[Parmingo, Paris] Toute entreprise se doit d'avoir un système de sécurité

Surtout une entreprise de sécurité.

"Nolhiem'm mat ezaron nim prortisse." Cette phrase n'avait cessé de tourner en boucle dans l'esprit de la Vi'aan durant le trajet du retour vers Paris. Et, étrangement, elle se demandait encore pourquoi elle n'avait pas répété sa lecture dans son intégralité à Yoreck. Peut-être une peur de ce que cela impliquait réellement.

Surement même ! D'ailleurs, qu'elle était la signification exacte de cette "prophétie" gnolle ? Pour le moment, la blonde n'en avait qu'une petite idée mais cette dernière semblait bien idiote en y pensant un peu plus. Elle ne pouvait pas être la Mère des Vi'aans, elle se souviendrait de quelque chose comme ça, du moins l'espérait-elle.

Lorsque Linda posa l'avion sur la piste normalement réservée à son jet privé, elle vit par la vitre du cockpit que les gardes assignés à son transport au siège principal de sa société avaient sorti leurs armes de poing et étaient prêt à défendre la place.

Une fois l'avion totalement arrêté et l'équipage -au dessus de 1, c'est un équipage, si si !- descendu, Linda expliqua à ses hommes qui était Yoreck et leur promis un dossier explicatif détaillant la vérité de la Période dans laquelle ils entraient. En parlant de Yoreck, elle remarqua qu'elle ne l'avait pas entendu de tout le trajet... Ou alors qu'elle avait été trop absorbé par ses pensées pour l'entendre, ce qui était une possibilité aussi.

Toujours fut-il que le transport jusqu'à Parmingo se passa plutôt rapidement, peu de circulation au vu de l'heure matinale à laquelle ils étaient arrivés. La limousine aux couleurs de la chevelure de Linda se déplaça donc dans un certain silence durant une vingtaine de minutes jusqu'à atteindre le parking souterrain de l'entreprise.

Une fois dans l'ascenseur avec son nouvel invité, Linda l'emmena au rez-de-chaussé afin de lui faire effectuer la fouille de contrôle. La salle qui leur fut attribué pour cette fouille était l'une des plus grandes qu'ils avaient à cet étage : spacieuse, elle disposait d'une table assez grande pour qu'une famille de quatre personne puisse y faire un repas de midi sans se marcher dessus, l'espace était suffisant pour qu'on puisse comparer cette pièce au studio d'un jeune étudiant fraîchement débarqué dans la capitale. Oui, c'était l'endroit parfait pour tous les sacs du Gnoll !

En face d'eux se trouvaient deux gardes, prêt à déballer les affaires du Tanzanien dans les plus grandes précautions, douteux de ce qu'ils allaient trouver pendant qu'un troisième se tenait à la droite de Yoreck.

Yoreck, vous allez devoir être fouillé, ainsi que vos affaires, si vous voulez rester parmi nous. Leur donnez-vous votre accord ?

Dans l'avion, sur le trajet reliant la Tanzanie à la France, Yoreck voyait Linda marmonner des paroles dont il n'arrivait pas à saisir le sens. Comme il ne voulait pas déranger Linda dans ses réflexions, Yoreck mit ses écouteurs sur les oreilles, et attendit patiemment l'atterrissage à Paris.

Sur la piste, les hommes de Parmingo attendaient leur PDG. Celle-ci leur expliqua en détail qui était Yoreck pourquoi il était ici ainsi que sans doute quelques consignes de sécurité. Enfin c'est ce que pensait Yoreck car il était difficile de saisir quoi que ce soit avec les écouteurs sur les oreilles.

Le trajet en voiture fut des plus calmes à part l'intervention d'un laveur de voitures à un feu rouge que le garde du siège passager avait rapidement fait dégager. Yoreck était aux anges pendant la traversée de Paris. Toutes ces lumières, ces sons, ces odeurs. Même l'infecte odeur de gasoil venant d'une vieille voiture avait une fragrance de brise printanière pour Yoreck. Il avait envie de découvrir de visiter mais il savait bien que ce ne serait en aucun cas discret et que ni Linda ni ses gardes ne le permettrait.

