[Sadjikistan] L'or noir n'apporte pas que la richesse

Sadjikistan, puissance économique en plein essor grâce à un lac de pétrole encore vierge de toute profanation sous ses terres. Les différents sites de pompage de la matière tant prisée allaient bon train, produisant encore et toujours sans voir la fin de leur "miracle" approcher.

Mais revenons en plutôt à l'origine de ce lac souterrain pétrolier. Et pour cela, il faut revenir quelques mois avant la rédaction de l'Accord par les Anciens.

Norus vof dikj. Ohes valam Westeros ?

Autour de Sihat se trouvaient neufs personnes. Chacune de ses personnes en appelant à toute leur puissance pour maintenir l'Ancien dans une position figée depuis environ une heure. Le prisonnier savait pertinemment qu'ils ne pourraient plus tenir bien longtemps et ce petit jeu l'amusait au plus haut point. Il fallait dire qu'il en avait déjà tué plusieurs de cette manière. La fatigue pouvait être fatale pour un opposant de Sihat, sa tunique pouvait en témoigner. Sous les différentes couches de sang séchées de ses frères on pouvait encore discerner quelques restes du blanc pur des tuniques de ceux censé guider les autres.

Sihat perasmor bolii.

Les trois mots prononcés simultanément par les 9 Anciens choquèrent Sihat, laissant le cercle mettre sa menace à exécution : une prison mental séparant l'esprit de l'Ancien de son corps. Le moment qui suivit fut, pour Sihat, une bataille comme il n'en avait jamais mené pour revenir à lui. Mais il prit trop de temps pour cela et se réveilla seulement au moment où le liquide noir venait engloutir le bois de la cage dans laquelle il avait été enfermé. Une cage faite à partir du premier arbre.

Beray valos kihg !

Ce fut donc dans ce lac souterrain découvert par les dirigeants du Sadjikistan que Sihat fut enfermé. Et il était donc la raison d'une présence si importante du pétrole dans cette région, ses frères avaient réussi à rediriger les écoulements naturels pour les réunir ici. Et quoi de mieux qu'une foreuse pétrolière pour briser le bois de l'arbre originel qui enfermait notre ami depuis bien longtemps maintenant.

Sihat put alors respirer à nouveau. Non pas que cela lui avait manqué... Mais tout de même ! Il resta d'ailleurs quelques minutes à inspirer et expirer l'air qui suivait la foreuse qui s'était arrêté en percutant la prison de bois. Comment un objet si primitif avait-il put détruire ce que lui même cherchait à fissurer depuis tant de temps ? Il répondrait à cette question plus tard.

L'Ancien posa la main gauche sur le métal et se laissa glisser le long de ce guide vers la surface sous la forme d'un simple courant d'air. Il reprit forme humaine une fois sur la plateforme, derrière quelques personnes équipées de casques pour le moins ridicule et en pleine conversation dans une langue que Sihat ne comprenait pas.

Pourquoi la foreuse s'est arrêtée ? On a percuté quelque chose ? Relan...

Un filet de sang jaillit de sa bouche en lieu et place des mots que l'homme avait voulu prononcer. Lorsque ses collègues se tournèrent pour voir ce qui lui arriver, ils ne virent qu'un cadavre gisant au sol et dont l'arrière du crâne semblait avoir été littéralement perforé.

L'affolement se propagea rapidement dans le groupe d'ouvriers et tous s'enfuirent vers... vers n'importe où apparemment ! Sihat n'eut alors aucun mal à les tuer, non sans un certain plaisir. Il en envoya un dans le trou créé par la foreuse, le laissant se faire broyer par l'outil alors qu'il s'avançait vers sa prochaine victime à qui il arracha le bras droit afin d'en battre un troisième à mort avec ce même bras.

Lorsqu'il n'en resta qu'un, grelottant de peur recroquevillé dans un coin de la plateforme, Sihat s'approcha de lui, un sourire ravi tranchant son visage. Il s'accroupit alors en face de l'ouvrier.

N'ai pas peur de moi. Je n'ai qu'une question à te poser : "Où sont mes frères ?"

Parler cette langue lui laissait un goût pâteux dans la bouche, mais si il fallait en passer par là pour se faire comprendre aujourd'hui, alors il avait bien fait d'absorber les connaissances de sa première victime. Voyant que l'ouvrier sous ses yeux était à présent paralysé de terreur, l'Ancien perdit son sourire.

Bien. On va faire ça à ma manière alors.

