[Parmingo, Hambourg & Paris] Un retour à la routine. Ou presque.

Hambourg, premier port d'Allemagne. Selon les registres, Parmingo avait été implanté dans cette ville et non dans la capitale allemande pour cette seule raison : l'accès direct à la mer du Nord.

Eric Marks, le chef de la sécurité du siège Parisien de Parmingo avait été promu le jour du nouvel an "Premier chef de la sécurité du groupe Parmingo" ce qui signifiait en fait qu'il était désormais responsable de chaque branche entrainement & équipement de chacun des sièges de la multi-nationale.

Bien qu'il n'ait jamais entendu parler du poste qu'il occupait maintenant, la nouvelle avait été reçu avec un certain plaisir pour l'ancien militaire. Il avait pris cela comme une marque de confiance de la P-DG, elle lui confiait les choix tactiques et donc les décisions qui s'en suivaient. Pour un autre homme cela pourrait paraître peu, mais définitivement pas pour Marks.

Il était donc en Allemagne, tout début de sa tournée d'inspection, le 5 Janvier -jour de la fameuse "prise d'otage" au siège parisien de Parmingo. Lorsque l'information parvint à Hambourg dans l'après-midi qui suivit le drame, un noeud se forma dans l'estomac d'Eric Marks. Il avait été promu chef de toutes les sécurités, enjoint par Linda Parsten à commencer sa première tournée mondiale dans les jours qui suivirent et il n'avait pas vérifié son propre système de sécurité.

Une chose qu'il s'empresserait de mettre aux normes dès son retour, qu'il jugea nécessaire, laissant alors le reste des visites pour une autre fois.

Mais les choses ne se déroulent pas toujours comme on les prévoit, et ce fut donc ainsi qu'une alarme se déclencha dans le système interne qui était censé sécuriser le bâtiment. Il fallut un peu plus de 15 heures aux agents de Parmingo pour fouiller l'entièreté du bâtiment et découvrir que l'alarme n'avait été provoqué que par une baisse de tension du système et qu'il ne s'agissait donc que d'une alarme fantôme.

Le retour à Paris ne se fit donc que le 6 Janvier au matin. Un hélicoptère avait été mis à la disposition de Marks, l'avion qu'il avait pris pour venir étant indisponible pour quelques jours encore. Jours qu'il aurait du passer à étudier les bâtiments sous la protection de l'entreprise. Mais Aimeric Feuerhart, le Directeur de la branche Allemande du groupe, était lui aussi inquiet de l'état de santé de la P-DG.

L'hélicoptère le déposa sur le toit du bâtiment Parisien sur les coups de 11h du matin. Quelques uns de ses hommes, qu'il avait prévenu de son arrivée imminente, l'attendaient déjà, prêts à lui faire un résumé de la situation avant qu'il n'aille voir sa patronne.

Il était environ dix heures lorsque Yoreck décida de se lever de son lit pour commencer une nouvelle journée à Parmingo. Il avait plutôt bien dormi d'ailleurs dans ce lit confortable et spacieux. Lui qui était si habitué aux balancements de son hamac, ça le surprenait d’avoir passé une aussi bonne nuit loin de chez lui. Il repensa ensuite aux derniers évènements de la journée d'hier : son arrivée à Paris, la rencontre avec Lucy, la conférence de presse de Linda, tous ces humains qui s'agitaient dans tous les sens tels des fourmis pour défendre la reine de leur colonie. C'est peut être à cause de toute cette agitation qu'il avait si bien dormi.

Puis pour chasser le flot de ses pensées,il ouvrit la fenêtre pour avoir de l'air frais et il mit en marche son radiocassette et tomba sur un programme d'exercices physique. Il suivit le programme en effectuant une série d'étirements et autres exercices physiques qui selon les dires de l'émission devait lui garantir la forme pour la journée. Vrai ou pas, Yoreck se sentit déjà plus réveillé et c'était tant mieux, il n'avait en aucun cas envie d'être aussi tonique qu'un chewing-gum mâché par un bouledogue, car ce serait surement une journée importante.

Puis après avoir achevé la dernière série d'exercices, il se dirigea vers la salle de bains pour faire sa toilette. Il vérifia quand même avant de se déshabiller complétement qu'aucune caméra de sécurité ne se trouvait dans la salle de bains. Il utilisa donc ses lunettes de vision en mode vision électromagnétique. Il décela de nombreux dispositifs dans les murs de la salle de bains mais aucun ne ressemblait à une caméra. Yoreck se demanda si cela pouvait être les fameux dispositifs destinés à atténuer la puissance magique de ceux qui la pratiquaient. Satisfait qu'aucun garde ne se rincerait l’œil pendant qu'il serait à la douche. Il se déshabilla entièrement, entra dans la cabine et commença à se savonner partout sur son corps. Puis il ouvrit les robinets pour se rincer et profiter de la chaleur apaisante d'une bonne douche chaude. Cela lui faisait tellement de bien qu'il aurait pu rester des heures dedans mais toutes les bonnes choses ont une fin. Après quoi il se sécha, se brossa les crocs, se nettoya les oreilles ; sa routine de nettoyage habituelle.

Après s'être entièrement lavé, Yoreck décida qu'il allait jouer un peu de saxophone pour se dégourdir un peu les doigts. Il éteignit la radio qui diffusait la publicité d'une marque de chaussures et inséra une cassette dans le lecteur - vous savez ces bonne vieilles cassettes audio qui étaient là avant les CD - sortit son saxophone du sac et se mit à jouer en rythme sur un morceau d'Oscar Peterson.

Il venait d'entamer un morceau plus rythmé lorsqu'une personne toqua à sa porte et annonça :

Monsieur Yoreck, c'est le petit déjeuner, je peux entrer ?

Euh oui oui !! Entrez !

A ses mots, une femme avec un grand chariot chargé de victuailles entra dans la chambre de Yoreck escortée de deux gardes de sécurité. Par la porte, Yoreck en voyait un troisième près de l'ascenseur ainsi qu'une patrouille de trois autres déambuler dans le couloir. On dirait que depuis l'incident la garde avait été doublée et ceux-ci étaient beaucoup plus suspicieux et près à dégainer au moindre geste louche. Ce qui s'était produit avec le h'mok ne devait pas se reproduire avec Yoreck. Celui-ci par ailleurs se leva de son lit pour voir les bonnes choses que la femme avait apporté. Visiblement mal à l'aise de voir un gnoll dans la chambre, Yoreck lui sourit et commença à indiquer ce qu’il voulait manger.

Alors je vais prendre du café, et puis aussi du jus d'orange ainsi que, oui, des tartines grillés. Je vois que vous avez du miel, puis-je en avoir un pot s'il vous plaît ?

La femme surprise par la douceur et les bonnes manières de Yoreck s’exécuta et commença à préparer son plateau : elle y mit un thermos de café avec un tasse ainsi qu'un petit bol de sucre, une grande carafe de jus d'orange accompagnée d'un verre et une pile de tartines agrémentée d'un pot de miel.

C'est quoi ça dans le panier ?

Des croissants, c'est une viennoiserie typique d'ici, vous ne connaissez pas ?

Pas du tout mais j'en prendrais bien pour goûter, et ce sera tout pour moi merci.

La jeune femme donna un croissant à Yoreck puis posa son plateau sur la table basse de la chambre. Elle s'inclina ensuite en fixant Yoreck et repartit avec son chariot. Avant que le garde ne referme la porte, Yoreck lui demanda un service :

Dites vous pourriez m'apporter un journal ou deux pour voir les nouvelles ?