La voiture se gara dans un parking souterrain puis ses passagers empruntèrent l'ascenseur pour monter au rez-de-chaussée. La pièce était grande, propre et lumineuse plutôt sympathique en fait. Yoreck arrivait en se trémoussant au rythme de la musique de son baladeur.

Yoreck, vous allez devoir être fouillé, ainsi que vos affaires, si vous voulez rester parmi nous. Leur donnez-vous votre accord ?

Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Stayin' alive !! Stayin' alive !! Ah ! aaahhh .... oui bien sûr pas de soucis.

Yoreck n'avait pas pu voir la réaction de Linda à la vue d'un gnoll se trémoussant sur Staying Alive des Bee Gees mais il aurait donné cher pour ça. Il commença à ouvrir ses sacs pour permettre aux gardes de Parmingo d'en fouiller le contenu et là première sanction : les gardes commencèrent à confisquer toutes les armes de Yoreck. Son fusil d'assaut, son pistolet, des couteaux de combat, des grenades tout y passa.L'un des gardes désigna les machettes dans le dos de Yoreck.

Quoi mes machettes aussi ? Ah mais non !! S'il vous plaît c'est sacré ça !! Vous êtes surs ? Bon il ne leur arrivera rien au moins ? Vous en prendrez soin ?

Tout ce qui vous a été confisqué sera entreposé dans l'armurerie. Tout ce qui peut nuire à la sécurité du bâtiment ou des personnes présentes à l'intérieur est confisqué. C'est la règle.

Bon très bien mais vous y faites attention !

Bilan premier sac : contenu entièrement confisqué. Et le deuxième serait pareil car il y avait à l'intérieur : une boîte à outils, des mini-drones, des détecteurs et autres objets bricolés. Tout fut mis dans un chariot en partance pour l'arsenal. A ce moment Yoreck se demanda si il n'allait pas finir sans rien et complétement nu. Herureusement non au troisième sac, il sauva plus d'objets. Les gardes passèrent au scanner sa lampe de poche, son réveil matin, sa console de jeu portable, son radiocassette, son baladeur. Ils vérifièrent les compartiment des pils et batteries pour vérifier la présence d'objets suspect mais déclarèrent ses objets conformes au règlement et ne posant aucun problème de sécurité.

C'est quoi ça ?

Ma trousse de toilettes, attendez je l'ouvre. J'ai du dentifrice, une brosse à dents, du savon, une brosse pour mon pelage. Tout est normal non ?

Les gardes vérifièrent quand même que le savon et le dentifrice n'était pas du c4 ou du mastic déguisé. Le reste se passa plutôt bien, Yoreck aidant les gardes et leur facilitant la tâche pour les objets dangereux. Après ses sacs ce fut au tour de Yoreck d'être fouillé, il passa au détecteur de métaux au moins 8 fois dont la dernière pratiquement nue.

Non mais je pense que c'est bon je chie pas de l’acier non plus.

Il n'y eut qu'un minuscule incident lorsqu’un des gardes voulait vérifier le pendentif porte-bonheur offert par sa mère. Yoreck ne voulait pas qu'on y touche et faillit mordre un des gardes qui voulait le lui arracher. Heureusement l'un des vigiles lui proposa de le scanner et il accepta. Après s'être rhabillé entièrement et avoir repris seulement trois des huit sacs qu'il avait amené sans compter la trousse de toilettes qu'il avait réussi à garder , il se demanda si Linda l'avait vu à poil, non pas qu'il était pudique, mais il avait eu peur de la gêner en se montrant dans le plus simple apparat.

