[Paris, Bâtiment Parmingo] Rien que la vérité

Sujet: [Paris, Bâtiment Parmingo] Rien que la vérité Mar 16 Sep 2014 - 21:55

Il est cinq heures. Paris s'éveille. Dans la pâle lueur des premiers rayons du soleil, la ville lumière commence à fourmiller et se mettre en marche pour le nouveau jour qui se dessine. Les boulangers font les baguettes, les journaux sont imprimés, les ouvriers sont déprimés ... et la journée peut enfin commencer.

Pourtant il est une personne pour qui cette nonchalance, cette insouciance donne des nausées. Cette personne n'était autre que Yoreck qui la truffe collée contre la vitre observait la circulation sous sa fenêtre, ne pouvant s'empêcher d'éprouver une certaine incompréhension vis-à-vis de la nature humaine.

Cela faisait maintenant deux semaines depuis les évènements tragiques qui avaient frappés la capitale. Deux semaines depuis sa rencontre avec Sihat. Et pourtant le souvenir de cette nuit était encore très présent dans l'esprit du Gnoll. Mais ce n'était pas le cas des Parisiens apparemment. Des phénomènes inexpliqués s'étaient déroulés sous leurs yeux mais eux s'étaient juste contenter de classer l'affaire en faisant passer les évènements de la nuit pour une simple attaque terroriste ; certes tragique, mais tellement plus facile à croire que le fait qu'un Ancien se soit baladé dans la ville pour simplement s'amuser à sa manière.

Yoreck aurait voulu qu'a son réveil, on lui dise que rien de tout cela ne s'était passé, qu'il avait juste fait un horrible cauchemar. Mais une certaine tâche sur l'épaule gauche lui rappelait hélas douloureusement que les évènements de cette nuit fatidique n'avaient rien d'onirique.

D'ailleurs à son réveil, Yoreck avait eu la désagréable surprise d'entendre qu’en plus d'avoir fait réellement sauter l’Élysée, Sihat avait également défiguré le bâtiment Parmingo en ayant littéralement vaporiser un étage. Les dégâts avaient été considérables mais Linda avait pris soin d'effacer ces horribles cicatrices le plus rapidement possible grâce à son immense fortune.

Une bonne partie des affaires de Yoreck avait d'ailleurs été détruite bien que l'explosion ne se soit pas produite à l'étage où se trouvait sa chambre. Son saxophone n'était plus qu'un morceau de cuivre aplati, son drapeau Mort-Bois avait complétement brûlé à cause d'un feu électrique et la plupart de ses vêtements, livres et autres objets décoratifs avaient été gravement abîmés par les gravats ou les ruptures des canalisations d'eau. Malgré la proposition de Linda qui voulait dédommager le Gnoll, ce dernier savait bien qu'une partie de lui s'en était allé ce soir-là.

Cependant, il n'était pas resté ces dernières semaines à se morfondre et s'apitoyer sur son sort, bien au contraire. Durant les jours qui avaient suivi l'attaque, il avait pu faire la connaissance de Carmen Woods ou Myrhenis de son vrai nom. Yoreck l'appréciait beaucoup et aimait grandement discuter avec elle même si parfois son regard de Gorgone mettait mal à l'aise le Gnoll. Parfois Yoreck se demandait si Carmen ne souhaitait pas le disséquer ou coucher avec lui, ou peut-être les deux bien qu'elle n'ait fait aucune proposition de ce genre.

Il avait également essayé d'en savoir plus sur les Anciens et sa marque grâce à la base de données Parmingo et Internet mais il avait fait chou blanc. Pourtant Yoreck se refusait de croire que Linda ne savait strictement rien sur les Anciens, elle qui a pourtant traversé histoire et monde. C'est pourquoi après un rapide petit déjeuner et un habillage express. Il se dirigea vers le nouveau bureau de Linda avec la ferme intention qu'elle lui dise tout ce qu'elle savait.

Il se dirigea donc vers le nouvel ascenseur, monta à l'étage du bureau du PDG, traversa le couloir en croisant quelques ouvriers qui finissaient visiblement de faire la peinture du plafond et d'installer l'éclairage et entra sans frapper de la bureau de Linda Parsten. Pour lui sa quête de la vérité surpassait toutes les politesses du monde.

Linda, je voudrai que vous me disiez tout ce que vous savez sur les Anciens dans les moindres détails. Je veux ... comprendre mon ennemi.

Vactor, Heriot, Plarst, Taven, Sarynes, Periz, Beolc, Aizen et Nezan. Les Neuf.

Linda avait jadis étudié l'histoire des Signataires, mais jamais elle n'en avait rencontré selon ses souvenirs. Elle savait qu'ils avaient mis fin à la Guerre, qu'ils avaient édicté un Accord résultant à la situation actuelle, rien d'autres de précis.

Celui que tu as rencontré, qui t'a marqué, je n'en ai jamais entendu parler. Aucune trace de son existence n'a jamais fait surface jusqu'à... Jusqu'à ce que tu le rencontres.

Les dégâts causés par le prétendu Ancie'mor étaient si important que la plupart des pays prenaient peur. Une nuit avait suffit à réduire pratiquement à néant le gouvernement français en place. Pourtant, chacun allait de sa théorie, ici du terrorisme, ici de fuite de gaz... Mais aucun humain ne s'approchait de la vérité malgré l'impression commune qu'ils avaient tous eu cette nuit la.