Le garde bien que surpris par la demande s’exécuta pendant que son collègue continua de surveiller attentivement Yoreck. Visiblement il était hors de question qu'ils se fassent avoir deux fois par le même stratagème. Puis le premier garde revint finalement avec un exemplaire du Monde qu'il tendit à Yoreck avant de refermer la porte.

Yoreck avait envie de savoir comment les journaux avaient qualifié la conférence de Linda et si son petit démêlé avec Parmingo en Tanzanie avait été relaté. Visiblement, la conférence avait rassuré la plupart des acheteurs même si certains demeuraient encore sceptiques et exigeaient des preuves plus concrètes de la bonne marche de l'entreprise. Yoreck fut attiré par un petit encadré dans l'une des pages.

"Cependant ce n'est pas le seul évènement bizarre impliquant la société Parmingo. Car peu de temps avant la prise d'otage, un autre évènement s'est déroulé dans la ville de Dar es Salam en Tanzanie. La bas, un jet privé appartenant à Parmingo avait été attaqué par des personnes d'origine inconnue. Cependant après une folle course poursuite dans les rues de la ville, le camion des suspects avait été appréhendé par les forces de Parmingo. Malgré la demande d'extraction du gouvernement tanzanien pour juger lesdits criminels selon les lois de leur pays, Les responsables de Parmingo n'ont aucunement accédé à cette requête préférant régler ce problème en interne. Nos collègues africains ont alors interrogé divers gens de la population et les hypothèses vont bon train sur l'identité des mystérieux suspects. Pour certains ce sont des terroristes extrémistes venant de RDC, pour d'autres de simples pirates de l'air qui voulaient s'approprier le jet et sans doute demander une rançon pour l’équipage. Même si le gouvernement congolais lors d'une déclaration à Kinshasa a nié catégoriquement toute implication de citoyens de son pays dans cet incident et qu'aucune cellule terroriste n'a revendiqué celui-ci, il est évident que beaucoup de personnes cherchent à nuire à l'entreprise Parmingo ces jour-ci, par ailleurs ..."

Yoreck zappa la suite de l'article qui évoquait le changement de direction au siège de Parmingo Tanzanie et n'avait plus rien d'intéressant après cela. Puis en pleine réfléxion, il entendit le bruit caractéristique des pales d'un hélicoptère de transport. Yoreck aurait même peut-être pu reconnaître le modèle à son bruit. Il se demanda qui pouvait bien débarquer à Parmingo à cette heure-ci.

A la suite de conférence de la veille, Linda Parsten et son assistante étaient partie pour un rendez-vous avec le groupe japonais Yumika. 140 millions d'euros pour récupérer du sel en quantité quasiment illimité dans la région de Kyoto, après tout la mer en était remplie, de sel !
Mais ce n'était pas tant le contrat en lui-même qui intéressait réellement Linda. Ce qui l'intéressait en réalité était le sel.

La soirée qui suivit fut bien vite écourtée pour la blonde, bien qu'elle n'était pas humaine, elle avait aussi besoin de sommeil. Un plaisir qui ne l'avait pas quitté depuis toutes ses années malgré le nombre de chose qu'elle avait vu qui auraient -et avaient- détruit l'esprit d'un humain. Du moins un de cette génération-ci. Mais depuis le 21 Décembre 2012 ses nuits n'étaient plus aussi calme.

L'année qui venait de passer depuis l'émission du signal du Retour avait débuté avec quelques remémorations de la Guerre. Linda remarqua peu à peu que plusieurs des moments qu'elle revivait dans ses rêves ne faisaient pas parti de ses souvenirs. Et, bien que la Vi'aan ait souvent de léger soucis de mémoire sur le court terme, elle n'avait jusqu'alors eu aucun souci avec la période de la Guerre ou, ce qui semblait être le cas dans le rêve qui venait de la tirer de son sommeil de manière plutôt brutale, de l'Avant-Guerre. Sauf qu'elle n'avait pas vécu cette période. Du moins selon ses souvenirs. Alors d'où pouvaient venirs ses rêves ? Des prémonitions ? Une atteinte plus profonde de sa mémoire, peut-être même ?

Linda quitta donc son lit et enfila rapidement une chemise de nuit de la fin des années 1900 alors que les portes -de la zone amménagée en petit appartement au dixième étage de Parmingo qui servait de chambre à Linda lorsqu'elle ne prenait pas le temps de rentrer chez elle- s'ouvraient sur Jeanne qui apportait le thé et les nouvelles. Notamment celle qui concernait le retour d'Eric Marks à l'instant où elles parlaient.

Merci Jeanne. Je voudrai que tu le fasses venir ici, ainsi que Lucy et le gnoll Yoreck. Mais il faut que je parle à Mr. Marks avant qu'il ne recontre Yoreck.

Linda ponctua sa demande d'un sourire à la jeune femme avant d'aller remplir la tasse à la droite de la théière. Elle s'installa ensuite dans l'un des fauteuils de la pièce pour attendre son premier invité.

Lucy avait juste eu le temps de se coucher, avant de sombrer dans le noir le plus total. Dans ses rêves, la terre était asservie par des Gnoll furieux en guerre avec des h'moks qu'elle n'arrivait pas à imaginer autres que sous les traits de Léandre Grandet. Se ressemblaient ils tous ? Etaient-ils réellement sous forme humaine, ou n'était ce qu'une combinaison qu'il pouvait enlever comme bon leur semblait. Et Linda, qu'était elle ? Des rêves la décrivait comme attaquée par le H'moks, qui lui tirait une balle dans la tête avant de s'enfuir dans une soucoupe volante.

On ne contrôle rien de son esprit quand celui-ci est endormi.

Elle se leva tôt, ce matin là, pour lire les nouvelles dans les journaux. On y parlait de la conférence d'hier, qui faisait la une. Le monde économique semblait sauvé. Mais la race humaine courrait un danger plus grave, il fallait s'en douter. Linda parlait de "fin du monde tel qu'on le connaissait". Lucy aimait bien ce monde, celui qui lui permettait de sentir l'odeur des fleurs, de se dépenser dans son boulot, de voir des gens qu'elle aimait tout les jours. Elle ne voulait pas que ça change, même si ce monde était pourri pour beaucoup.

Elle prit une douche rapide et enfila une des traditionnelle petite robe noire de chez Lagerfeld. Lucy était bien payée, Linda rémunérait cher ses assistants. Et c'était un salaire mérité. Mais jamais elle n'aurait songé en demander plus. De toute manière, elle s'achetait rarement des vêtements, elle n'en avait pas le temps, tout simplement.

Elle croisa Jeanne au bureau, quand elle arrivait (vers 7h). Cette dernière lui apprit que Eric Marks, le chef de la sécurité était revenu et que Linda voulait les voir. Une réunion allait avoir lieu. Lucy se fit un café serré, lut les directives financières en vitesse et alla directement au bout du couloir. Le garde lui ouvrit la porte, la laissant entrer dans un appartement tout à fait cosy et chaleureux, là où vivait Linda quand elle ne rentrait pas chez elle.

Lucy la salua, et chercha Eric du regard. Il n'était visiblement pas arrivé. Elle s'approcha de Linda, qui buvait son traditionnel thé et s'installa dans un fauteuil, dossier en main. Autant aller droit au but :

Je suppose qu'après avoir sauvé le monde d'une crise financière, nous allons devoir nous atteler à réduire la menace que représente toutes ces... créatures ?

