[Océan Atlantique/ Paris] Parmingo, sweet Parmingo

Nombre de Messages : 16 Espèce : Gorgone

Depuis qu'elle était dans l'avion, Carmen n'avait pas adressé un mot à Linda. Il faut dire que la soirée avait plutôt été riche en émotions. La découverte de sa vraie nature, le fait qu'elle avait invité une véritable Vi'aan sous son toit et pour couronner le tout un duel au sommet qui s'était terminée par la victoire de la puissante créature.

Elle n'en revenait pas toujours pas que Linda ou plutôt Diyolan avait choisi de l'épargner et croyait au contraire que la Vi'aan n'aurait qu'une bouchée d'elle une fois la victoire acquise. Mais non , elle avait invité la gorgone à la rejoindre, avait inventé une histoire abracadabrante aux autorités pour justifier la présence de deux monstres se combattant autour de la propriété, et avait même fait affréter un jet privé pour rentrer à Paris. On est Linda Parsten l'une des plus grosses fortunes mondiales ou on ne l'est pas.

Finalement, Carmen qui avait repris depuis longtemps sa forme humaine mais non sans avoir conservé les cicatrices du combat rompit le silence pour s'adresser à Linda.

Je ... je vous remercie de m'avoir épargnée Linda. Je ne sais pas si je mérite autant votre clémence, surtout après ce que j'ai pu vous dire et vous faire subir.

Elle regarda son interlocutrice dans les yeux, et ajouta :

Si j'avais su que j'avais invité une Vi'aan à ma réception, je me serai montrée plus prudente. Mais lorsque vous m'avez percée à jour, j'ai paniqué ... je ne voulais pas que vous me fassiez chanter ou quoi que ce soit d'autre.

La jeune gorgone s'en voulait terriblement. Pourtant elle essaya de se ressaisir et alluma son téléphone pour écouter de la musique en fond sonore à travers les écouteurs afin de se détendre un peu. Les affaires reprenaient pour Carmen, elle avait annoncé à ses domestiques qu'elle partait pour signer une alliance entre Parmingo et Little Miss Sunshine. Evidement, cette alliance serait en réalité bien plus qu'un simple contrat commercial. Carmen devait donc se montrer digne de la confiance que Linda lui accordait, car elles pouvaient accomplir tant de choses ensemble.

Après plusieurs minutes de silence entre les deux femmes, Carmen demanda à Linda :

J'ai été d'ailleurs assez surprise que vous connaissiez la maison Terenas, Linda car ce n'est pas l'une des plus importantes maison nobles de Sybaros et je n'ai jamais entendu ma famille parler de rencontre avec une Vi'aan. Vous me racontez comment vous avez connu ma famille ?

En attendant la réponse de Linda, elle se cala dans son siège tandis que les paroles de la chanson diffusée résonnaient dans sa tête.

Lorsqu'elle a sur sa langue

Que le petit bâton

Elle prend ses jambes à son corps

Et retourne au drugstore

A chaque tentative de contact avec Parmingo, ou tout autre personne dont elle avait le numéro à Paris, le téléphone de Linda indiquait que le numéro n'existait pas. L'inquiétude devait se lire sur son visage à mesure qu'elle tentait de contacter ses gens. Elle avait même tenté via le pilote, des fois que son téléphone ne soit hors-service, mais là encore, aucune réponse.

Elle imagina rapidement les pires scénarios, allant d'une attaque des H'moks ayant profité de son absence à Paris pour détruire la ville à la révélation médiatique de sa réelle identité. Bien que ne sachant ce qui pouvait être le pire, elle opta pour une certaine forme de contrôle et afficha un sourire peu prometteur à sa compagne de voyage. Compagne de voyage à qui elle tint la conversation dans l'espoir de se changer les idées.

Vous savez, Carmen, si je ne m'étais pas emporté en découvrant vos armoiries, nous ne nous serions surement pas affronté, c'est bien plus ma faute que la votre, vous épargner n'est pas un signe de clémence... C'est une excuse.

Et c'était vrai, si elle n'avait pas disjoncté dans la salle d'armes, rien de tout cela ne se serait produit et ni l'une ni l'autre n'aurait alors eu à risquer ses secrets.

Je... J'ai connu votre famille à l'occasion de... Je crois que c'était... Merde, ma mémoire me fait défaut maintenant ! Elle n'aurait pas pu choisir de s'endormir hier soir ?

Linda se mit à rire, doucement d'abord, puis un peu plus fort comme si elle se trouvait en compagnie d'une amie qu'elle n'avait pas vu depuis des années et qu'elles se retrouvaient sur un malentendu bien vite éclipsé.

