robe échancrée laissait une parfaite descente et l'ouverture à toutes les élucubrations. La robe retrouvait une touche de vert une petite dizaine de centimètres au dessus de la croupe féminine.
Oui, c'était définitivement ce contact physique qui procura à Linda l'effet d'une tempête emmenant au loin chacun des sordides détails qui avaient accaparé son esprit ce dernier mois.

Avec grand plaisir, Carmen.

Le couloir que la maîtresse du lieu lui présenta paru étrangement familier à la Vi'aan. Comme si elle avait déjà traversé ce même couloir plusieurs années plus tôt mais les explications de sa nouvelle guide lui firent rapidement oublier ce sentiment dont la signification avait disparu de son esprit depuis plusieurs milliers d'années. Le sourire était sur les lèvres de la Vi'aan, un sourire franc et empli d'une curiosité presque enfantine et, étrangement, cela la mis mal à l'aise.

Linda s'arrêta donc devant une statue représentant un homme au regard effrayé bien plus vrai que nature, peut-être même trop vrai pour l'être. Ce détail échappa à l'affût, bien en berne ce soir-là, de la Vi'aan. Son regard se portait en réalité à plusieurs lieux de là, sur un voile grisâtre recouvrant une partie de sa mémoire qu'elle ne parvenait pas à atteindre.

Pourquoi je n'arrive pas à me souvenir... ?

Un murmure que Carmen n'avait surement pas entendu, plongée qu'elle était dans ses explications toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Rapidement, Linda secoua la tête pour éloigner cette impression de perte qui l'emplissait petit à petit et se retourna vers son hôte. Un nouveau sourire en travers du visage, plus travaillé, plus méticuleusement présenté, plus faux que le précédent.

Je tiens absolument à ce que vous me présentiez cet artiste, Carmen. Il pourrait faire de merveilleuses choses à mon intérieur.

Bien sûr, continuons.

Carmen l'avait interrompue dans son début de conversation en annonçant la suite de la visite comme si elle était pressée. Soit de lui montrer la suite, comme elle le laissait supposer, soit de quitter ce couloir. La bibliothèque retint Linda un peu plus que Carmen qui ne semblait pas passionner par les mystères qu'elle contenait. Un regard suffit pourtant à la Vi'aan pour se retrouver plonger dans un passé non si lointain durant lequel elle se plaisait à lire chaque livre lui tombant sous la main. Ainsi, alors que Carmen quittait déjà la pièce, la jeune femme se promit d'y repasser dans la nuit. Ou le lendemain... En fonction de comment se déroulerait la suite de la visite.
En parlant de suite, Linda, tout comme Carmen visiblement, n'eut pas une grande passion pour le quartier des travailleurs de l'Américaine. Elles passèrent donc cette zone bien rapidement pour arriver dans une salle d'armes. Et là...

Là, ce fut le choc ! Les armes présentes dans la pièce représentaient, en grande partie du moins, les armes qui avaient accompagné Linda durant son "exil" parmi les Humains durant trop d'années. Une larme perla à son œil droit, pouvant laisser penser à une admiration et un émerveillement sans bornes, ce qui n'était en réalité pas le cas. Il s'agissait d'une larme emplie de peine et de désillusion. Elle comprenait qu'elle n'avait passé que trop de temps à se cacher, se cacher du monde comme d'elle-même. S'entraînant au maniement d'armes humaines dont elle n'avait d'utilité que l'amusement momentané de cet art et la focalisation sur des problèmes irréels et bien en désaccord avec les réels enjeux de son devoir.

Son regard, dans un instant d'attention aux paroles de Carmen, se porta sur les deux lames qu'elle lui présentait et plus précisément sur le blason. Un blason qu'elle connaissait et qu'elle pensait ne jamais revoir, oublié dans les limbes d'un passé qu'elle seule semblait avoir vécu, comme si tout n'était qu'un délire de son esprit... Jusqu'à cet instant du moins.

Je connais ce symbole...

Le symbole fut comme la clé qui permit à Linda d'enfin ouvrir les yeux sur la réelle identité de son hôte. Les statues plus vraies que natures, l'élément secret permettant un ralentissement du vieillissement, les lames : tout menaient à la même conclusion. Et la réaction ne se fit pas attendre, elle attrapa les deux lames les plus proches d'elle pour aller se placer ensuite un peu plus au centre de la pièce alors que la bête qu'elle était commencé à se montrer, la présence de griffes à ses doigts, l'élargissement de son iris ainsi que la naissance de crocs dépassant allègrement la limite de ses lèvres assez rapidement.