Je me suis renseigné du mieux que j'ai pu depuis cette rencontre. Il s'est passé quelque chose d'étrange en Grèce. Quelque chose qui n'était jamais arrivé depuis la dernière intervention des Signataires. Une forêt a repris ses droits en une fraction de seconde à peine. Au début, je pensais simplement qu'il s'agissait de magie... Mais c'est quelque chose de plus ancien que la magie elle-même.

Bien sur, rien de tout ce qu'elle dirait à Yoreck à cette instant ne lui plairait, mais il avait raison, il devait connaitre son ennemi.

Yoreck. Les Signataires sont plus anciens que la magie, mais je crois que celui que tu as rencontré est celui à l'origine de l'extension de cette forêt. D'après certaines rumeurs, une dryade y vit, je pense qu'elle l'a rencontré et que c'est ensemble qu'ils ont fait renaître la forêt.

Linda quitta son bureau et s'approcha de Yoreck, allant jusqu'à poser une main sur son épaule dans un signe de réconfort. Pour lui, ou pour elle... Elle ne le savait pas.

Mais nous avons d'autres ennemis que lui qui nous attende. J'ai... Je crois qu'il faut que je te parle des Neuf, des Hawkis et de leurs agents. Mais pas ici.

Elle offrit cette fois un sourire à son ami. Chaleureux, cette fois pour lui plus que pour elle.

Tu as faim ?

Yoreck écouta calmement les informations que Linda lui dispensait. Pour une fois elle consentait à ne pas esquiver la question et parler de complétement autre chose. Elle était sincère envers lui. Cependant la déception fut au rendez-vous car ses connaissances sur les Signataires éteint maigres et pire encore SIhat lui était totalement inconnu. Cela ne surprit pourtant pas Yoreck car Sihat se disait le Premier, l'origine et le début des espèces, il a peut être pu soigneusement effacer ses traces au fur et à mesure jusqu’à ce que personne ne se souvienne de lui. Tout du moins les espèces simples.

Par ailleurs il apprit également que Sihat n'en était pas non plus à sa première tentative de contact depuis son retour. Apparemment il avait rencontré une "Dryade" qui l'avait aidé à restaurer une forêt par magie.

De la magie ? Vous voulez dire comme lorsque les chamans communiquent avec les esprits ou que les nécromants redonnent vie aux cadavres ?

En plus de ça il semblait que d'autres espèces soient impliquées dans toute cette histoire. Les Dryades, Les Hawkis, les agents des Hawkis, la liste devenait longue. Sans compter qu'elle ne souhaitait bizarrement pas parler de tout ça dans son bureau. Mais Yoreck se faisait insistant dans ses questions.

Pardonnez mon ignorance, mais qu'est ce que c'est une Dryade ? et Un Hawki ? Et c'est quoi cette histoire d'agents ? Et surtout pourquoi ne m'en parler ici ? Que craignez-vous donc ? N'êtes vous la maîtresse de ces lieux, celle par qui tout passe ?

Linda ne répondit pas immédiatement mais lui adressa un grand sourire. Un sourire qui n'était ni moqueur ni méprisant non c'était un sourire chaleureux. Et inconsciemment cela fit du bien à Yoreck. Puis Linda prit la parole en demandant à Yoreck si il avait faim et avant que Yoreck eut le loisir de répondre, son ventre gargouillait déjà rien qu'a l'évocation indirecte de nourriture potentielle.

Je crois que cela répond à votre question.

Mais il y avait pourtant une chose qui tracassait Yoreck encore plus que la présence des Anciens, les H'moks ou le retour d'autres espèce destructrices. C'était la marque que Sihat lui avait apposé sur son épaule gauche. Bien que celle-ci ne le brulait plus, elle continuait à émettre de temps en temps une lumière pâle. Cette marque terrifiait Yoreck car il n'en connaissait absolument pas les caractéristiques ni les fonctions. Il fit d'ailleurs part de ses craintes à Linda.

Et pour cette marque Linda ? Celle que Sihat m'a faite à l'épaule, vous ne savez rien à ce sujet ?

Cette inquiétude fit place bien vite à une peur et une frustration grandissante.

Je ... Et si c'était une marque qui lui permettait de prendre le contrôle de mon corps. Sihat aurait alors la possibilité de faire du mal, voire de tuer qui il veut par mon intermédiaire sans que j'ai la moindre possibilité de l'en empêcher. Je ... j'ai peur Linda, je ne veux faire de mal à personne ... si jamais cela arrivait je crois que je me le pardonnerai jamais. La nature de cette marque m'inquiète vraiment de plus en plus. Est-ce un simple ornement, une balise, un dispositif de contrôle ?

Sous le coup de sa frustration, il prit une statue en pierre sur le bureau de Linda et la projeta de toutes ces force sur le sol, l'envoyant sous un meuble.

Bon sang ! Si j'avais été plus fort ... Si j’avais été plus prudent, moins fanfaron, il ne m'aurait jamais fait ça. J'ai été aveugle Linda. Et je m'en veux de l'avoir été. Et tous ces gens qui sont morts cette nuit-là ...

A ces mots Yoreck baissa la tête et des larmes commencèrent à couler sur ses joues. Il avait tué avant bien sur, il avait vu des morts mais là c'était différent, là c'était beaucoup de gens qui malheureusement pour eux avaient été les victimes collatérales du jeu de Sihat. Et il savait qu'il y en aurait d'autres mais là il avait craqué.