Finalement il suivit Linda et les gardes dans l'ascenseur et monta jusqu'au 5ième étage. Il avait hâte de voir la chambre et trépignait déjà d'excitation à voir son nouveau chez-lui. En attendant il essaya de parler à Linda

Votre entreprise, elle existe depuis longtemps ? En tout cas, je vous félicite, c'est très beau et très propre. Dites il y a une chance pour que je récupère ce qui m'a été confisqué un jour ?

Alors que la fouille débuta, Linda s'éclipsa, laissant le Gnoll à ses gardes. Non pas qu'elle n'appréciait pas une mauvaise reprise dansante de Staying Alive, mais la présence même de Yoreck nécessitait quelques explications à ses employés.

Aussi, au vu du nombre de sacs que le Gnoll avait apporté, elle estima son temps à quelques 42 minutes.

Préviens les employés, Marie, je vais faire une vidéo de la direction. Que chacun ait son pad de sécurité.

Marie, la secrétaire en place depuis maintenant une dizaine d'année se mit à l'ouvrage, rehaussant plus d'une fois ses lunettes alors que celles-ci semblaient s'amuser à vouloir glisser le long de son nez. Une fois qu'elle eut fini, elle releva, trop rapidement, la tête vers Linda ce qui eut pour effet faire reculer le fauteuil à roulettes dans lequel elle était assise.

Madame, le... L'invité que vous avez mis dans la salle numéro 3, était-ce...

Oui, s'en était un. Regarde la vidéo aussi, je vais expliquer plusieurs choses qu'il faudra désormais prendre en compte.

Ré-ajustant une nouvelle fois ses lunettes, la secrétaire hocha la tête pour indiquer à Linda qu'elle avait compris le message et lui laissa la place afin que la Vi'aan puisse faire la vidéo dont elle avait parlé sans pour autant s'éloigner trop longtemps de Yoreck.

Ce message s'adresse à chaque employé de Parmingo. Certains d'entre vous savent déjà de quoi je vais parler et redoutaient certainement ce jour... Pour les autres, le message qui va suivre va changer vos vies.

Elle fit une pause de quelques secondes, trop courtes à son goût, avant de reprendre.

L'Être Humain n'est pas le seul Être capable de paroles, doué de conscience ou capable du pire comme du meilleur, il existe des dizaines de centaines de peuples qui ne sont, pour vous, que des légendes. Chaque légende est née de l'un de ses peuples. Hormis les Extra-Terrestres, je ne sais pas d'où ils viennent ceux-là.

Une nouvelle pause, la salive passant mieux qu'elle ne l'avait imaginé.

Il y a quelques jours, deux personnes sont arrivés entre nos murs. Deux personnes d'apparence tout à fait normale, j'en conviens, mais qui n'ont rien de ce que leur apparence laisse entrevoir de prime abord. L'homme est le descendant d'un peuple créé pour détruire tout ce qui se trouve en face de lui. La femme possède quelques atouts de sorcellerie et se trouve être un Loup-Garou.

Aucun sourire sur le visage de la P-DG alors que le couperet se rapprocher de son propre secret. Une dernière inspiration avant le grand plongeon.

Je suis, moi-même, d'une autre espèce que la votre. Mais je vous aiderai à surmonter les prochaines années qui, croyez-moi, s'annoncent sombres pour l'espèce humaine. Tous les peuples qui sont à l'origine de vos légendes et plus encore vont bientôt refaire surface et réclameront une place sur Terre. Ne faites pas l'erreur de les affronter, vous perdriez.

Enfin, alors qu'elle savait que nombreux étaient ceux qui commençaient à se demander ce qu'ils devaient faire, ou plus simplement à tuer Linda, cette dernière conclu son discours.

Vous pourriez quitter Parmingo tout de suite, aller prévenir le monde, mais personne ne vous croirez pour le moment. Votre plus grande chance d'influer le cours de l'Histoire, celle avec un grand H, est de rester ici et de participer, avec moi, au Retour du 21 Décembre 2012. Très bientôt une base de données, complétée par des photos des espèces que nous aurons déjà rencontré, sera mise à votre disposition.