C'est le blason de la maison Terenas, tu es une gorgone !

Finalement, apprendre à manier des armes humaines fut salvateur. Elle n'aurait pas à détruire l'entièreté de la maison qui l'abritait. Sa position était prise, la Vi'aan était prête pour le combat à venir.

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Alors qu'elle regardait les lames de Carmen dans son coffret, Linda eut une réaction bizarre pour la gorgone. C'est comme si elle essayait de se souvenir de quelque chose profondément enfoui dans sa mémoire et qu'elle ne parvenait pas à se rappeler.

Quelque chose ne va pas Linda ?

Puis soudain, l'expression de son visage changea radicalement, c'était comme si il s'était enfin souvenu de quelque chose d'important. Ensuite tout alla très vite, Linda s'empara de deux Kukris posés sur un présentoir et fit face à Carmen en position de garde mais ce ne fut pas tout, son apparence semblait avoir changée elle aussi, une apparence plus bestiale, plus sauvage.

C'est le blason de la maison Terenas, tu es une gorgone !

Devant ces paroles, Carmen en resta sidérée et ne put balbutier que par réflexe :

Quoi ?! Mais..non, qu'allez vous donc inventer là ? Je ne suis pas ...

Mais plus Carmen réfléchissait, plus tout devint clair pour elle également : son invitée n'était pas plus humaine qu'elle. Et en y regardant bien Carmen perçut les détails sur le corps de Linda qui révélait sa sa vraie nature : des griffes naissantes au niveau de ses doigts, des crocs et un iris beaucoup plus large que les humains. Les indices ne laissaient aucune place au doute, Linda Parsten était une Vi'aan.

Oh et puis à quoi bon jouer cette ridicule comédie encore longtemps ! Vous m'avez démasquée Linda, Bravo ! Je suis effectivement une gorgone de la maison Terenas !

Et elle rajouta :

Mais vous n'êtes pas plus humaine que je ne le suis n'est ce pas Vi'aan ?

Carmen voulait également faire comprendre à Linda qu'elle aussi avait percé son déguisement à jour. Mais malgré le fait qu'une puissante Vi'aan en position d'attaque se trouvait dans sa salle d'armes, elle n'en fut pas effrayée bien au contraire,; elle souriait.

Permettez-moi de me présenter à nouveau : je suis Myrhenis Terenas, héritière de la maison Terenas et membre de la caste marchande de Sybaros. Enchantée de vous rencontrer noble Vi'aan.

Pour autant elle n'avait pas encore dévoilé sa véritable forme à Linda, elle voulait attendre le bon moment pour surprendre son adversaire. Elle sortit les lames de son coffret et dit :

Voyez-vous Linda, j'ai bien peur que vous n'ayez commis une terrible erreur en découvrant ma véritable nature, dommage vous auriez fait une excellente amante, mais hélas vous avez choisi votre destin ...

En un instant, Carmen se métamorphosa et adopta sa forme de gorgone pour combattre contre Linda. Sa longue chevelure se transforma en de nombreux serpents agités et désireux de planter leurs crocs dans la chair de Linda, ses jambes fusionnèrent et devinrent une longue queue reptilienne, sa peau devint écailleuse et brillante reflétant les lumières des lustres de la salle d'armes.

... celui de finir en trophée dans mon salon !!!

Carmen ou plutôt Myrhenis se mit elle-même en garde, ses yeux croisant ceux de Linda

Je pourrais vous changer en pierre tout de suite mais j'ai dans l'idée que ce duel serait plus intéressant si je m’abstenais de vous pétrifier séance tenante. En garde Linda Parsten !!

A ces mots Myrhenis glissa vers Linda et effectua une passe avec ses lames dans le but de briser la garde de son adversaire. Le duel pouvait enfin commencer.

Je suis Dyolan, la fureur dévorante des champs de bataille de la Grande Guerre. La maison Terenas a de nombreuses fois assisté à ma puissance, pensez-vous réellement pouvoir me vaincre Myrhenis ?

Durant sa présentation, la Vi'aan avait un instant cherché à se présenter sous son véritable nom aussi. Le souci étant qu'elle ne parvenait pas à s'en souvenir, ce détail la perturba plus que de raison puisqu'elle comprenait ainsi qu'elle avait été victime des sirènes et que son passé n'était pas seulement celui dont elle se remémorait.