La magie n'était visiblement pas une chose que pouvait imaginer le jeune homme en face d'elle, pourtant, la Vi'aan parlait bien d'une magie tout ce qu'il y avait de plus réelle et pas des tours de passe-passe que pouvaient mettre en pratique la plupart des prétendus magiciens.

Yoreck, je parle de véritable magie. De celle que l'on peu voir dans les histoires fantastiques ou les dernières séries télé à la mode. La même magie qui me permet d'avoir cette forme.

Vint ensuite le cas des autres espèces. Elle aurait du savoir qu'il n'avait pas encore eu le temps de prendre connaissance de tout le bestiaire qu'elle avait mis en ligne.

Une dryade est l'une des trois descendantes de l'ancien peuple Naevas. Elles ont eu des différents... religieux. Un peu comme la chrétienté, l'islamisme et le judaïsme. Quant aux Hawkis, ce sont des sirènes. Bien que la représentation commune de notre époque en soi bien loin. Elles... sont les gardiennes des peuples.

Elle ignora volontairement la question sur les agents, de peur d'être écouté par ces mêmes Hawkis dont elle venait de parler. Elle s'en méfiait... Elle avait vécu trop longtemps pour ne pas s'en méfier. Puis vint la question à laquelle, elle même, n'avait pas de réponse. La marque. Qu'était-elle ? Que représentait-elle ? Que risquait son porteur ? Linda fit le tour de son bureau, une main dans le dos et, sans prévenir, tirer sur le Gnoll.

Alors que Yoreck essuyait ses larmes d'un revers de la manche se frottant les yeux au passage, il vit au moment de les rouvrir que Linda pointait une arme vers lui. Une fraction de seconde plus tard, Linda appuya sur la détente et la balle partit en direction du Gnoll qui recula et tomba à la renverse en poussant un petit cri apeuré.

Cependant alors qu'il s'attendait à une douleur atroce du à l'impact de la balle sur son corps, il s'aperçut qu'il n'en était rien. Le bouclier de Sihat avait rempli son office et avait dévié la balle qui s'était logée dans un des murs du bureau. La marque sur son épaule luisait d'une lumière bien plus vive avant de s'estomper peu à peu. Yoreck se releva et se mit à crier sur Linda ;

Mais vous êtes complétement cinglée ! Vous m'avez tiré dessus ! Qu'est ce qui vous a pris de faire ça ?

Yoreck se mit soudain à réfléchir à sa propre question et la réponse lui parut aussi évidente que le symbole sur son épaule.

Non mais je rêve ? Vous avez fait ça pour ... tester la véracité de mes propos sur cette marque ?

Yoreck était tellement en colère envers Linda qui aavit pris le risque de le tuer éventuellement au pris de suppositions hasardeuses qu'il ne laissa échapper une insulte envers elle.

Vous n'êtes qu'une ... Gorzmuk !

Il se calme cependant peu à peu car il y avait finalement eu plus de peur que de mal, mais il avait vraiment eu peur sur le coup.

Ne refaites plus jamais ça par pitié et par égard pour ma propre santé.

Linda n'allait vraiment pas par quatre chemins pour vérifier ses théories, théories qui le plus souvent n'étaient jamais certaines à plus de 50%. Yoreck se calma finalement, essayant d'oublier ce qui s'était passé il y a quelques minutes, s'excusant même au passage d'avoir été sur les nerfs car après tout lui non plus ne faisait pas le fier et pleurnichait comme un enfant il y aquelques minutes.

Vous parliez de manger tout à l'heure. Sortons nous quelque part en ville ? Si c’est le cas je vais mettre une tenue pour sortir dehors, je vous attendrai à la réception de l'immeuble si je suis prêt avant vous.

Et Yoreck se dirigea vers la porte du bureau sans se douter que Linda allait le retenir afin qu'il ne sorte pas habillé comme un voyou de banlieue. La soirée n'allait pas être de repos pour le jeune Gnoll.

Pas la véracité, Yoreck. Uniquement pour te montrer que tu as survécu à une chose qui semble exister depuis bien plus longtemps que tout ce que je connais. Ce bouclier est un don, Yoreck, il ne tient qu'à toi de t'en servir pour le bien des autres. Qu'il s'agisse de Gnolls, d'Humains ou de tout autre espèce ayant besoin de voir ce que tu as vu.

Linda posa le pistolet sur le bureau et revint en face de Yoreck pour poser les mains sur ses épaules.

Tu es la preuve que ce monde peut vivre en paix.

Elle lâcha Yoreck et se dirigea avec lui vers l'ascenseur lorsqu'il reparla du déjeuner. Bien évidemment, elle ne lui dirait pas que le temps passé dans la limousine servirait à l'habiller, ce serait un risque de le perdre.

Elle ne dit pas un mot de plus jusqu'au parking, sa méfiance avait refait surface. Peut être qu'elle commencerait à lui parler une fois dans la voiture... peut-être pas, elle ne savait pas encore. Tout ce qu'elle savait c'était que cet endroit commençait à la rendre dingue. Des choses n'allaient pas, des dossiers bougeaient sans qu'elle ne se souvienne les avoir consulté. Ceux sur les Agents principalement.

Une fois dans la voiture, elle sortit son téléphone et composa l'un des numéros rapide.