Et il plongea la main dans le crâne de la nouvelle victime, visionnant ses souvenirs comme si il s'agissait d'un simple film. Film ennuyeux au passage. Il ne trouva pas la réponse qu'il cherchait et retira donc sa main du corps à présent sans vie du dernier ouvrier avant de quitter la plateforme. Si il n'y avait rien ici alors qu'il fouillerait dans la ville la plus proche. Et si ça ne suffisait toujours pas il fouillerait la suivante et la suivante et celle qui suivrait encore, après tout, il avait tout son temps.

Marcher. Une chose totalement abstraite pour un être tel que Sihat mais qu'il appréciait pourtant pleinement. Et encore plus après son emprisonnement. Il marchait depuis maintenant quelques heures lorsqu'il aperçu finalement un regroupement de bâtiments qui étaient sans nul doute des habitations.

Il eut presque cela en regret. Il devrait bientôt cesser de marcher en admirant ses futures terres. Quelques réaménagements étaient nécessaire pour revenir à quelque chose de plus naturel mais l'espace en lui-même le permettrait facilement, son sous-sol encore plus. Il ne manquait à Sihat que la puissance qu'il avait perdu. Mais il verrait le tout plus tard. Pour le moment, la ville dans laquelle il arrivait. Le panneau indiquait "Sadji".

Drôle de nom pour un tas de briques.

Un reniflement comme pour retirer une poussière venu se coincer dans ses narines et Sihat reprit sa marche.

Je savais bien que ces incapables laisseraient tout partir en catastrophe.

Les souvenirs de l'ouvrier qu'il avait tué un peu plus tôt le guidèrent jusqu'à l'un des bâtiments de plusieurs mètres de haut, les gestes quotidiens de l'homme arrivèrent alors : tirer la porte de l'entrée, monter les escaliers jusqu'au quatrième palier, s'enfoncer dans le couloir, sortir la clé de sa poche droite, l'insérer dans la serrure, la tourner deux fois vers la gauche et tourner la poignée pour ouvrir la porte. Sihat, lui, se contenta d'ouvrir la porte en tournant la poignée jusqu'à ce qu'un craquement se fasse entendre et que ladite porte pivote sur ses gonds et il entra dans la pièce mal éclairée qui s'offrait à lui. Les meubles étaient loin d'être de bonne facture, le bois ne ressemblait plus à rien et l'odeur qui s'en dégageait était celle de la merde en boîte. Il s'aventura alors un peu plus avant dans l'appartement pour découvrir une cuisine dissimulé derrière une nouvelle porte à laquelle il n'eut pas besoin de faire subir le même sort qu'à la précédente.

Tu rentres plus tôt que d'habitude, que se... Mais qui êtes vous ?

La femme. Il l'avait vu dans les souvenirs volés elle aussi. Le premier mot qui vint à l'esprit de Sihat en la voyant de ses propres yeux et non pas de manière magnifié par des souvenirs amoureux ne fut absolument pas "Jolie !".

Yurck. Que vous êtes laide.

La femme n'était ni mince ni jeune, elle ressemblait plutôt à la petite ménagère en surpoids qui n'osait pas se l'avouer et qui s'habillait de rideaux à carreaux cousus avec des flanelles. Le tout relevé d'un tablier taché et d'une coiffure, si on pouvait qualifié l'amas de cheveux désastreusement ignoré depuis des années comme tel, à faire pâlir le plus noble des chimpanzés.

Sihat tira une chaise pour s'installer à la petite table de la pièce, un sourire annonçant "Si vous ne m'obéissait pas au doigt et à l'oeil, je vous arracherai les entrailles et vous les ferez manger avant de vous arracher un bras pour vous battre avec jusqu'à ce que vous soyez aux portes de la mort et de vous jeter par la fenêtre." dessinait sur le visage.

Faites moi à manger, Yolène.

C... Comment connaissez-vous mon nom ?

La peur était partout sur la femme : dans ses paroles, dans son regard, dans l'odeur qu'elle dégageait, absolument partout. Sihat se leva, les traits bien loin du sourire qu'il arborait précédemment, et s'approcha de la femme de l'ouvrier à qui il attrapa la main droite.

Ne posez pas de questions, Yolène, ou votre poignet sera le dernier de vos soucis.

Mon poignet ?

A la question, Sihat brisa le poignet de la femme et retourna s'installer.

Il va être plus compliqué pour vous de vous mettre aux fourneaux maintenant, quel dommage.