Bien qu'elle tenta de se défaire de cette découverte, son esprit se joua d'elle pour ne pas se focaliser sur le combat mais plutôt sur ce qu'il lui manquait. Aussi Linda ne fut-elle pas totalement à ce combat qui s'annonçait.

Nous allons voir cela tout de suite, Myrhenis.

Dans la voix de la Vi'aan, un aplomb était présent qui était malheureusement absent de tout le reste. Ses mouvements n'étaient plus aussi nets, ses sens plus aussi éveillés et la frontière entre humain et vi'aan commençait à s'estomper beaucoup trop.

Alors que les lames de la Gorgone frappaient celles de la Vi'aan, cette dernière recula d'un pas pour prendre un meilleur appui dans sa contre-attaque consistant à passer dans le dos de la gorgone après avoir feinté deux fois sur la droite de son adversaire. Et pourtant, elle ne profita pas de l'ouverture qu'elle venait de s'offrir... Son esprit était revenu au voile blanchâtre qu'elle avait entraperçu quelques fois déjà sans y prêter grande attention.

Qu'était donc ce voile ?

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Ainsi le véritable nom de la Vi'aan était Diyolan et elle disait connaître extrêmement bien la maison Terenas, sa propre maison. Mais comment était-ce possible ? Elle ne se souvenait d'aucune histoire impliquant sa famille et une Vi'aan. Ce qui était encore plus bizarre c'est que Linda ou plutôt Diyolan semblait ne pas être totalement concentré dans son combat contre Myrhenis. Comme si elle avait l'esprit embrumé par quelque chose. La preuve, elle ne se transformait même pas totalement pour terrasser aisément la gorgone. A quoi jouait-elle ? Cela ne pouvait signifier que deux choses, soit elle était trop confiante, soit elle était trop faible, dans les deux cas, Myrhenis était quasiment sûre de l'emporter.

Alors que les attaques rapides de la gorgone enfonçait peu à peu la défense de la Vi'aan, qui n'utilisait que des feintes et des parades depuis le début du combat, Myrhenis exploita une feinte de son adversaire. Elle glissa sa queue derrière les pieds de Linda, attendit le bon moment et s'enroula autour d'elle, tel n'importe quel serpent constricteur face à sa proie. La gorgone enserrée ainsi bloquait tous les mouvements de la Vi'aan mais elle ne voulait pas l'étouffer tout de suite. Elle voulait jouer encore un peu avec sa proie.

C'est donc ça la légendaire force des Vi'aans ? Je m'attendais à mieux de votre part Diyolan !!

Il est vrai que la Vi'aan n'avait aucunement cherché à emporter ce combat à tout prix alors que c'est pourtant elle qui en avait été l'instigatrice. En voyant le visage de Diyolan enserrée dans ses anneaux, Myrhenis eut presque de la pitié pour cette pauvre créature.

Vos exploits lors de la Grande Guerre sont depuis longtemps révolus Vi'aan !! Regardez-vous, vous êtes désespérément surclassée !! Vous n'êtes plus une Vi'aan juste une humaine un peu plus coriace que les autres !!

En disant cela, Myrhenis souhaitait réveiller Diyolan, si cette dernière voulait combattre alors il fallait réveiller la puissante créature qui dormait en elle, lui faire prendre conscience que son humanité avait beaucoup trop pris son ascendant sur elle.

Vous auriez du passer un peu plus de temps à affuter vos aptitudes au combat et un peu moins à jouer la petite femme d'affaires parfaite en dandinant du cul, Vi'aan. Moi aussi j'ai une apparence humaine mais contrairement à vous je n'ai pas oublié d’où je viens ni qui je suis.

La gorgone sourit et ajouta :

Alors que vais-je faire de vous ? Vous empailler dans mon salon ? Vous changer en pierre pour décorer mon jardin ? Vous faire rôtir pour le déjeuner de demain peut être ? Tant de choix possibles.

La fatigue du maintien de cette demi-forme avait atteint la Vi'aan. Elle devrait choisir très rapidement, se transformer et dévoiler à tous la vérité sur l'existence d'autres races que les Humains ou reprendre sa forme humaine et mourir.
Les paroles de la Gorgone percèrent rapidement la défense de la Vi'aan, bien plus que les lames quelques secondes plus tôt. Elle avait raison... Elle était devenue faible, trop longtemps elle avait oublié sa véritable nature pour vivre parmi les Humains, vivre en sécurité. Une fausse sécurité...