Emile, c'est Linda. Je voudrai que tu me prépares la table, nous arrivons dans une vingtaine de minutes. Merci, tu es un amour. Je t'embrasse, à tout de suite.

Elle raccrocha et se tourna vers Yoreck.

Déshabille-toi, le restaurant où nous allons est parmi les plus chic de Paris.

Joignant le geste à la parole, elle retira sa chemise et sa jupe pour prendre une robe violette sans décolleté.

En se dirigeant vers la porte de l'entrée du bâtiment, Yoreck se remémora toutes les paroles de Linda. Cette dernière croyait vraiment en lui et encore plus maintenant qu'il avait ce don que lui avait accordé Sihat. Ce bouclier capable de bloquer toute attaque physique à son encontre. Linda avait raison, il ne tenait qu'a lui de rendre ce monde meilleur et de le protéger coûte que coûte.

Le Gnoll s'installa dans la limousine aux cotés de Linda qui de son coté faisait jouer de ses relations pour avoir une table au fameux restaurant ou ils allaient dîner. Une fois le téléphone raccroché, Linda ordonna à Yoreck de se déshabiller afin d'enfiler une tenue plus appropriée, car l'établissement dans lequel ils allaient manger avaient une certaine définition de l'élégance qui était inconnue pour le Gnoll. Devant ses yeux apparut un ensemble complet composé d'un costume et d'un pantalon brun d'une chemise blanche d'une ceinture et de chaussures en cuir cirées à la perfection.

Tout en prenant les vêtements offerts par Parmingo dans ses bras pour se changer, le Gnoll tourna la tête vers Linda. Cette dernière enfilait elle aussi une tenue plus appropriée pour l'occasion : une superbe robe violette sans décolleté allait remplaçait le chemisier qu'elle portait dans son bureau il y a quelques minutes. Linda s'était même déshabillé entièrement sans aucun complexe devant les yeux de Yoreck lui faisant profiter d'un spectacle auquel il ne s'attendait pas. Ce dernier resta à la fixer, la bouche à moitié ouverte tel un poisson hors de l'eau avant de reprendre ses esprits et de détourner la tête, honteux d'avoir observé la nudité de Linda pendant si longtemps.

Il s'habilla donc en essayant d'oublier la vision du corps nu de Linda. Le déshabillage ne fut pas des plus aisés, Yoreck manquant de tomber à chaque virage. Il se déshabilla entièrement d'ailleurs au début avant de remarquer qu'aucun sous-vêtement ne se trouvait dans les affaires prêtées par Parmingo. Il offrit donc le temps de retrouver son caleçon la vision de son corps nu à Linda pendant quelques minutes. Il réussit à s'habiller tant bien que mal et ce, sans avoir eu besoin de faire une ouverture à l'arrière du pantalon pour sa queue car celle-ci était déjà présente. Ayant achevé l'épreuve de l'habillage, il regarda Linda qui lui offrait un regard amusé probablement du au fait de s'être débattu autant pour enfiler ses nouveaux vêtements.

Je me demande comment font les humains qui portent ce genre de tenues, ce n'est absolument pas pratique à enfiler en particulier lorsqu'on se change dans une voiture qui emprunte beaucoup de virages.

Il rendit tout de même un sourire à Linda et en profita pour l'admirer dans sa somptueuse robe violette. Malgré le fait qu'elle ait forme humaine il ne put s'empêcher de la trouver très belle dans sa tenue pour aller dîner.

Vous êtes ... ravissante ... si je puis me permettre.

Si les Gnolls pouvaient rougir, Yoreck aurait probablement pris quelques couleurs à l'heure qu'il était. Seul un léger frémissement de ses oreilles se fit sentir trahissant une légère timidité vis à vis de Linda particulièrement mise en valeur ce soir là. Finalement la limousine s'arrêta et le chauffeur sortit pour ouvrir la portière aux deux passagers. Visiblement la suite de la route se faisait à pied. La rue était magnifique, si richement décorée que Yoreck sembla comme un enfant dans l'atelier du Père Noël. Cependant quelque chose attira son attention. Au loin des voitures de police et des ambulances reconnaissables par leur gyrophare étaient attroupées au niveau de l'entrée d'une résidence de la rue. Et plus il s'en approchaient plus Yoreck distinguait une odeur particulièrement claire qu'il connaissait bien.

Linda vous sentez ce que je sens ? Qu'est ce qui a pu se passer ici ?

Si Linda avait l'habitude de se changer en quatrième vitesse sans rien omettre, il n'en était pas de même pour son jeune ami et cela lui tira un sourire. Une fois le Gnoll habillé et, malgré ses protestations quant à la tenue qu'elle lui avait choisi, à nouveau assis, elle put remplir de coupe de champagne et en donner une à Yoreck.

Je ne pouvais décemment pas te laisser aller seul, habillé comme tu l'es, dans un restaurant chic. N'oublie pas que les humains viennent de perdre leur gouvernement, même s'ils font pour le moment comme ils peuvent pour ne pas changer de mode de vie, ce moment ne va pas tarder et... Beaucoup mettront ça sur le dos des non-humains.

La vérité était dure à dire, même pour elle en dépit de tout ce qu'elle avait vu jusque là. Mais elle n'eut pas le temps de déguster son champagne, la voiture venait de s'arrêter au milieu de la rue sans raison apparente. Alors qu'elle allait demander à son chauffeur ce qu'il se passait, la portière de son côté s'ouvrit sur ce dernier.