Et dans un souffle, elle ajouta :

C'est aujourd'hui que vous choisissez votre camp. Terminé.

Pourquoi "Terminé" ? Oui ! Parce que c'est classe !

Ainsi, maintenant qu'elle avait terminé, elle retourna dans la salle de fouille pour voir où ils en étaient. Et quel spectacle : le Gnoll commençait tout juste à remettre ses vêtements ! Ainsi, les gardes étaient allez jusqu'à le faire se déshabiller, intéressant, bien que prévisible !

Bien, je vois que vous avez fini. Yoreck, suivez-moi. Vous trois, prenez ses sacs et suivez-nous. Nous allons vous installer au cinquième étage. Ne descendez d'ailleurs pas au quatrième sans autorisation.

Sans attendre de répondre de la part du Gnoll, Linda se dirigea vers l'ascenseur dans lequel Yoreck se décida à lui parler, voilà qui faisait longtemps !

Parmingo a fêté ses 917 ans le mois dernier. Croyez-bien qu'il n'est pas aisé tous les jours de garder cet endroit aussi propre que l'était le château dans lequel Parmingo a vu le jour.

L'ascenseur finit sa course, s'ouvrant sur un couloir d'environ un mètre de long offrant à la vue de son nouveau propriétaire la porte de sécurité de son logis.

Vous récupérerez vos affaires le jour de votre départ, Yoreck. Je ne veux aucune arme non réglementaire chez moi.

La réponse de Linda au sujet des armes de Yoreck était prévisible. Embêtante certes mais prévisible. C'était une compagnie de sécurité après tout, et tout ce qui pouvait nuire à celle-ci était prohibé.

Je comprends vos raisons. Mais n'avez vous pas un endroit pour s’entrainer au tir, au combat et à toutes ces choses-là ? Parce que même si je ne suis pas armé, vos gardes eux le sont.

Alors qu'il attendait une réponse de la part de Linda, l'un des vigiles ouvrit la porte de sécurité du nouveau logis de Yoreck. Lorsqu'il entra dans la pièce, il découvrit une chambre complétement meublée et aménagée aux tons bruns et jaunes rappelant un peu les couleurs de son pays d'origine. Un grand lit recouvert de draps couleur ocre occupait la pièce. Yoreck en profita pour voir la souplesse du matelas. C'était parfait, ça allait le changer de son hamac. Il découvrit pas à pas toutes les surprise que contenait la pièce : des placards de rangement très spacieux, une penderie, un robuste bureau, l'électroménager indispensable ... Linda le gâtait. Bon évidement, cet endroit avait besoin d'un peu de personnalisation, d'une petite touche gnolle mais c'était tout à fait à son goût ici. Il ouvrit ensuite la porte qui donnait sur la salle de bains pour voir à quoi elle ressemblait

C'est du vrai marbre ou une imitation ? En tout cas, vous me gâtez Linda, je ne sais pas si je mérite tant, merci beaucoup !

Il alla ensuite du coté de la fenêtre pour voir sur quoi elle pouvait bien donner. Il ne voyait pas très bien mais il semblerait qu'il avait vu sur la cour du bâtiment.

Tiens pas de barreaux à ma fenêtre, c'est curieux, voyons en détail. Ah oui je vois la fenêtre ne s'ouvre pas complétement, astucieux. Hum hum, verre sécurisé, pare-balles, insonorisation complète, régulation thermique pour n'avoir ni trop chaud ni trop froid. Vous aviez peur que je m'échappe ? que je me défenestre ? Les deux peut être ? Allons je viens à peine d'arriver.

Puis pour changer de sujet, il ajouta.

Il y a d'autres "pensionnaires" ici, je veux dire d'autres personnes non-humaines qui vivent ici, à part moi ? Si c'est le cas j'espère être présenté sauf si il mangent des gnolls au petit déjeuner, là rappelez moi de m'armer de toutes les cuillères à café que je trouverais on ne sait jamais.