Yoreck n'était pas encore là, bonne nouvelle. Elle allait pouvoir parler librement sans risquer de choquer l'invité de Linda.

Le rapport de ses hommes poussa un instant Eric à les envoyer dans un asile de désintoxication, ou tout du moins leur faire suivre un thérapeute.

Une voiture volante ? Un homme entre la vie et la mort suite à un simple contact avec le responsable de la tuerie qui avait ramené le chef de la sécurité à Paris ? Un homme à l'apparence de hyène ? Et quoi encore, découvrir que sa patronne n'était pas humaine.

Non, c'était définitivement impossible. Mais son scepticisme ne l'empêcherait tout de fois pas de vérifier les dires de ses hommes. Si tous étaient identiques, il n'y avait pas trente-six solutions. Soit ils disaient la vérité -ou ce qu'ils considéraient comme telle-, soit il y avait un souci plus grand que celui apparent, ce qui était le cas en général.

Bien. Il faudra que je vois de moi-même les vidéos de sécurité ainsi que les occupants du quatrième et du cinquième étage.

Sur ces mots, il s'engouffra à l'intérieur du bâtiment, cage des escaliers, pour se rendre dans son bureau. Au milieu de sa descente, son téléphone se mit à sonner.

Marks.

Eric ne mit que quelques secondes avant de reconnaître la voix de Jeanne qui lui annonçait que Linda souhaiter le voir dans la suite qui lui servait d'appartement de secours.

Elle a demandé quelqu'un d'autre ?

Un mot, un mot que tira un léger sourire au soldat. Il raccrocha dans un "Très bien." et reprit sa descente pour arriver au dixième étage. une fois dans le couloir principal de l'étage, il se rendit tout d'abord dans son bureau. Il attrapa le pad lié au système de sécurité -une salle de contrôle dans la poche si vous préférez-, il retira sa veste qu'il prit soin de placer sur le dossier de son fauteuil avant de finalement repartir et se rendre deux bureaux plus loin : le bureau de Linda, seul accès à la pièce dans laquelle elle lui avait demandé de venir.

Lucy était déjà présente, mais il fut stopper dans son salut par la tenue de Linda. Qui se résumait visiblement à une tenue de nuit. Néanmoins, il ne laissa rien paraître et salua les deux femmes sobrement. Marque de fabrique d'Eric Marks.

Un sourire sur le visage de la Vi'aan lorsque Lucy arriva. Elle n'avait visiblement -olfactivement serait plus approprié en fin de compte- pas tout à fait bien digérée les découvertes de la veille. Il n'y avait plus, pour Linda, qu'à espérer que son assistante supporte mieux le choc avec plus d'informations.

Alors que Lucy semblait déjà se lancer dans la conversation qu'ils auraient durant les prochaines heurs, Linda buvait son thé en observant chaque détail de son assistante. Oui, niveau attention c'était pas le top !

Du thé ?

Ou comment dire "Détends toi, nous allons attendre Eric et Yoreck avant de parler de quoi que ce soit d'important." en deux mots. Mais il ne s'agissait d'ailleurs pas d'une question à l'attention de la jeune assistante car déjà la Vi'aan remplissait une nouvelle tasse de thé pour la déposer devant Lucy. Elle remplit d'ailleurs une troisième tasse avant de se réinstaller.

Eric est devant la porte.

Et comme pour confirmer sa phrase, deux coups se firent entendre à la porte ouverte sur Eric.

Bienvenue à Paris, Eric. Installez-vous, je vous en prie.

D'un geste du bras elle indiqua l'un des trois fauteuils encore libres. Ainsi que la tasse de thé fumante.

J'imagine que vous n'avez pas eu le temps de manger, ce matin ?

Oui, bon ok, ça n'a rien à voir avec le sujet ! Mais quand même, c'est important de manger le matin.

Avant que le prochain invité n'arrive, je dois vous prévenir Eric. Il n'est pas... Humain. J'imagine que vous avez eu un rapport sur les derniers événements ? Ils sont vrais. En partie, du moins.

Linda but alors une nouvelle gorgée de thé, laissant les deux autres attendre la fin de sa phrase.

Aujourd'hui, vous serez les deux premiers humains à qui je vais parler de ma véritable nature depuis... Longtemps.

En vérité, ce "Longtemps" n'était pas si lointain que cela, quelques centaines d'années tout au plus, mais il était inutile d'en dire trop pour le moment.

Êtes-vous prêt ?

Tout en avalant son petit déjeuner, Yoreck se demanda se demanda ce qu'il ferait de la journée. Il y réfléchit tout en dégustant le croissant qu'il avait pris pour son petit déjeuner. Il le trouvait délicieux et regrettait de ne pas en avoir pris plus lorsque le chariot était passé. Finalement il décida de continuer à aménager sa nouvelle chambre à son goût. Oh il n'allait non plus tout repeindre et abattre les cloisons mais simplement accrocher quelques éléments de décoration au mur pour se sentir plus chez lui.

Yoreck avait déjà enlevé hier quelques tableaux qui n'étaient pas à son goût pour le remplacer par des plaques d'immatriculation de véhicules, des photos de lui avec sa famille et d'autres objets décoratifs. Pour tout dire le seul tableau qui avait échappé à la tempête Yoreck fut un paysage représentant une savane au coucher de soleil. Alors qu'il accrochait la bannière des Mort-Bois à la place d'une peinture cubique abstraite. La porte s'ouvrit et deux gardes armés de Parmingo entrèrent alors dans la chambre.

Il y a un problème ?

Négatif, nous avons simplement ordre de vous escorter jusqu’à Mme Parsten, car elle requiert vous présence.

Et pour quel motif ?

Nous l'ignorons, nous avons juste ordre de vous escorter jusqu'à son bureau, veuillez nous suivre.

Yoreck finit d’accrocher rapidement la bannière puis suivit les gardes qui refermèrent la porte de sa chambre derrière lui. Qu'est ce que Linda pouvait bien lui vouloir, il n'avait pourtant rien fait de mal cette fois-ci. Peut-être le convoquait-il pour commencer l'entraînement des gardes de Parmingo, ou alors était-ce pour donner des nouvelle du h'mok fugitif. Pendant que Yoreck réfléchissait à al raison de sa convocation dans le bureau de la PDG de Parmingo, les gardes l'invitèrent à monter dans l'ascenseur. Direction le dixième étage. Il se demandait si Lucy serait là aussi aujourd'hui.

Dès que les portes de l'ascenseur s'ouvrirent, il emboîta le pas des gardes pour se diriger vers le bureau de Linda. Yoreck avait visiblement une fois de plus rendez-vous avec son destin.Pour éviter d'entrer dans la pièce ou se trouvait Linda comme dans un moulin, il crut bon de frapper à la porte car il ne voulait pas passer pour un malpoli.En entrant dans ce qui semblait être la "tanière" de Linda , Yoreck aperçut trois personnes : Linda, Lucy et un homme qu'il ne connaissait pas. Yoreck ignorait qui était cet homme et si il était au courant de sa présence à Parmingo mais il n'allait sans doute pas tarder à le savoir. Après un bonjour assez timide, Yoreck s'assit dans le dernier siège vacant qui lui était sans doute réservé. Il porta ensuite son regard vers Linda, impatient de connaître la raison de sa convocation et ce qu'elle avait de si important à dire.