Et bien, que ce passe... Non... Non, non !

Sans attendre Yoreck, Linda sortit de la voiture pour se diriger vers le centre de l'odeur qu'elle avait reconnu. Le Gnoll avait suivi et il semblait sentir la même chose qu'elle. Beaucoup de sang. Un véritable carnage.

Un loup-garou vient de se faire massacrer. Je n'avais encore jamais senti autant de leur sang. Qui a pu faire ça... ?

Les policiers sur place ne tardèrent pas à leur jeter des coups d'oeil de plus en plus pressant, assurément à cause de Yoreck, mais Linda se ressaisit et poussa légèrement son ami dans la direction du restaurant.

Un mystère à résoudre une autre fois. Par ici.

Quelques mètres plus loin, le restaurant leur ouvrit ses portes. A cette heure, il n'y avait que peu de monde. Au vu des circonstances, encore moins qu'à l'accoutumée. Une demi-douzaine à tout casser, ce ne serait que mieux pour déjeuner tranquillement.

Un homme grand, musclé, presque une armoire à glace arriva devant eux, jaugea rapidement Yoreck et lui offrit un sourire chaleureux avant de prendre Linda dans ses bras et de lui coller deux bises sur chaque joue qu'elle lui rendit au comptant.

Emile, je te présente Yoreck. Yoreck, je te présente Emile. C'est un H'Noss. Je me suis dit que ce serait mieux pour une première fois en public.

Emile les accompagna jusqu'à une table dans le coin le plus éclairé de la salle, proche du piano à la disposition des clients et des sorties de secours en cas de soucis. Linda s'installa après avoir pris la température des clients à l'arrivée de Yoreck. Trois jeunes humains ne semblaient pas plus surpris que ça, mais en voyant les verres sur la table, elle mit ce manque de réaction sur le dos de l'alcool.

Apporte nous tes petits canapés au fromage fondu, Emile. Je suis sur que Yoreck va adoré !

Un loup garou ? Ici ?

Yoreck n'en crut pas ses oreilles. Un loup-garou autre que celui qui était enfermé à Parmingo se trouvait dans Paris et vu l'odeur de sang très forte qui piquait les narines de Yoreck, il ne devait plus en rester grand chose. Pourtant, il ne parvenait pas à discerner l'odeur caractéristique de ce dernier. L'odeur de sang, ainsi que celles des humains camouflaient cette dernière pour Yoreck. Quand à identifier l'odeur du meurtrier c'était également chose impossible. Yoreck voulut demander à Linda si elle sentait l'odeur du meurtrier mais il n'en eut pas l'occasion car la Vi'aan poussa le Gnoll dans la direction du restaurant. Elle avait sans doute bien fait car le regard des policiers sur Yoreck n'avait pas l'air des plus amicaux et vu ce que Linda avait dit dans la voiture, il fallait éviter de chercher des ennuis.

En entrant dans le restaurant, Yoreck fur émerveillé par la beauté de celui-ci. Tout est richement décoré, des meubles en bois exotiques, des rideaux de velours rouge, des dorures sur tous les murs. Pas de doute cet endroit est très luxueux. Devant eux se tenait une impressionnante masse de muscles à l'air patibulaire qui leur barrait la route. Pourtant malgré son physique d'armoire à glace, l'homme adressa un sourire à Yoreck avant de prendre Linda dans ses bras pour lui faire la bise sur chaque joue. Linda fit les présentations entre les deux hommes auquel Yoreck répondit par un timide :

Enchanté de vous connaître

L'homme acquiesça poliment sans dire un mot en souriant puis les conduisit à leur table qui jouxtait un magnifique piano à queue noir. L'endroit bien que magnifique ne semblait pas très fréquenté. Yoreck ne compta en tout que 6 personnes, dont 3 d'entre elles qui se trouvaient non loin de leur table ne semblaient nullement étonnées de la présence d'un Gnoll dans le restaurant. Yoreck fixa d'ailleurs attentivement l'une de personnes assit à cette table, elle lui rappelait vaguement quelqu’un mais qui il ne ne s'en souvenait pas. L'avait-elle croisé en Afrique, ou bien était-ce durant la folle escapade parisienne avec Sihat ?

Il n'eut pas le temps de chercher davantage que Linda demanda à Emile, l'homme qui les avait accueillis d'apporter des canapés au fromage fondu. Yoreck fut intrigué par ce nom.

Je croyais que les canapés étaient faits pour s'asseoir, j'ignorais que les humains les mangeaient aussi.

Mais il fut soulagé de s'être trompé lorsque l'on apporta les dits canapés sur la table. Il ne s'agissait en fait que de petites bouchées fondantes au fromage. Yoreck en prit d'abord une pour goûter et trouva ça délicieux. Il fut tenté d'en prendre une grande poignée mais se ravisa vite car il devait quand même en laisser pour Linda. Cependant, Linda claqua des doigts et fit les gros yeux lorsque Yoreck fit sauter un canapé directement dans sa gueule pour le manger. Pour tenter defaire oublier à Linda cette bévue il lui dit :

J'ignorais qu'il y avait d'autres non-humains à Paris, en particulier un H'noss. Vous connaissez Emile depuis combien de temps ?