Ne sachant si Linda allait rire à sa plaisanterie et commença à défaire ses affaires enfin celle qui ne lui avaient pas été confisqués en tout cas.

Ah j'oubliais, tenez quelques livres gnolles sur des créatures légendaire et autres légendes ; peut être que vous trouverez quelque chose d'utile dedans sinon vous n'aurez qu'a me les rendre. Ah une autre question me vient à l'esprit, si j'ai besoin de piles, ou de bouquins pour passer le temps, à qui dois-je m'adresser ?

Puisqu'il devait rester là un petit moment, autant rendre le séjour agréable par la lecture d'ouvrages humains. Il avait d'ailleurs quelques uns dans une bibliothèque. Voyons 20000 lieues sous les mers de Jules Verne, ça avait l'air intéressant.

Alors que le Gnoll semblait s'émerveiller devant son nouveau logis, Linda alla s'asseoir dans le fauteuil-club en cuir datant des années 30. Confortable, selon les critères de la blonde bien entendu -pour en avoir essayé plusieurs, je peux vous assurer que les plus vieux ne sont pas les meilleurs-.

C'est du marbre tout ce qu'il y a de plus authentique. Certaines de ses... Qualités, dont les humains ignorent tout, sont très utiles face à certains peuples.

Un sourire s'esquissa sur le visage à l'apparence juvénile de la Vi'aan. Si l'endroit plaisait au Gnoll alors elle n'aurait pas besoin de faire des pieds et des mains pour lui trouver un appartement plus "adéquat" en dehors du bâtiment. Le sujet des fenêtres lui tira tout de même un éclat de rire assez bref.

Je ne voudrai pas que l'un de mes "invités" ne décide de se défenestrer un jour de baisse de morale. Ce serait mal venu pour mon entreprise et cela ferait baisser le cours de mes actions.

Car oui, en plus d'être riche, Parsten possédait plusieurs actions de divers autres entreprises à travers le monde. Au bien sur, pas assez pour attirer l'attention, mais tout de même ce qu'il fallait pour un rachat de masse si cela devenait nécessaire. En quelques minutes, et depuis son Blackberry, elle pourrait s'approprier toutes les plus grandes entreprises du monde, détail à faire pâlir d'envie les plus grands dirigeants du monde, à coup sur !

Puis, alors que Yoreck lui posa deux questions totalement différentes, elle préféra répondre à la deuxième en premier lieu.

Yoreck, au vu de mon âge... avancé, je pense connaître les divers légendes qui peuplent ce monde et être à l'origine de quelques unes. Mais cela me fera de la lecture pour les WC !

Oui, on ne pouvait pas vraiment dire que Linda pouvait être gênée par des détails de ce genre. Après tout, tout le monde va aux toilettes !

Pour les besoins "urgents", adressez-vous au garde devant l'ascenseur. Il est ici pour que votre séjour soit le plus agréable possible.

Elle pointa ensuite le doigt vers la table du séjour et, plus précisément, le boitier qui se trouvait en son centre.

Si il y a une urgence qui nécessite plus de gardes, ce boitier vous permettra de déclencher l'alarme. Mais je ne pense pas que vous en aurez besoin. Les différents micros et caméras devraient suffire à votre sécurité.

Enfin, elle se releva et décida de répondre à la question qu'elle avait "mise de côté".

Il y a en effet d'autres "pensionnaires" ici. Deux pour être...

Le raclement de gorge du garde devant la porte lui fit tourner la tête et par la même occasion couper sa phrase.

Qu'y a-t'il ?

Et bien... C'est que l'un des deux s'est échappé, Madame.