Les pleurs de Yolène arrivaient presque à recouvrir le bruit de la viande grillant dans la poêle. Les doigts de Sihat pianotaient sur la table abîmée, attendant que la femme termine son travail. Le regard de l'ancien se promena dans la pièce, comparant les souvenirs de l'ouvrier à ce qu'il voyait il ne put s'empêcher de rire. Tout était si terne, si gris, si moche !

Un grognement. Voilà qui lui fit baisser le regard vers la petite chose poilue qui grognait caché sous la table.

Qui avons-nous là ? L'animal de compagnie.

Un aboiement en réponse et voilà que Sihat attrapa le chien pour le poser sur ses genoux.

Avez-vous bientôt fini Yolène ?

Ou... Oui. Mais ne faites pas de mal à Barnabé. Vous... Vous ne lui ferez pas de mal, hein ?

Les caresses de Sihat sur la tête du dénommé "Barnabé" se firent alors plus proche de l'appui pur et simple dans le but de provoquer une douleur irrépressible chez l'animal de compagnie qui se mit à gémir de douleur. Aucun mot ne fut nécessaire pour faire comprendre à la pauvre femme qu'elle avait en face d'elle quelqu'un qui n'aimait pas qu'on lui désobéisse. Aussi termina-t'elle le plus rapidement qu'il lui était désormais possible la cuisson de la viande qu'elle servit à Sihat avant de tenter de maladroitement reprendre son chien. Chose qu'elle ne parvint pas à faire.

L'ancien ne prit pas affection de cette malheureusement tentative et poussa la chaise qui se trouvait en face de lui.

Ne soyez pas impolie, Yolène. Asseyez-vous, vous êtes chez vous après tout.

La femme ne se fit pas prier pour se laisser tomber sur la chaise qui émit un douloureux craquement sous l'effet de chute, à moins qu'il ne se soit agit du cou de Barnabé sous la pression exercé par Sihat. Le corps de l'animal tomba alors sur le sol dans un bruit sourd qui tira un cri d'horreur à Yolène pendant que l'Ancien commençait à découper un morceau de viande qu'il enfourna rapidement dans sa bouche. Il profita pendant plusieurs secondes le goût de son premier repas, fermant les yeux afin de tenter de se souvenir de son dernier repas. Une fois qu'il eut enfin avalé le morceau de viande, il rouvrit les yeux sur une Yolène en pleurs.

Délicieux ! Je n'avais rien mangé depuis plusieurs milliers d'années. Bien qu'il manque un petit quelque chose tout de même... Enfin ! Pour une première vous vous en tirez très bien, très chère. Cessez donc de pleurer, vous venez de vous offrir un sursis.

Vous êtes un monstre ! Que me voulez-vous ? Pourquoi vous êtes ici ?

La colère se ressentait dans les paroles de la ménagère. Mais le plaisir de Sihat avait disparu et son visage n'affichait plus le plaisir qu'il avait ressenti en mangeant. Il n'affichait désormais plus que l'ennui provoqué par une femme posant trop de questions. L'ancien se leva tout en attrapant Yolène par le cou pour lui faire percuter de plein fouet le plan de travail de la cuisine.

Je vous avais pourtant prévenu, Yolène. Aucune question.

De sa main libre, Sihat attrapa un ustensile de cuisine au bout arrondi, une cuillère selon les souvenirs qu'il avait absorbé à l'ouvrier, encore un nom ridicule pour un objet tout aussi futile. Il l'enfonça néanmoins dans l'oeil droit de la femme apeurée qui poussa un cri de douleur à en faire trembler les verres et les vitres.

Ce cri ne dura pas bien longtemps puisqu'en plein milieu, Sihat envoya la femme au travers de la fenêtre vibrant encore.

Lorsqu'il retourna pour s'asseoir et finir son assiette, un gémissement attira son attention au pied de la chaise. Barnabé était toujours en vie.

Tu veux la rejoindre ? Comme tu veux. Au revoir, Barnabé.

Il envoya l'animal gémissant de peur rejoindre sa maîtresse quatre étages plus bas. L'ancien pouvait désormais terminer son repas sans être dérangé. Une chose qu'il devrait certainement faire plus souvent dans ce monde emplit de sous-espèces perdues dans leurs folies et leurs pseudos-croyances.

Sihat prit tout son temps pour terminer le simple morceau de viande. Il dégusta jusqu'à la dernière goutte présente dans l'assiette. Et il laissa le tout sur place en quittant l'appartement dont il laissa la porte grande ouverte. Après tout, qu'avait-il à craindre d'un groupe de chimpanzés ne connaissant pas encore son existence. Mais ce détail allait changer très bien.