Tandis que Linda lui répondait, le dénommé Emile revient à leur table avec les menus. Yoreck remercia Emile avant de parcourir le menu avec attention; Cependant, il fut rapidement perdu car beaucoup de termes lui étaient étrangers comme "foie gras" ou "chutney" ou encore "émulsion". Il comprit rapidement cependant que le repas serait constitué d'une entrée d'un plat, d'une assiette de fromages puis de desserts. Puisqu'il fallait d'abord chosiir les entrées, il demanda conseil à Linda sur le sujet :

Dites moi Linda, est ce que vous me conseilleriez les escargots aux deux coriandres et son mini risotto ou bien l'assiette de foie gras aux truffes avec son chutney de mangue ?

D'un signe de la main, Linda demanda à Emile d'apporter deux verres du whisky qu'elle prenait chaque fois. Elle connaissait le menu et Emile savait parfaitement ce qu'elle prenait aussi n'avait-il donné un menu à Linda que pour accompagner celui de Yoreck.

Le foie gras est délicieux. Je n'ai jamais aimé les escargot personnellement, on ne sait jamais dans quel sens le prendre.

L'allusion sexuelle à l'hermaphrodisme des escargots était peut être trop travaillée. Tant mieux, elle n'aurait ainsi pas à s'en expliquer !

Son regard se durcit, elle pouvait parler ici en toute sécurité, elle le savait. Un rapide coup d'oeil aux trois jeunes humains buvant, riant et parlant de la grossesse de l'une d'elle (ce qui tira un léger sourire à la Vi'aan), afin de s'assurer qu'ils ne l'écouteraient pas et elle se lança.

Tu m'as demandé qui étaient les Hawkis et leurs agents. Ce sont les pions des Neuf.

Emile apporta les verres et prit commande de l'entrée de Yoreck avant de repartir en cuisine, ce qui permit à Linda de continuer.

Depuis maintenant vingt mille ans, les Hawkis effacent toutes traces de la présence des autres peuples aux humains sur ordre des Neuf en attendant ce jour. Et elles envoient leurs agents, des groupes de neuf personnes de toute provenance, humaine ou non, régler les affaires que leur pouvoir sur la mémoire des autres ne peuvent gérer.

Linda but une gorgée du whisky pour se donner un peu de courage et reprit sans laisser le temps à Yoreck de poser de question avant qu'elle n'ait fini.

Au cours de la dernière décennie, l'équipe des agents actuels a été pratiquement décimée par l'une d'entre eux et... Yoreck, je crois que le loup garou mort que nous avons senti tout à l'heure était la dernière agent fidèle aux sirènes. Je n'ai aucune idée d'où se trouve la rebelle, ni même à quoi elle ressemble. Tout ce que je sais, c'est qu'elle s'appelle Morgan Ney et que c'est une Humaine.

Linda ne remarqua pas l'une des humaine se lever sous les encouragements de ses amis pour jouer du piano. Elle sourit tristement à Yoreck.

Si tu as des questions... Vas-y.

Alors que les entrées qu'ils avaient commandées arrivèrent sur la table, accompagnée d’une bouteille de whisky et de deux verres, Yoreck réfléchit quelles questions il pouvait poser à Linda dans le but d'éclairer se lanterne.Finalement il demanda :

Et ces fameux agents, ils n'ont jamais essayé de vous tuer ? Pas même une seule fois ? Je veux dire, vous possédez une immense fortune, une société dans toutes les villes du monde, vous avez des milliers de gens à vos ordre, vous êtes une Vi'aan ... Que leur faut-il de plus comme raison pour tenter de vous tuer surtout si ils sont aussi dangereux et aussi entraînés que vous le prétendez ?

Yoreck commença à manger dans son assiette, histoire de pouvoir goûter à la si renommée cuisine gastronomique des humains. Le foie gras aux truffes était absolument savoureux et la touche de mangue apportait une saveur particulière mais pas déplaisante à l'ensemble, Yoreck était ravi et en profita pour poser une autre question à Linda :

Et puis, pour quelle raison cette Morgan Ney aurait-elle trahi les siens, n'est ce pas s'exposer à de grands risques de sa part ? Et comment pouvez-vous être sûr que ce loup-garou qui a été assassiné dans un appartement de cette rue était bien un agent des sirènes ou qu'elle a été tué par cette Morgan Ney ?

Yoreck marqua une pose dans cette longue série de questions pour laisser Linda répondre. Il se servit un verre de whisky dans le but de goûter ce breuvage alcoolisé qui lui était inconnu. Mais à peine eut il pris une première gorgée que Yoreck eut l'impression d'avoir la gorge en feu, l'alcool était beaucoup trop fort pour lui et il se retint de na pas vomir immédiatement ce qu'il avait ingurgité dans le pot d'une orchidée située derrière lui. Il se ressaisit finalement mais il avait très chaud et ne sentait pas forcément au mieux. Il dit à Linda d'une voix rauque :

Par les ancêtres qu'y a t-il donc là dedans ? De l'essence ? de la nitroglycérine ?

Heureusement quelques minutes après, il alla beaucoup mieux, le "poison" avait finit d'appliquer son effet dévastateur sur le corps de Yoreck

Vous n'auriez pas un peu moins fort pour moi Linda, je crois que je ne risque pas de terminer le repas si ça continue.