La nouvelle tomba comme un couperet. Elle se douta qu'il ne pouvait pas s'agir de la dégénérescence. Cette dernière n'était pas assez au fait de ses capacités. Le H'mok, en revanche, avait déjà fait preuve de son contrôle sur ses pouvoirs, Linda avait juste espéré qu'il ne s'adapte pas si rapidement au blocage basé sur les infrasons que son équipe avait mis au point.

L'homme ?

Oui, le lendemain de votre départ pour l'Afrique, Madame.

Comment a-t'il fait ?

Il semblerait qu'il ait été aidé. Il est monté dans une limousine après que... Que...

Et bien ? Parlez !

Après qu'une voiture se soit soulevée dans les airs comme par magie pour s'écraser sur les hommes qui le tenait en joue. Il y a eu plusieurs morts et presque autant de blessés.

Montrez-moi les vidéos de sécurité. Tout de suite !

Puis, comme si la présence de Yoreck lui revenait subitement, elle se tourna vers lui, le visage fermé.

Vous voulez savoir à quoi vous aurez à faire de pire que les Humains, Yoreck ? Je vais vous montrer.

Les réponses de Linda sur la sécurité des fenêtres ou ce qu'elle comptait faire de ses livres amusait beaucoup Yoreck. La Vi'aan avait beaucoup d'humour, on ne pouvait le nier. Yoreck examina le fameux bouton d'urgence posé sur la table. Non il n'allait pas y toucher pour agacer Linda, pas encore, un peu de tenue que diable. Lorsqu'elle évoqua la présence de micros et de caméras dans la chambre, le gnoll ne put s'empêcher de déclarer :

Je vais vraiment finir par croire que vous souhaitez vous rincer l’œil lorsque je me déshabillerai pour me mettre au lit.

Enfin lorsque Linda évoqua la présence de deux pensionnaires supplémentaires, le garde lui signifia qu'il y avait un problème avec l'un d'entre eux. Il semblait s'être échappé, non sans avoir semer la mort et la destruction sur son passage.

Visiblement, l'un de vos "pensionnaires" n'appréciait pas votre sens de l'hospitalité Linda.

Puis il regarda la vidéo que Linda voulait lui montrer. Sur celle-ci, on voyait un humain -ou tout du moins le pensait-il - prendre en otage une pauvre femme, et menacé par des gardes de Parmingo. Puis une voiture blanche arriva mystérieusement au-dessus des gardes et s'abattit sur eux les tuant nets. De la télékinésie ? Possible, mais Yoreck n'avait jamais vu un humain faire cela ou était-ce bien un humain ? Linda avait parlé de pire que les humains, on pouvait en conclure que le mystérieux preneur d'otages ressemblait à un humain, mais n’en était pas du tout un. La vidéo s'acheva par la mort de l'otage tuée froidement par son bourreau et la fuite de celui-ci dans une limousine noire.

Quelle lâcheté ! Tuer ainsi une pauvre femme désarmée !! Jamais un gnoll ne s'abaisserait à une telle ignominie. Enfin un Mort-Bois en tout cas. Les Hache-Tripe en général quand ils goutent au sang, il est très difficile de les arrêter.

Puis se repassant la vidéo en mémoire. Il demanda à Linda :

Cette voiture qui lévite et qui s'écrase sur vos gardes, est-ce lui qui fait ça ? Possède-t-il des pouvoirs magiques ? Et plus important encore, si ce n'est pas un humain, qu'est ce que c'est alors ?

Tant de questions se bousculaient dans la tête de Yoreck. Quoi qu'il en soit, de ce qu'il avait vu, ce fugitif était sans doute instable et dangereux. Faisait-il partie d'une espèce soi-disant supérieure. Enfin peu importe, Yoreck connaissait la chanson sur les espèces qui se croyaient supérieures : Plus ils sont grands, plus ils tombent facilement. Mais la prudence restait de mise car il ne savait pas de quoi pouvait être capable un tel individu.

Si vous avez besoin d'aide pour le traquer, sachez que je suis votre gnoll. Et c'est encore plus vrai si il est une menace pour toutes les espèces vivant sur ce monde.