Le chef de la sécurité s'assit dans le fauteuil en face de la tasse de thé qui semblait lui être destinée. Les questions de Linda le gardaient perplexe bien qu'il ne s'agissait pas de la première fois qu'elle semblait plus s'intéresser à l'état de santé de son personnel qu'aux affaires. Une qualité qu'Eric appréciait grandement chez sa patronne.

Je vous remercie, Linda. J'ai mangé à Hambourg. Mais vous, comment allez-vous ?

Sa question était bien destiné aux deux femmes qu'il appréciait particulièrement bien que son job le tenait à l'écart de toute marque d'affection possible. Du moins était-ce là son point de vue. On ne devient pas ami avec ses collègues et employeurs. Formation militaire sans aucun doute.

Toutes les deux.

Précision inutile, mais tout de même nécessaire pour Marks. Mais déjà Linda enchaînait avec le sujet de sa présence : l'attaque. Il avait effectivement lu le rapport et vu les vidéos de sécurité mais ne parvenait toujours pas à croire ce qu'il avait vu et lu. Et la façon dont Linda parlait de Lucy et lui signifiait visiblement qu'elle ne se considérait pas comme "humaine". Fait qui se confirma après une "pause thé".

Alors qu'Eric allait commencer à poser ses questions, quelqu'un toqua à la porte. Il regarda rapidement qui était la troisième personne qui serait mise au courant et à la vue de... Du monstre qui se dressait sur le pas de la porte, Marks resta figé une demi seconde, le temps qu'il fallut au "monstre" pour s'installer comme si de rien était.

Alors qu'il allait se lever et sortir son arme pour abattre l'animal, il vit que ni Lucy ni Linda n'avaient bougé. Il se souvint alors des paroles que Linda avait prononcé juste avant l'arrivée de l'homme-hyène. "Êtes-vous prêt ?" La réponse était à coup sûr négative pour le militaire mais il resta pourtant impassible dans son fauteuil, attrapant même la tasse de thé sur la table pour en boire une gorgée, surtout afin de se concentrer sur quelque chose, mais il ne le montrerait pas.

Attendons nous quelqu'un d'autre ?

Linda sourit en voyant arriver Yoreck, elle n'aurait pas à attendre trop longtemps au risque de voir sa volonté s'effriter. Bien qu'elle ne soit plus toute jeune, elle n'en restait pas moins faillible quant à sa capacité à se dévoiler à certaines personnes.

La réaction "buvons du thé" de son chef de la sécurité à la vue de Yoreck ne la laissa pourtant pas de marbre puisque l'odeur qu'il dégageait n'était pas celle de l'assurance qu'il montrait. Mais ce faux-semblant qu'il affichait rappela à la Vi'aan pourquoi elle l'avait engagé. Il lui faudrait même avouer si elle avait à le faire qu'elle lui trouvait un certain charme. Mais il y avait un temps pour les révélations et un autre pour les Révélations (la majuscule est importante, elle change tout !).

Lucy, Eric. Aujourd'hui votre vie va changer. Ce que je m'apprête à vous dire est certainement la dernière chose que vous souhaiteriez entendre mais au vu des circonstances, il le faut.

Chacune des morts qu'il y avait eu lors de l'évasion de Léandre était uniquement dû au fait que Linda avait jugé bon de ne rien ébruiter sur la prophétie et tout ce qui y touchait, elle y compris.

Commençons par le plus simple. Si "simple" est le bon terme. Je ne m'appelle pas Linda Parsten. Dans ma langue "Parsten" signifie "Oubli". C'était un Val et si ma mémoire est bonne, il était entouré par les montagnes du Massif Central. L'herbe y était d'un rouge-orangé rappelant le soleil fuyant les lunes jumelles... Bref. Ensuite... Il est évident que je ne suis pas une humaine et que je n'ai donc pas 27 ans. Je suis bien plus vieille que cela, bien que je ne me souvienne pas de mon âge... Pour vous donner une idée approximative, j'ai vécu les derniers événements d'une Guerre terrible qui a eu lieu il y a un peu plus de 20.000 ans.

N'allons pas émettre des doutes sur les rêves datant d'une période antérieure à cela et à la légende Gnolle la concernant.

Passons maintenant au plus compliqué : l'Accord. Bien avant la Guerre, dont je ne vous parlerai pas aujourd'hui. Ce serait beaucoup trop long et... Inutile. Croyez-moi.

Elle afficha un sourire avant de reprendre.

Bien avant la Guerre, donc. Neufs "personnes", à défaut d'un autre mot plus approprié, ont rédigé et signé un parchemin qu'ils nommèrent l'"Accord". Ce parchemin avait pour but d'indiquer une ligne de conduite à chaque espèce qui verrait le jour. Et il y en a eux des milliers. Sauf que les Hommes, avec le soutien des Elfs, des Nains et des D'moks -des esprits liés à la Nature- découvrirent au bout de quelques millénaires qu'ils étaient devenus Immortels. C'est ce qui déclencha la Guerre. Vos ancêtres et leur incapacité à évoluer en paix, vous en avez d'ailleurs garder des séquelles.

Cette remarque tira un rire à Linda, elle avait elle-même déclenché certaine de ses guerres dont elle donnait les Hommes pour responsable.

Après un quart de millions d'années de Guerre, les Anciens -ou Signataires selon les peuples- intervinrent et utilisèrent leurs pouvoirs afin de mettre fin à la Guerre. Du jour au lendemain, un claquement de doigt et tout était fini... Les dégâts de la Guerre, les constructions lui ayant précédée. Et la mémoire des Hommes fut volé par les sirènes. Quel meilleur festin pour elles que l'Histoire de tout un peuple...

Ce fut à cet instant que les sirènes lui revinrent en mémoire. Et si elle avait vraiment vécu plus qu'elle ne s'en souvenait et que cette période lui avait été volé par une ou plusieurs sirènes ? Machinalement elle finit sa tasse de thé, le regard perdu dans les méandres de sa mémoire, déjà elle ne s'intéressait plus à ce qu'elle racontait, ni même à ce qu'elle était en train de révéler aux trois personnes l'entourant. Elle cherchait. Les Sirènes laissaient une marque de leur passage, comme une signature de leur méfait. Signature qui, si la légende était vraie, permettait de retrouver tous les souvenirs volés au moment où la victime la touchait.

Eric entra, et, bien entendu, comme à chaque fois qu'Eric faisait son entrée, Lucy pourprait ses joue de timidité. S'il y avait bien un homme qui, sur terre, pouvait la faire rougir, c'était lui. Pourtant, elle était apte, en tant que célibataire endurcie, à se forger toute sorte de masques allant de "Méchante Assistante Capable de Montrer les Dents" à "Jeune Fille Prétendument en Détresse". Au final, elle avait la sale, oui, la sale, impression que ses masques ne faisaient aucun effet sur Eric Marks. Le beau gosse de la sécurité.

Restons professionnels.

Elle lui répondit, en utilisant ce vouvoiement de rigueur, très anglais, avec ce ton faussement professionnel :

Fort bien Eric. Je n'étais pas présente lors de la prise d'otage.

Mais en réalité, cela signifiait "J'ai eu la peur de ma vie, et je crois que je ne me suis pas encore remise des confessions Parsteniennes, à l'aide." C'est alors que Yoreck entra dans la pièce et vint s'installer comme si de rien n'était. Elle observa Eric, du coin de l'oeil. Elle comprit rapidement qu'il s'était mis en alerte. Voir un type débarquer avec un corps et une tête de hyène, il y a de quoi être déboussolé. Lucy se leva et prépara une tasse de café à Yoreck évitant de lui faire sentir les effluves de son parfum. Elle ne portait rien d'autre qu'un peu d'Essence de Guerlain, dans les cheveux. Elle ne souhaitait pas le gêner. Puis, Linda discourut. Et Lucy était tout attentive.