Vous avez raison Myrhenis, je suis devenue faible. J'ai oublié d'où je venais et je ne m'en souviens toujours pas. Mais je me souviens de cela : Je. Suis. Une. Vi'aan !

Bien sur, de simples mots ne suffiraient pas à la faire rester en vie et même si elle avait compris qu'elle n'était pas Diyolan, pas seulement du moins, elle se devait de survivre pour son peuple disparu. Aussi fit-elle un choix. Un choix qu'elle aurait du faire vingt mille ans auparavant. Son corps, sous la pression de celui de la Gorgone, ne pouvait lui permettre quelconque manœuvre d'évasion aussi Linda se contenta-t-elle d'un coup appris des Humains. Un coup de lâche pour certains trop bouffis d'honneur, un coup de survivants pour les autres. Elle prit de l'élan en reculant son cou au maximum avant de revenir plonger la tête en plein sur le visage de Carmen.
Bien que ce geste soit parfaitement humain -elle n'avait jamais vu personne le mettre en oeuvre lors de la Grande Guerre-, ce n'était pas Linda Parsten l'humaine qui se battait désormais mais bien Diyolan la mère des Vi'aans. Son corps céda d'ailleurs sous le choc de la transformation qu'elle n'avait plus entrepris depuis plusieurs milliers d'années, libre de l'entrave de la Gorgone, Diyolan se libérait à présent de son humanité. De l'apparence humaine, il ne restait déjà plus rien. Les dagues gisaient au sol alors qu'un animal ressemblant vaguement à un loup se tenait à quatre pattes entre les deux et l'animal ne cessa de grandir et de changer. La Vi'aan était là et elle sentait les pierres de la demeure s'effondrer autour d'elle jusqu'à ce qu'elle atteigne sa taille réelle.

Cette fois le combat pouvait réellement débuter.

Fais-moi face, Gorgone !

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Enserrée telle qu'elle était entre ses anneaux, la pauvre petite créature répondant au nom de Diyolan n'en aurait plus pour longtemps. Myrhenis devrait se contenter d'une piètre victoire sur une soi-disant puissante Vi'aan. A tel point, qu'elle se demandait si ce n'était pas plutôt la stupidité et l'orgueil de ces créatures qui étaient légendaires.

Cependant Myrhenis avait célébré sa victoire trop tôt car le réveil de Diyolan qu'elle n'espérait plus se produisit finalement. Après avoir clamé haut fort qui elle était, elle asséna un violent coup de crâne à Myrhenis qui recula laissant tomber ses armes au sol en proférant ce qui lui vint en premier à l'esprit.

Sale petite pute !!!

Myrhenis le nez en sang, vit sa prisonnière adopter sa véritable forme. Diyolan gagna bien vite en taille, elle devint si grande qu'elle abima la décoration et le mobilier autour d'elle. De l'humaine qu'elle avait eu sous les yeux quelques instants plus tôt, il ne restait plus qu'une grande et majestueuse créature à l'apparence de loup qui se dressait fièrement sur ses quatre pattes.

Il t'aura fallu du temps pour te transformer Vi'aan, je craignais que vivre parmi les humains pendant trop longtemps t'avait fait perdre totalement la mémoire sur comment te transformer.

Bien qu'elle avait sous les yeux un adversaire 10 fois plus imposant qu'avant, Myrhenis ne put s'empêcher de sourire. Voilà exactement ce qu'elle voulait, un grand combat avec une véritable Vi'aan et pas une stupide petite humaine faible et amoindrie. Cependant elle vit rapidement que ses armes se trouvait au pieds de Diyolan et que celle-ci n'allait surement pas les lui rendre gentiment. il fallait trouver autre chose. Myrhenis appuya sur un bouton situé près d'une vitrine pour dévoiler d'autres présentoirs d'armes dont la grande majorité n'était pas de facture humaine.

Défi accepté, voyons ce que tu vaux véritablement ma belle !

A ces mots, Myrhenis se saisit d'un harpon Naga sur sa droite, ceux là même dont ces féroces créatures marines se servaient pour dresser leurs hydres de combat. Et croyez le ou non mais faire face à un harponneur Naga rend généralement quasiment nulle vos chance de survie -Bon sauf si on s'appelle Sihat Gentien évidement-. Les harpons Nagas ont la particularité d'avoir une lame crantée spécialement faite pour entailler profondément la chair et infliger les pires blessures possibles, et tout particulièrement lorsqu'on les retirait de l'endroit où il étaient plantés. Myrhenis telle la créature reptilienne qu'elle était lança avec la rapidité d'un cobra, deux harpons avant de s'équiper d'un éviscérateur gnoll. Une longue lame à deux mains crantée elle aussi dont les Hache-Trippes avait fait leur spécialité pendant la guerre. Elle s'élança vers son adversaire en criant.