Yoreck ne savait pas comment Linda allait réagir à cette déclaration. Allait-elle accepter ? Se moquer de lui prétextant que ce monstre ne ferait qu'une bouchée d'un pauvre gnoll comme lui ? Il n'en savait rien. Puis pour changer de sujet il ajouta :

En attendant que vous preniez une décision concernant votre dangereux fuyard, il me semble que vous avez dit qu'il y avait deux résidents ? Me présenterez vous à cette personne ?

Puis son ventre se mit à gargouiller. Décidément toutes ces émotions lui donnaient très faim. Aussi il demanda :

Peut être qu'on pourrait discuter de tout cela devant un bon déjeuner ? Qu'en pensez-vous ?

La vidéo parlait pour elle-même. Le H'mok qui s'était échappé n'était pas le seul de Retour. Au moins un autre était en vie. Lequel était-ce le télékinésiste ?

Moloch'...

Elle avait sa réponse, au moins sa langue avait moins de mal à se souvenir que son esprit. Toujours fut-il que cette nouvelle ne ravissait pas la Vi'aan, dont la mine se décomposa à mesure que la vidéo avançait, su que la partie ne faisait que débuter. Les H'moks n'étaient pas les pires êtres guidé vers l'Oubli, bien qu'ils faisaient incontestablement parti du haut du panier.

Yoreck, voici l'oeuvre d'un, voir de deux, H'mok. Ce sont des créations des Humains d'autrefois. Leur but premier était de détruire tous les ennemis des Hommes, les créateurs n'avaient pas prévu que les créatures se retourneraient contre eux.

Elle leva alors le regard vers Yoreck, elle devait lui dire dans quoi elle l'avait engagé et surtout, dans quoi son clan s'engageait en revenant à la surface : la mort, la destruction, les défaites et, peut-être avec de la chance, une existence à la vue du Monde.

Comprenez-bien que ce que je vais vous dire n'est ni une fable, ni une blague. Le Retour n'annonce pas que le retour des espèces les plus "pures" qui ait existé. Il annonce le Retour d'absolument tout ce qui a existé avant et pendant la Guerre. Et toutes les guerres, surtout les plus longues, poussent les êtres vivants dans leurs pires retranchements. Les H'moks n'en sont qu'un exemple parmi tant d'autres.

Un mélange d'expressions se dessina sur le visage de Linda à mesure qu'elle parlait, un mélange de joie et de jubilation. Elle qui n'avait passé une journée sans ôté une ou plusieurs vies durant la Guerre de l'Accord voyait se profiler à l'horizon une Guerre du Retour. Les camps seraient différents mais la cause serait identique : les territoires !

Si vous désirez une place à la vue de tous dans l'avenir qui est le notre, alors il faudra que les Gnolls choisissent leur camp et qu'ils s'y tiennent.

Elle fit alors signe au garde d'aller appeler l'ascenseur pendant que Yoreck changea de sujet, comme si c'était le moment !

Yoreck, ce n'est pas le moment de partir compter fleurette à la dégénérescence qui réside à l'étage inférieur ! Pour le moment, nous montons dans mon bureau. Je dois informer chaque chef de secteur de surveiller les entrées et sorties de chaque pays du monde.

Alors qu'elle se dirigeait vers l'ascenseur, elle appela l'accueil.

Marie, je veux que tu fasses rentrer Lucy, je vais avoir besoin d'elle.

Aussitôt sa phrase terminée, Linda entendit la secrétaire lui répondre, comme si elle avait su ce qui allait lui être demandé.

Elle est déjà rentrée ? Les informations, je vois. ... Son bureau ? ... Merci.

Elle raccrocha alors et se tourna vers Yoreck.

Vous allez rencontrer mon assistante personnelle, tâchez de... Ne pas lui faire trop peur !

Et enfin, elle prit la direction de l'ascenseur qui venait d'arriver. Direction le dixième étage.

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