Elle ne voulait pas en perdre une miette...

Son âge... Lucy se rappela des références que Linda pouvait faire quand à ses années de service chez Parmingo. Des années comme 1874... Cela s'éclairait enfin. 20 000 ans au moins ! Bien conservée ! Elle leur parla ensuite de l'Accord. Cette réunion de 9 dignitaires qui avaient forgés l'histoire du monde pendant des centaines de milliers d'années, avant, au terme d'une guerre visiblement sanglante, de le changer radicalement. Visiblement, ces 9 dignitaires avaient pris la bonne résolution de faire la même chose, aujourd'hui. Lucy déglutit.

Comment, aussi respectables que soient les 9 signataires, comment ces gens-là avaient ils pu décider de l'avenir de plusieurs milliers de races sans leur demander leur accord. Et puis, Lucy se rappella qu'elle était en 2014, et que les démocraties étaient là, mais que, visiblement, elles ne l'étaient pas à l'époque. En cet instant précis, encadrée par une femme qui ne l'était pas, vieille de plus de 20 000 ans, et par un homme à l'aspect de hyène, Lucy se sentit comme la représentante de la race humaine. Elle jeta un regard à Eric, en se demandant s'il pensait la même chose.

Une fois que Linda eut finit de discourir, en parlant de Sirènes, et Lucy s'imagina Ariel piquant la mémoire des hommes, la jeune assistante prit la parole.

J'ai plusieurs questions. La première : allons nous devoir nous battre ? Parce que face à un Elfe, je ne sais pas comment on fait ? Ni face à un nain, même si j'imagine que ce doit être plus simple... Autre question, ne devrions nous pas passer par le gouvernement ? Il dispose d'une armée puissante qui serait capable de nous protéger contre ces races revenues d'on ne sait où. Je pense notamment à ce h'moks. Qui ne nous apprécie guère...

Elle regarda Yoreck en se demandant s'il serait de leur côté. Car dans sa tête, il était clair désormais qu'une guerre allait avoir lieu. De nouveau. Elle songea à faire partir son père et sa mère, loin des villes...

Pensez-vous que les îles Shetland soient sécurisées ?

Elle repensa à ce qu'avait dit Linda et manqua lâcher une larme. Les envoyer par bateau dans ces îles, au Nord de l'Ecosse, désertes ?

Ha, mais non. Vous avez parlé de sirènes, Linda...

Yoreck écouta attentivement les paroles de Linda, même si il ne put s'empêcher de regarder l'humain dont une fragrance de peur avait émané lorsque le gnoll était entré dans la pièce. Craignait-il que Yoreck pète un câble, vandalise le bureau, décapite les personnes présentes et repartent avec leur têtes en trophées ? Très franchement, Yoreck n'en savait rien mais le fait qu'il soit mal à l'aise mettait aussi le gnoll légèrement mal à l'aise. Malgré tout son attention fut bien vite retenue à nouveau par Linda.

Linda parla de vérités qu'elle avait déjà dévoilé au gnoll à Havenville, sa nature de Vi'aan ainsi que l'épisode de la guerre de l'Accord. Cependant elle rajouta des détails que Yoreck n'avait ps encore entendu comme le fait que les Humains, les Elfs, les Nains et les D'moks avaient été alliés ainsi que la mention de créatures appelées sirènes qui auraient volé les souvenirs de tous les humains à la fin de la Guerre.

A la fin du discours de Linda, Yoreck en profita pour observer le visage de ses voisins ; l'humain dont le nom était apparemment Eric était impassible de toutes ces révélations ou du moins le faisait-il croire ; quand à Lucy, elle semblait partagée assez mal à l'aise voire apeurée. Lorsque celle-ci emportée par curiosité se mit à poser des questions. Ce fut Yoreck qui prit la parole :

Je pense que malheureusement, nous serons obligés de nous battre car certaines races ne s’arrêteront que lorsque toutes les autres auront été exterminées, la mienne, la vôtre...
Néanmoins Lucy, il y a plusieurs manières d'aider son peuple à se battre et à résister. Il n'y a pas toujours besoin de brandir une épée en hurlant pour défendre son foyer, vous serez surement utile à quelque chose n'ayez crainte.

La question sur une possible intervention des forces armées humaines fit légèrement sourire Yoreck.

Vous pensez qu'ils vous croiront, qu'ils interviendront ? Mon peuple a vécu à l'écart des humains pendant plusieurs milliers d'année, moi et mes raffleurs, nous sommes même allés dans vos villes sans qu'aucun humain n'en ai eu jamais conscience. Si Linda n'avait pas découvert ma supercherie dans cette station-service, nous aurions pu nous cacher pendant encore mille ans de plus. Et pour ce qui est des h'moks ce sera encore plus dur de les convaincre vu qu'ils ont une apparence humaine mais également de grands pouvoirs. Allez savoir, ils ont peut être déjà infiltré toute votre société à l'heure actuelle et en connaissent surement tous les rouages maintenant.

Puis il vit que Lucy le regardait, un regard profond qui posait la question : Et vous Yoreck êtes vous avec ou contre nous ? Êtes vous aussi destructeurs que les h'moks ?

Mon peuple n'a nul grief contre les humains et sachez que si nous volons vos ressources ce n'est pas par méchanceté mais parce que nous ne pouvons faire autrement. Les humains exploitent toutes les ressources et nous commençons à en manquer de notre coté. Si nous voulons pouvoir élever nos petits dans un monde ou il ne manqueront de rien, il faudra que vous acceptiez notre retour à la surface de gré ou de force.

Puis Lucy évoqua à nouveau les sirènes ce qui fit un déclic dans la tête de Yoreck.

Mais dites moi Linda, que sont les sirènes ? Et surtout que font-elles de tous ces souvenirs ? Elles les mangent, elles les collectionnent ?

Eric se sentit tomber dans un vide absolu à mesure que les paroles de Linda l'atteignaient, elle aurait pu tout aussi bien le jeter du haut de la tour Eiffel, cela aurait eut le même effet. Mais il n'était pas seul, il ne laissa donc rien transparaître de ce sentiment de trahison qui le prenait subitement.

Il se laissa alors aller à essayer de définir ce qui existait de ce qui n'existait pas. Les loups-garous, les vampires, les zombies ? Peut être même que les anges et les malins existaient aussi ? Ou alors rien de tout ce qu'il connaissait n'étaient que de simples interprétations de ses ancêtres face à des choses qu'ils ne comprenaient pas. Qu'ils ne comprenaient plus selon les paroles de Linda.

Eric fut tiré de ses pensées en sentant un regard sur lui, Lucy. Il afficha alors un début de sourire. Sourire qui semblait dire "Nous sommes tous les deux, ne vous en faites pas Mademoiselle Rockwell je vous protégerai." Il était parfaitement d'accord avec ce que Lucy disait, lui-même ne saurait pas comment se battre contre un Elfe ou un Nain, bien que d'après ce qu'il avait vu dans les films, il n'était pas persuadé que se battre contre un nain soit plus simple que contre un elfe.