Première étape : trouver la dénommée Maman Natasha.
Deuxième étape : la torturer.
Troisième étape : la tuer.
Quatrième étape : détruire cette horrible tour qu'elle fait construire.

Peut être pas dans cet ordre, en fait. Les souvenirs de l'ouvrier lui apportait finalement quelques éléments véritablement amusant. Une femme ayant pris le pouvoir sur tout un peuple, peut être qu'il la garderait en jouet en fin de compte. Il faudrait compter sur sa capacité à le divertir et à être intéressante.

Sihat était dans la rue, en marche vers la tour en construction, lorsqu'il remarqua que la nuit était arrivée. Il s'arrêta alors un instant pour admirer le voile étoilé et confirmer le ressenti d'un lien se brisant lors de son emprisonnement. Il n'y avait qu'une lune dans le ciel.

Je te ramènerai Melenos.

Un chuchotement. Une promesse à lui-même. Ou alors simplement une future lubie. Sihat reprit donc une marche rythmée par les souvenirs qui lui servaient de guides. Il avait presque l'impression de véritablement connaitre cette ville. Une véritable reprise en main durant les derniers mois. Comme si quelque chose de plus était arrivée aux Hommes. Peut-être même était-ce lié à ce son strident qu'il avait entendu quelques temps avant sa libération. Mais rien n'était moins sur.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter le sur-élèvement du sol pour en rejoindre un autre, un crissement sur sa droite attira son attention, un tas de métal et de verre le percuta de plein fouet. Malgré sa qualité d'ancien, le choc sonna Sihat alors que le métal formait rapidement un étau autour de lui. Ainsi les Hommes souhaitaient l'enfermer à nouveau ? L'ancien secoua la tête pour se remettre du choc et déposa les mains sur le métal l'entourant, y infusant un infime quantité de son énergie. Assez pour faire chauffer le tout et atteindre le moteur cachait en dessous ce qui ne manqua pas de provoquer une explosion dudit moteur. L'Ancien fut soufflé quelques mètres plus loin, ce qui l'empêcha de voir un second tas de métal s'arrêter et vomir un groupe d'Hommes tenant chacun ce qui ressemblait vaguement au croquis d'une arme à élément.

Lorsqu'il se releva, les chimpanzés l'entouraient comme si ils pensaient pouvoir l'arrêter. Leurs jouets pointés dans sa direction, visiblement, et l'un d'eux lui lança une suite de mots que l'Ancien ne comprit pas, bien qu'il reconnut la langue qu'il parlait depuis quelques heures. Vraisemblablement, l'aide de l'ouvrier s'arrêtait ici en ce qui concernait la compréhension des mots.

Sihat s'avança vers le chimpanzé le plus offusquant qui continuait à lui hurler différents ordres, ou du moins ce qui ressemblait à des ordres d'après sa position et son regard. Il fit feu lorsque l'Ancien se trouva à moins de trois pas de lui. Ce qui, étrangement, apporta un certain chatouillement à la "victime". En un autre temps, si il ne venait pas juste de sortir de sa cage, il en aurait même rit avant de tuer le responsable de l'affront et offrir aux autres soldats de rejoindre ses rangs ou de subir le même sort que leur ancien supérieur.

Il se contenta de plonger la main dans la poitrine du soldat pour en retirer le coeur qu'il envoya dans le visage de celui se trouvant le plus à droite du groupe de singes. Sihat se laissa ensuite glisser derrière le cadavre encore chaud pour attraper le bras armé avant qu'il ne tombe avec le reste du corps. Une fois le bras en main, il actionna le système de tir en direction de chacun des soldats hormis celui à qui il avait envoyé le coeur. Sihat ignorait la présence de gilet par-balles sur les soldats mais cela ne le ralenti pas dans son passage de corps en corps pour vider leur cage thoracique et envoyer l'organe vital encore chaud au dernier soldat vivant.

Cinq coeurs à ses pieds avaient dû choquer le chimpanzé puisque quand Sihat s'approcha de lui pour plonger ses yeux verts dans les siens, il ne bougea pas.

Voici mon offrande pour celle que tu appelles "Maman Natasha". Dis-lui d'organiser une audience. Lorsque Solinor se lèvera.

L'Ancien gratifia son nouveau messager d'un sourire et d'une légère tape sur la joue, y laissant par la même occasion une trace du sang recouvrant la main de Sihat, puis repris son chemin comme si rien ne venait de se passer.