Montre moi ta puissance Diyolan !!!

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Le véritable combat commença enfin mais pour Myrhenis, terrasser la Vi'aan sous sa véritable forme n’allait pas être des plus aisées. En effet, celle-ci venait de repousser les harpons Nagas d'un simple coup de patte sans subir la moindre éraflure. Malgré le fat que la pièce était trop petite pour son imposante stature, Diyolan se défendait remarquablement bien tout en griffes et en crocs. A chaque fois que Myrhenis pensait trouver une faille dans la défense de son adversaire, celle-ci ripostait férocement.

Les heures passèrent, la salle d'armes devint de plus en plus ravagée par les combats de même qu'un bonne partie des pièces avoisinantes. Les deux adversaires se faisaient toujours face. Elles semblaient avoir la même force, la même détermination, elle s'étaient même infligées le même nombre de blessures l'une et l'autre. La fatigue commençait à les gagner.

Myrhenis se rendit compte d'une chose cependant au cours du combat. Elle aussi était similaire à la Vi'aan dans le sens où elle ne se battait plus aussi bien que dans ses souvenirs de la guerre de l'Accord. Elle aussi s'était trop humanisée même si elle avait sans doute moins délaissée sa véritable forme que Diyolan. Cependant au cours du combat la Vi'aan semblait avoir retrouvé ses marques et ses anciennes techniques, au contraire de Myrhenis. Elle finirait par l'avoir à l'endurance.

A un moment du combat Myrhenis, regarda la Vi'aan dans les yeux, et elle lâcha son arme pour tenir son épaule qui avait été mordue par la Vi'aan. Elle était fatiguée, elle n'en pouvait plus, elle n'avait plus la force de continuer à se battre. Elle attendit donc en silence dans le jardin autour de ses statues, que Diyolan la terrasse en signe de victoire. Elle ferma les yeux attendant l’exécution.

J'arrive mes frères et sœurs ...

Si la Vi'aan avait dû jurer ce combat sur une victoire, elle n'aurait pas parier sur la sienne, ses aptitudes étaient plus qu'oubliées, mais visiblement le dicton disant que le vélo n'était pas la seule chose à revenir était vrai.
Bien sur, le fait de combattre un ennemi autre qu'un humain armé rudimentairement était bien différent que dans les souvenirs de Diyolan, il s'agissait alors de réflexes de combat bien plus travaillé que quelques pas de danse sur deux jambes humaines. Les cœurs de la Vi'aan battaient à l'unisson, lui permettant ainsi de garder le rythme d'un combat qu'elle n'aurait pu mener sous son autre forme.

Evidemment, lorsque la gorgone lâcha ses armes, la réaction première de Diyolan fut de l'achever en sectionnant son corps en deux d'un coup de mâchoire bien placé. Pourtant, et malgré le fait qu'elle soit à l'extérieur et donc sous le regard de plusieurs humains, Diyolan redevint Linda, la frêle jeune femme à peine plus grande que les statues l'entourant et tendit la main à Myrhenis.

Je crois qu'ils devront t'attendre encore un peu, Myrhenis. L'heure du Retour a sonné alors... Pourquoi nous battons-nous tel deux enfants voulant attirer l'attention de parents absents ?

Sa nudité ne semblait pas la gêner, le soleil commençait à se lever, la chaleur de la matinée ne tarderait pas à suivre. La décision de la Vi'aan était prise.

J'ai juré d'aider au Retour des Peuples, pas à leurs destructions. Je suis Diyolan, Mère des Vi'aans selon les vieilles légendes Gnolles pourtant, je ne sais pas où est mon peuple... Je ne veux pas être celle qui fera passer la mémoire des Vi'aans à un peuple de destructeurs. Je suis Linda Parsten, femme à la tête d'une entreprise mondiale que j'ai monté afin que ce jour ne soit pas le dernier de notre Terre.

Elle soupira, une fois, en baissant la tête. Elle n'avait pas fait cela depuis une éternité.

Myrhenis Terenas, Carmen Woods, m'accorderas-tu ton aide ?