Lorsque l'homme-animal prit la parole, Eric n'en fut qu'à peine choqué après toutes les révélations de Linda. Ses paroles étaient pourtant censées et pleines de... d'humanité. Aussi étonnant que cela puisse paraître. Puis vint son tour de s'exprimer.

Je n'ai que deux questions pour vous, Linda. Qu'êtes-vous si vous n'êtes pas humaine ? Et quel est votre véritable nom ?

Son attention était désormais portée aussi bien sur l'homme-hyène que sur sa patronne. Néanmoins, il tourna la tête vers Lucy.

Si nous devons mettre des gens en sécurité, j'imagine que les sièges Parmingo seront les meilleurs emplacements envisageable si Linda rend cette révélation publique en interne du groupe. Vous allez bien révéler la vérité au moins aux employés, Linda ?

Finalement, il y avait là une autre question. Enfin, Eric porta son attention directement sur l'homme-hyène.

Et vous, qu'êtes vous... Yoreck ?

Si les rapports avaient bien été rédigé, il s'agissait là du nom de l'animal.

Les révélations ne lui plaisaient pas mais maintenant qu'il était au courant, il ne pouvait plus se défiler et devrait faire face à tout ce qui se passerait certainement dans les prochaines années.

La Vi'aan était encore perdu dans ses pensées alors que les réponses et les questions commençaient à se faire entendre. Elle les écouta tout en continuant pourtant à tenter de savoir pourquoi les sirènes lui étaient sorties de l'esprit pendant si longtemps. Bien qu'elle n'ait jamais eu à évoquer les dizaines de milliers d'autres espèces peuplant la Terre, elle ne les avait jamais oublié.

Seules les victimes des sirènes oubliaient jusqu'à leur existence si ils ne tentaient pas de s'en souvenir. Et quelles raisons auraient-ils de vouloir s'en souvenir puisqu'ils ne se souvenaient de rien.

Puis Linda revint totalement à la conversation actuelle, si elle devait s'inquiéter des sirènes et de ce qu'elles lui avaient éventuellement fait, elle le ferait une autre fois, elle avait l'éternité devant elle pour trouver sa réponse après tout.

En effet, nous allons devoir nous battre. Le combat a même déjà commencé suite à l'action de Léandre Grandet, l'hôte du H'mok responsable de la tuerie ayant eu lieu ici. Le temps des épées est révolue depuis bien longtemps, Yoreck. Contre nombre d'espèces, vous n'aurez pas même le temps de brandir vos machettes que déjà, vous vous retrouverez incrédule à regarder votre coeur pousser son dernier battement dans la main de votre adversaire avant de vous écrouler.

L'information était brutale pour chacun mais elle se devait d'être énoncée. Si ils pensaient que leurs différents entrainement allaient suffire à les sauver, ils faisaient fausse route.

Quant à la question du gouvernement qui pourrait ne pas croire la vérité, comme à chaque fois ai-je envie de dire, j'ai une argumentation qu'ils ne pourront réfuter. Moi.

Un sourire sur les lèvres, elle remplit la tasse vide à ras bord avant d'en bord quelques gorgées encore chaude.

Je suis une Vi'aan. Hmm... Disons que je suis l'ancêtre du loup-garou. En fait, j'en suis bien l'ancêtre direct puisqu'ils sont nés suite à une expérience que j'ai faite en l'an... 700 avant la naissance du petit Jésus. A peu de choses près. Passons et revenons en aux gouvernements. N'oublie pas, Lucy que Parmingo est l'entreprise de sécurité implantée partout dans le monde, ou presque. Ce qui fait de nous le point de jonction du monde. Je n'ai pas développé cette entreprise dans l'international pour rien, bien que j'apprécie l'argent.

Son sourire s'élargit alors, elle aimait vraiment l'argent. Bien plus qu'elle ne devrait même.

En effet, Eric, nous allons informer chaque branche de Parmingo de la vérité. Du moins en partie, il est inutile de leur révéler ma véritable nature, du moins pour le moment, ce ne serait plus alors qu'une course à la folie et à la démission. Je vous le révèle à vous deux car je vous fais confiance.

Puis, elle revint aux sirènes.

Ne t'en fais pas Lucy, les sirènes n'attaquent que si elles se sentent menacées. En revanche, je ne sais absolument pas où elles sont. Les souvenirs sont les monnaies courantes. Plus un souvenir est vieux ou important à l'être à qui il a été volé, plus sa valeur augmente. Le vol de la mémoire collective de l'Homme a du les rendre plus riche qu'elles n'auraient osé l'imaginer.

Linda eut un rire comme si elle venait de sortir une blague tout ce qu'il pouvait y avoir de plus commun au cours d'une soirée entre amis. Mais ce n'était pas une soirée entre amis aussi arrêta-t'elle rapidement.

Comme l'a dit Eric, l'endroit le plus sur pour le moment sont les sièges Parmingo.

La remarque que Linda avait faite sur le fait que face à certains ennemis sa maîtrise du combat serait inutile agaçait Yoreck. Néanmoins il reconnut que ses paroles étaient justes, et parfaitement logiques. Le h'mok fugitif et ses condisciples étaient déjà capables de formidables prouesses sans avoir recours à la moindre arme. Et les h'moks ne seraient surement pas les seuls à faire usage de capacités similaires. Mais , même si il n'était pas capable de tuer des ennemis rien qu'en levant le doigt sur eux ou en en prononçant un charabia dans une langue inintelligible, il possédait lui aussi une technique spéciale.Une technique inconnue des non-gnolls et probablement donc de Linda.

Vous avez raison, ce genre de pouvoirs ne doit pas être pris à la légère. Néanmoins, je pense que vous seriez surprise de savoir ce que je peux faire avec mes machettes. Il faudra que je vous montre ma "technique secrète" un jour.

Puis l'humain chef de garde qui n'avait dit grand chose pour le moment demanda à Yoreck, à quelle espèce il appartenait. Ce dernier répondit :

Je suis un gnoll, membre de la tribu Mort-Bois. Je suis commandant de l'unité de raffleurs Kalegos, je suis également défenseur de la glorieuse cité de Havenville et je la sers par l'honneur et le sens du devoir.

Il espérait ne pas avoir été trop pompeux avec ce cérémonial de présentation mais son père lui avait après tout appris à se présenter aux étrangers de cette manière ; même les gnolls d'autre tribus y avaient droit. Puis son regard se porta à nouveau vers Linda lorsqu'elle évoqua la sureté et la protection que pouvait offrir les bâtiments Parmingo en cas d'attaque. Yoreck était impressionné par le fait que Linda, grâce à son entreprise avait pratiquement un doigt dans chaque pays.

Peut-être aussi que Havenville pourrait accueillir vos réfugiés en cas de guerre totale, c'est une ville souterraine facilement défendable et dont nous connaissons tous les secrets. Bon il faudrait que j'en parle au cercle, mais les humains ne disent-ils pas à circonstance exceptionnelle, mesure exceptionnelle ?

Il rajouta sur les sirènes :

Je me demandais par contre à propos des sirènes, est ce qu'elle "commercent" avec les autres races, est ce qu'il est possible de récupérer les souvenirs qu'elles ont pris à supposer qu'on sache où elles se trouvent ?

Puis il chuchota à l'oreille de Linda :

A propose de souvenir, je sais ce que vous avez lu dans ce livre à Havenville, c'est la prophétie de Sélanas la Marchepluie. Comment je le sais me direz-vous ? Facile, c'est mon ancêtre du coté de ma mère. La question est qu'est que vous y avez trouvé ?