Il détoura par ailleurs son regard de Linda pour tenter de savoir d'ou provenait la musique qui arriva subitement à ses oreilles. Il vit que l'une des humaines de la table derrière lui, s'était installée au piano et commençait à jouer une douce mélodie qui s'accordait beaucoup à l'ambiance calme du restaurant. Il se concentra d'ailleurs quelques secondes sur cette musique avant de reporter à nouveau son regard sur Linda qui devait lui fournir les réponses à ses questions.

La première question était pour le moins compréhensible, bien que la raison pour laquelle les sirènes n'avaient jamais tenté de la tuer était extrêmement délicate. Cette même raison qui l'avait poussé à créer et développer Parmingo pour que cette société atteigne les proportions actuelles.

Je travaille pour elles.

Voilà qui était dit. De but en blanc. Ou de champagne en whisky. Au choix. Toujours était-il que cette révélation était des plus top-secrète. Et c'était même là ce qui l'avait poussé à ne pas en parler dans son bureau.

J'ai conclu un accord avec les Hawkis, le véritable nom des Sirènes, à la fin de la guerre de l'Accord, il y a un peu plus de 20.000 ans. Je leur permettais d'utiliser mes fonds et ma demeure pour qu'elles puissent cacher leurs agents entre deux missions et, en échange, elles me laissaient me mêler aux Humains et tenter de diriger leur évolution vers quelque chose de moins sanguinaire de ce qu'ils étaient durant et avant la Guerre. Je pense que j'ai plutôt bien rempli cette part du contrat.

Evidemment, les humains étaient tout de même attiré par la guerre, mais même elle ne pouvait pas empêcher la véritable nature d'un peuple entier d'apparaître. Une fois cette révélation faite, elle passa à la seconde question, comme si de rien n'était. "Qui est Morgan Ney ?"

Pour le loup garou, je le sais parce que j'ai senti son odeur un peu partout en ville depuis l'an dernier. Un odeur de peur, de paranoïa... Elle fuyait quelqu'un, je ne savais pas qui jusqu'à aujourd'hui. Il n'y a que Morgan Ney qui a pu tuer cette bête. Je n'ai jamais montré à personne comment tuer un loup-garou, mais les sirènes le savent. Elles ont dû lui apprendre. Et... la quantité de sang que nous avons senti dans la rue tout à l'heure... Elle était transformée quand elle a été tué. C'est pour cette raison que je sais que c'était cet agent rebelle.

Et c'était bien quelque chose qui l'inquiétait, car cela voulait aussi dire qu'elle était en ville.

Il va falloir que nous la traquions, Yoreck. On ne peut laisser une machine à tuer comme elle se promener dans Paris à sa guise. Elle est dangereuse.

Linda allait rajouter qu'elle avait peur de cette Morgan Ney, mais la réaction de Yoreck à sa première gorgée de whisky le lui fit totalement oublier. Elle en ria, même.

C'est du whisky, Yoreck. L'un des alcool le plus raffiné du monde, qu'il s'agisse d'alcool humain ou non. Mais soit, tu demanderas à Emile qu'il t'apporte quelque chose de moins fort que du whisky, mais plus goûteux qu'une bière. Du vin peut-être... Non, laisse le décider, il a très bon goût.

Ce rire avait aussi permit à Linda de prêter attention à ce qu'il se passait dans la salle, chose qu'elle avait arrêté de faire en commençant à parler à Yoreck de ce qu'il se passait vraiment dans les coulisses du monde. La musique qui emplissait la salle était dynamique et accompagnée de rire des deux humains encore à la table alors que la jeune pianiste s'était mise à chanter. Bien qu'elle ne reconnaisse ni les paroles, ni le thème musical, la Vi'aan était pour le moins attiré par cette musique.

Jusqu'à ce que son téléphone se mette à vibrer. Elle se leva précipitamment en l'attrapant pour ne pas interrompre la pianiste, fit un signe du doigt à Yoreck pour lui dire qu'elle devait prendre l'appel et sortit du restaurant en décrochant.

La première révélation que fit Linda laissa Yoreck sans voix. Si il avait été un personnage de dessin animé, cela aurait été le moment ou ses yeux sortent de leurs orbites et sa langue se déroule jusqu'au sol du restaurant. Linda Parsten avait un accord avec les sirènes. Un accord dans lequel YOreck avait l'impression que Linda avait été la grande perdante. Faire évoluer les humains vers quelque chose de moins sanguinaire ? Les humains avaient subit deux guerres mondiales au cours du siècle dernier, sans compter l''équilibre de la terreur provoqué par l'arme nucléaire. Un équilibre fragile dans lequel chaque puissance pouvait déclencher l'holocauste. En un mot les sirènes avaient bien profité de Linda, cela le mit quelque peu en rogne.

Vous avez laissé ces sirènes et leurs agents faire tout ce qu'il voulait à leur guise avec pour ça votre protection contre une vague promesse de redonner à l'humanité un semblant de sagesse ? Vous vous fichez de moi ?

Mais comment en vouloir à Linda ? Peut-être avait-elle vraiment cru pouvoir aider les humains, les préparer tranquillement au retour, apaiser la haine et la xénophobie qui les rongeait. Mais tout le contraire s'était produit. Elle avait sans doute fait de son mieux, tenter de faire évoluer l'humanité dans le bon chemin. Et il était là à la blâmer d'avoir voulu ce qui lui-même aurait peut être voulu à sa place.