Une guerre totale, voilà ce qui était prévu. Quand ? Peut être demain, dans une heure, dans six mois... Lucy n'était aucunement rassurée. Elle souhaitait partir, même si elle le savait, il n'y avait pas meilleur endroit sûr que le siège de Parmingo. Mais ses parents... Risquaient ils de mourir dans d'atroces souffrances ? Dévorés par un loup garou ? Attaqués par des h'moks ? Elle savait comment cela se passait en temps de guerre. Elle avait vu à la télévision les massacres du Rwanda, les bombes, les génocides...

Elle ne voulait pas revoir ça, à deux pas de chez elle. Elle regarda Paris, par les hautes fenêtres, comme si c'était la dernière fois qu'elle voyait cette ville qui l'avait accueillie. Londres ? Ce n'était rien comparé à la ville lumière. Linda expliqua tout à Eric et Yoreck expliqua, quand à lui, que son peuple pouvait abriter des humains. Lucy réalisa soudain "Nous contrôlions cette planète, et aujourd'hui, nous devons la partager avec d'autres..."

Elle ne le souhaitait pas. Elle était humaine avant tout, issue d'une des plus prestigieuse civilisation qu'ait connu l'histoire. Elle ne laisserait pas cette terre aux mains de ceux qui chercheraient à l'occuper. Elle n'accepterait pas de céder sa planète. Qu'ils aillent ailleurs, qu'ils dégagent. Mais qu'ils ne viennent pas chez moi !

Un petit peur raciste, hein, pour la petite blonde ? On aurait pu croire que Lucy accepterait de partager sa planète... Hélas non. L'humain est ainsi fait : quand la peur le saisit, il devient un monstre. Il n'est plus humain...

La guerre allait avoir lieu, supposons que Lucy y tiendra un rôle, celui d'une guerrière acharnée.

Elle fixa Yoreck.

Il nous faut des alliés. Il nous faut des armées. Si nous souhaitons nous battre. Yoreck, pensez-vous que les Gnoll se joindront à nous pour lutter contre toutes ces créatures ?

La véritable question c'était : acceptez vous de m'aider à faire comprendre aux Gnolls qu'ils doivent se sacrifier pour les humains ? Finalement, la Guerre de l'Accord n'est pas si loin. Les humains reprennent leurs vieilles habitudes. Tant de milliers d'années pour ne pas comprendre...

Linda, il nous faut envoyer des ambassades, contacter ces nouvelles créatures, les réunir...

Pour leur proposer quoi ? Qu'ils revivent les même horreurs que par le passé ? Qu'ils soient réduits à l'esclavage ou en poussière ? Non, il faudrait leur mentir. Comme à ce cher Yoreck, qui n'était pas méchant, non... mais s'il se doutait un instant qu'une fois que les humains auraient vaincus, ils n'accepteraient jamais d'avoir dans leur sous sol des milliers de Gnolls. Il ne pouvait rester qu'une race... l'Humanité.

Tout en attendant une réponse de la part de Linda, Yoreck entendit la question de Lucy. Bah, ses questions pour Linda pouvaient bien attendre un moment, peut être même souhaiterait-elle parler de tout ça en privé avec lui. Qui vivra verra après tout. Il se tourna vers Lucy qui la fixait avec un egard profond. Yoreck posa sa tasse de café, pris une inspiration et dit :

Pour vous répondre très honnêtement Lucy, je n'en sais rien. Tout d'abord, parce que je suis rattaché à une seule tribu. Je ne peux pas donc me prononcer pour d'autres tribus comme les Vive-Griffe ou les Nécrosés pour votre demande d'aide. De plus, rien ne garantit que ma propre tribu partage mon avis, il faudra une excellente plaidoirie pour les convaincre. Beaucoup pensent que vous êtes des créatures agressives, égoïstes et que vous finirez par nous trahir obligatoirement, que c'est de votre faute si nous vivons en reclus sous terre et je ne peux pas leur donner entièrement tort.Si ça se trouve, peut être votre espèce pensera-t-elle la même chose de nous.

Yoreck prit une grande inspiration, Eric et Lucy devait savoir les aspirations de son peuple.

En tout cas sachez ceci : pour la plupart des gnolls de ma tribu, les humains nous rendent la vie beaucoup plus difficile. Durant la guerre de l'Accord, seul Lardeur et ses guerriers ont vu votre espèce, donc il existe très peu de sources fiables décrivant correctement les humains à cette période, en revanche après la guerre, le monde était plus libre et nous pouvions sortir plus souvent et plus facilement de terre pour parcourir la savane et chasser le gibier. Aujourd'hui seuls des groupes entraînés et spécialisés peuvent rejoindre la surface.

Et pourquoi ? Parce que l'humanité s'est agrandit , diversifiée et qu'elle est devenue toujours plus avide de ressources. Entre les paysans qui accaparent toujours de nouvelles terres pour leur bétail et leur céréales, les touristes qui viennent visiter la région et les compagnies minières qui creusent pour trouver du minerai, sans compter les convois militaires qui alimentent les guerres civiles et ethniques de votre espèce, il est difficile de ne pas apercevoir d'humain quand on s'éloigne de 100 mètres de notre refuge.

Il se tourna vers Linda en qui il espérait peut un soutien ; un simple regard qui dirait j'ai confiance en vous mais j'ai plus confiance en mon thé à la bergamote si vous voulez tout savoir. Dirait-elle vraiment ça, peut-être elle était capable de beaucoup de choses étonnantes

Voilà pourquoi, cette rencontre avec Linda et des humains est je le crois capitale sinon les humains arriveront à nous trouver et que croyez vous qu'ils feront. Nous vendre à un cirque ? nous disséquer pour des expériences? nous carboniser tous au lance-flammes peut être ? En tout cas si des mesures ne sont pas prises rien n'en sortira de bon.

Il reprit sa tasse, but une gorgée de café puis ajouta d'une manière ferme mais sincère.

C'est pourquoi si vous souhaitez notre aide face aux h'moks et tout ce qui pourrait menacer cette planète et la liberté de tous les peuples, il faut que vous sachiez dans quoi vous vous engagez. Une alliance avec ma tribu signifiera une grande confiance entre nos deux peuples, si jamais il y a trahison ou violation de l'accord quel qu'il soit, alors nous amènerons la guerre faute d’avoir pu entrevoir la paix.

Ce qui s'était produit entre les humains et les h'moks à savoir trahir pour prévenir ne devait en aucun cas se reproduire. Il ne fallait pas que l'humanité reproduise les erreurs du passé même si aux dires de Linda, ces souvenirs étaient entre les mains de puissantes sirènes

En tout cas, sachez ceci si vous décidez de vous débarrasser de nous lorsque nous ne vous serons plus utiles, vous risquez de commettre la plus grosse bêtise de votre vie. Nous avons vaincu les elfes, il y a longtemps alors qu'il étaient 1 million de fois plus avancés en technologie que nous donc croyez bien que nous ne serons pas effrayés par des humains. Il y aura aussi dans l'accord que nous signerons de nombreuses contreparties que nous exigerons à savoir pourvoir vivre à la surface en toute tranquillité sans chercher querelle aux humains, nous arrêterons alors de piller votre espèce et entamerons peut être des relations commerciales qui sait. Car voyez-vous l'expansionnisme humain et le nôtre risque de poser problème à ma tribu notamment au niveau de la nourriture ou de l'accès aux médicaments.

Il se leva de son siège et s'avança en direction de Lucy.

Mon peuple a beaucoup de préjugés envers le vôtre mais c'est parce qu'ils n'ont pas vu ce que j'ai vu. Si je n'avais pas été raffleur, si je n'avais pu eu accès au monde de la surface, j'aurais sans doute été comme eux. Je sais que vous êtes capables de produire de belles choses : la musique, la peinture, la danse ...

Il s'agenouilla devant le siège de Lucy et déclara solennellement :

Je ne peux parler qu'en mon nom mais je peux vous jurer que je ferai tout ce que je peux pour convaincre mon peuple de vous aider. Jamais je ne lèverai la main sur un humain sauf si il m'y oblige. Et par-dessus tout je jure de protéger les innocents quelle que soit leur race ou leur origine.

Il espérait que ce discours avait su convaincre son auditoire et qu'il n'avait pas été trop pompeux ou qu'il sonnait faux à l'égard de Linda et des humains. Il finit cependant par sortir quelque chose de sa poche dans le but de convaincre Lucy de sa bonne foi.

Tenez regardez, c'est une photo de moi à mon gouter d'anniversaire quand j'avais six ans, là c'est moi, ici mon père et là ma mère. Ce que je vous demande tandis que vous regardez ce souvenir c'est : voyez vous des monstres sur cette photo ?

Eric encaissait encore les révélations que Yoreck se lançait dans un discours qui sembla sans fin au vieux soldat.

Tout ce qu'il savait, tout ce qu'il croyait savoir. Ceux sur quoi il s'appuyait pour continuer à se lever le matin, pour accepter les morts qu'il avait sur la conscience, tout venait d'être détruit en quelques minutes seulement. Tout n'était que mensonge et il devrait ré-apprendre à vivre.

Très vite, les images des pires choses qu'il avait fait revinrent à lui : les soldats ennemis qu'il avait tué, les personnes qu'il avait torturé pour obtenir des informations sur un camp caché ou sur les fortifications d'une ville aux mains de l'ennemi. Mais quel ennemi ? Des hommes, des humains. Et aujourd'hui, Eric apprenait que les humains n'étaient pas les véritables ennemis.

Qui d'autre était au courant ? Les gouvernements ? Les chefs d'états ? L'ONU ? Personne ? Non, il était impossible que personne ne soit au courant d'une telle chose... Sauf si ils avaient été mis au silence.

Qui est au courant, L...

Il ne put prononcer le prénom de Linda, ne sachant plus qui elle était, ne l'ayant même jamais su. Il s'y força finalement, passant par dessus ses doutes, du moins pour le moment.

Linda, qui ?

Puis il entendit, ou plutôt cessa d'entendre la voix du gnoll. Le chef de la sécurité cessa alors de fixer celle qui était une "Vi'aan" bien qu'il ne savait pas de quoi il s'agissait réellement, au moins Yoreck avait la décence de ne pas se cacher sous une forme humaine. Il vit le gnoll à genoux devant Lucy et le soldat laissa son instinct prendre le dessus, comme dans une situation de conflit ouvert. Comme si il était sous le feu ennemi.

Il quitta sa propre assise pour sortir son arme de poing et la pointer sur Yoreck.

Reculez, ne la touchez pas ! Vous n'êtes peut être pas humain mais je suis persuadé qu'une balle dans le coeur ou la tête vous sera fatale.

Il ne faisait définitivement pas confiance au Gnoll. Il ne faisait désormais plus confiance à Linda. Il ne restait que Lucy en qui il pouvait croire. Il faudrait du temps au soldat. Beaucoup de temps, c'était là un fait.

Linda vit les choses dégénérer plus qu'elle ne l'avait imaginer. Yoreck parlait trop, ne laissant pas les deux humains se faire à l'idée, tentant d'imposer sa présence. Il n'aurait jamais du faire ça ! Il aurait du leur laisser le temps d'accepter la vérité pour ensuite avancer ses arguments en faveur de son peuple.

Elle-même avait déjà fait cette erreur par le passé, et plus d'une fois. Cela s'était toujours terminé de la même manière : les menaces et les tentatives de meurtres. Mais cette fois la donne était différente, l'appel avait retenti, les espèces revenaient et certaines agissaient déjà dans l'intérêt contraire de la paix. Les mœurs changeraient bien plus vite et plus dangereusement que lorsqu'elle se contentait d'annoncer cette vérité à un nombre restreint de personne comme... Elle le faisait finalement encore une fois.

Certaines des paroles du Gnoll restèrent cependant dans un coin de sa mémoire. Pourquoi joignait-il des souvenirs à une vague prophétie qu'elle avait lu dans un vieux grimoire d'histoire gnolle ? Pourquoi pensait-il surtout qu'elle y avait lu quelque chose d'autre que ce qu'elle avait dit ?

Je doute que les humains soient prêt à se réfugier dans une ville de personne qu'ils ne connaissent pas. Ils ont déjà du mal à se faire confiance entre eux... Mais ta proposition est généreuse Yoreck.

Lucy, la question des armées est la raison même de la création de Parmingo. Je voue depuis maintenant plus de 1.000 ans cette entreprise à se préparer à ce qui arrive aujourd'hui. Je... je ne pensais simplement pas que les H'moks seraient nos premiers ennemis, je ne pensais même plus entendre parler d'eux.

Les sièges de l'entreprise serviront de lieux de "rencontre" avec les espèces qui désirent la paix et un lieu de "négociation" avec celle qui veulent la guerre. J'ai passé les 20.000 dernières années à craindre l'arrivée de ce jour, à tenter de le prévoir, de préparer ce qu'il faudrait pour ne pas pris de court mais... Je ne sais même pas à quoi nous allons devoir nous opposer dans les prochains jours ou les prochains mois... Voir même les prochaines années.

La peur arrivait plus rapidement que la Vi'aan n'aurait pensé. Elle était vieille et pourtant si sujette encore à ses craintes que le premier né pouvait ressentir. Quelle horreur de la Guerre de l'Accord serait la prochaine à ressortir ? Les Dragons des Druurans ? Les An'esgerons ? Quoi ? Qui ? Quels peuples ? Quelles menaces ? Elle n'était pas prête malgré ses 20.000 ans d'attente. Et elle le savait, elle ne le serait jamais totalement.

Yoreck, soyez gentil, laissez leur le temps de digérer toutes les informations qu'ils viennent de recevoir. Ils ont passé l’entièreté de leurs vies à penser qu'il n'y avait que les humains et les animaux sur Terre. Ne leur en demandez pas trop si rapidement.

En effet le gnoll était à présent à genoux devant Lucy, lui montrant une photo, visiblement de son enfance, pour lui demander une confiance que la Vi'aan savait désormais difficile d'accès. Mais la réaction à laquelle elle assista la stupéfia une seconde. Son chef de la sécurité menaçait Yoreck de mort, le sommant de s'éloigner de Lucy. D'un certain côté c'était tout à fait compréhensible : Lucy et lui étaient les deux seuls humains de la pièce, il devait tenter de protéger ce qu'il pouvait encore protéger.

Sa propre réaction se fit à l'instinct. Elle se leva en lâchant la tasse de thé qui se renversa sur le tapis persan dans son intégralité et attrapa le bras armée d'Eric.

Lâchez-votre arme, Eric. Yoreck est de notre côté. Il n'est pas notre ennemi, faites-moi confiance.

Puis, avant d'achever sa phrase, il regarda Lucy.

Tous les deux.

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