Je ... excusez-moi Linda, c'est juste que ... je ne m'attendais vraiment pas à ce genre de révélation ... les humains ont sans doute raison lorsuq'ils disent que toute vérité n'est pas bonne à entendre.

Elle parla ensuite de la louve-garou et de Morgan Ney plus en détail. Une machine à tuer , qu'il fallait arrêter le plus tôt possible selon Linda. Yoreck commençait à en avoir assez de tous ces tarés qui se promenaient en liberté détruisant tout sur leur passage, se moquant bien de la vie des innocents. D'abord cela avait été le H'mok, ensuite Sihat et maintenant cette Morgan Ney. Les choses ne s'arrangeaient décidément en rien. En fait Yoreck n'aurait pas vraiment été surpris si d'un coup, un autre ennemi public n°1 faisait son entrée dans le restaurant.

Linda semblait cependant assez calme, malgré le fort tempérament de Yoreck, était-ce la musique et la chanson de la pianiste qui avait un effet apaisant sur elle ? Quoi qu'il en soit la musique était il devait le reconnaître plutôt joyeuse. Tandis que la Vi'aan sortit dehors pour répondre à un coup de téléphone urgent, Yoreck demanda à Emile si il ne pouvait pas lui donner quelque chose de moins fort et de meilleur qu'un whisky. Puis il se leva de table pour s'approcher un peu plus de la pianiste afin de profiter au mieux de la chanson joyeuse que celle-ci offrait à l’assistance. Emile revint bien vite avec un verre de kir pour Yoreck, le Gnoll goûta avec joie la nouvelle boisson et la trouva fort délectable. Il remercia grandement Emile puis se dirigea vers la pianiste dans le but de la saluer courtoisement.

Cette dernière, voyons le Gnoll approcher, rendit son salut par un petit signe de tête sans pour autant arrêter de jouer et de chanter. Le Gnoll décida d'aller un peu plus loin et se présenta à la jeune pianiste.

Bonsoir, Mon nom est Yoreck. Je vous écoute jouer depuis tout à l'heure et je dois dire que c'est un vrai régal.

Merci, Yoreck. C'est un plaisir d'avoir des admirateurs. Plus encore quand il s'agit d'un Gnoll.

La réponse de l'humaine fit l'effet d'un choc électrique pour Yoreck. Comment avait-elle su qu'il était un Gnoll.

Vous ... vous savez ce que je suis ?

Evidemment, il faudrait que je sois une ermite pour ne pas connaitre les Gnolls, même sans jouer aux jeux vidéos.

Elle ajouta également un sourire taquin à ses paroles. Yoreck sentait une grande aura mystérieuse autour de cette femme mais bon au moins elle ne cherchait pas à tuer tous les gens par pure haine c'était déjà ça de gagné. Il décida donc malgré cette surprise de continuer la conversation

Quel est votre nom au fait ?

Qui est cette Morgan Ney dont toi et ton amie parliez à l'instant ? S'il y a une tueuse en ville, je préfèrerai le savoir avant de donner mon nom à toutes les personnes en costumes que je croise, tu ne crois pas que ce serait plus prudent ?

Eh bien euh c'est apparemment la personne que la police recherche pour ce qui est arrivé plus bas dans la rue. Enfin je crois.

La jeune femme avait visiblement écouté la conversation qui avait eu lieu entre lui et Linda. Mais le fait que la pianiste le prenait pour quelqu'un de costumé fit sourire Yoreck. Aussi dit-il une phrase qu'il jugea mystérieuse à la musicienne.

Et qui vous dit que c'est un costume ?

Et qui te dis que je ne suis pas cette Morgan Ney que tout le monde semble rechercher ?

Cette dernière phrase prononcée par son interlocutrice le laissa quelque peu sans voix. Et pourtant elle avait absolument raison. N'importe quelle femme non loin de la rue ou avait eu lieu le meurtre pouvait être Morgan Ney. Mais ce qui avait plus ou moins marqué Yoreck dans ce qu'elle venait de dire, ce n'était pas la phrase mais le ton qu'elle avait employé pour le dire. A moins qu'elle disait la vérité mais cela semblait impossible à ses yeux. En clair, l'esprit de Yoreck était embrouillé. Cependant un détail sur la jeune femme l'interpelle et le Gnoll déclara en montrant le ventre de cette dernière:

Si Morgan Ney est bien le monstre que l'on me décrit cela ne peut être vous. D'ailleurs mes félicitations pour cet heureux évènement .

A cette remarque, l'humaine se mit rire à la truffe de Yoreck.

Pourquoi riez-vous ?

Tu ne trouves pas que tu vas trop vite en conclusion ? Si Morgan Ney est si dangereuse, je ne pense pas qu'elle soit gênée par trois mois de grossesse. Je ne le suis pas.

C'est vrai et dans ce cas je vais vous poser une seule, une simple question. Êtes-vous oui ou non Morgan Ney ?

Ann, il est temps d'y aller.

La jeune femme se leva et se dressa sur la pointe des pieds pour arriver aussi près que possible de l'oreille de Yoreck.

Je peux être Ann, ou je peux être Morgan Ney, à toi de décider qui je suis, Yoreck.

Et sur ces mots, elle quitta le restaurant accompagnée de ses deux amis. Au moment même où ils quittèrent le restaurant, Linda rentra à l'intérieur. Elle avait apparemment fini de téléphoner. Toujours pensif, Yoreck demanda à Linda :

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