Pour être franche, depuis la date de la prophétie, je me rend compte que certaines parties de mes souvenirs sont... manquantes. Et je me suis alors rendu compte qu'il y avait bien plus de choses que l'histoires des différents peuples qu'il me manquait, mais mon enfance aussi. Lorsque ma fille m'a demandé comment était la vie dans ma jeunesse... Je n'ai pas su lui répondre. Pourtant, je me souviens parfaitement des dernières décennies de la Guerre et des siècles de clandestinité qui ont suivi...

Un haussement d'épaules plus tard et Linda décida de changer de sujet.

Dites moi, Carmen, comment avez vous tenu ces 20 derniers siècles ?

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Quelque chose inquiétait Linda, et Myrhenis pouvait le sentir. Son regard grave, et le fait qu'elle consultait son téléphone à tout bout de champ montrait l'inquiétude de son hôte. Myrhenis voulut demander à Linda la nature de son problème mais se ravisa car cela ne la concernait peut être pas.

Cette inquiétude n'empêcha cependant pas Linda d'adresser un sourire à Myrhenis dans le but de se montrer rassurante. Puis la Vi'aan évoqua ce que Myrhenis désirait savoir : la rencontre de celle-ci avec sa famille. Mais hélas la réponse ne lui fut pas donnée car Linda ne semblait pas s'en rappeler. La Vi'aan mentait-elle à la gorgone pour lui cacher des choses ? A en juger par certaines attitudes qu'elle avait eu au cours de la soirée lorsqu'elle essayait de se rappeler de lointains souvenirs, il semblerait que non. Linda souffrait bel et bien d'une amnésie concernant ses plus lointains souvenirs. Dommage pour la gorgone qui espérait en apprendre plus sur le passé de sa famille.

Cela vous reviendra peut être un jour, n'oubliez pas de m'en informer le plus rapidement possible lorsque viendra ce jour sinon vous allez encore oublier

Myrhenis se mit à rire à son tour de bon cœur. Elle et Linda avaient beaucoup de points communs. Il était fort regrettable que cette amitié naissante ait pris un mauvais départ mais la vie n'était pas toujours aussi rose. Ennemi un jour, ami le lendemain disait-on. Puis Linda questionna la gorgone sur le secret de sa longévité.

Oh c'est simple, un peu de yoga, une alimentation équilibrée et surtout de longues séances de sauna.

Devant le regard de Linda, Myrhenis se mit à rire de plus belle

Plus sérieusement, le secret de mon extraordinaire longévité provient de mon pouvoir de pétrification. Normalement une gorgone ne vit guère plus de 300 ans, mais j'ai découvert au fur et à mesure qu'à chaque fois que je pétrifiais une personne, je faisais reculer la mort de plusieurs années.

Et ce n'est pas tout. Notre pouvoir de regard pétrifiant fonctionne comme un drain d'énergie vitale, en somme, j'aspire l'énergie de l'être vivant jusqu’à ce qu'il ne soit plus qu'une coquille vide et se transforme en statue. J'ai aussi appris que la quantité d'énergie que j'absorbe dépend de nombreux paramètres : l'espèce, l'espérance de vie, la constitution , la réceptivité à la magie, l'intelligence ... tant de facteurs qui font que mêmes deux humains très semblables peuvent ne pas avoir la même quantité d'énergie vitale.

Cependant, une gorgone qui utilise son pouvoir doit connaitre ses limites, si elle aspire l'énergie d'un être trop puissant qui dépasse ses capacités physiques et mentales, elle en mourra. Cela explique pourquoi je ne l'ai pas utilisé contre vous. Si je l'avais fait, ma tête aurait probablement explosé répandant ma cervelle sur votre jolie robe.

Myrhenis se servit une coupe de champagne, toute cette histoire lui avait donné soif

A mon tour de vous poser une question, Linda. Vous me parlez souvent de votre fille, pourtant aucun journal, aucun site web n'indique que vous avez une descendance. Comment arrivez vous à conserver le secret ? Sans compter que ce ne doit pas être l'unique fille que vous avez eu au cours de votre longue vie j'imagine ?

Myrhenis poussa un soupir

Je vous envie Linda vous savez ? Je vous envie que vous puissiez avoir des enfants. Moi cela m'est hélas impossible. J'ai eu des amants merveilleux, je me suis mariée 6 fois avec des humains mais je ne peux hélas avoir de progéniture et cela m'attriste quelque peu. Enfin n'y pensons plus.

Entre deux regards sur l'écran de son portable, Linda suivait avec attention les explications de la Gorgone, allant même jusqu'à pouffer de rire -oui, oui comme une pouf blonde malgré le retour à la couleur originelle de ses cheveux, à savoir gris-brun- à la réponse que lui fournissait Carmen.

Carmen, je suis peut-être une vieille Vi'aan sénile mais je n'en suis pas pour autant dénuée de tout souvenir, je me souviens parfaitement que les Gorgones pouvaient prolonger leur espérance de vie. Chose qui n'était pas si extraordinaire lors de la Guerre. Si je ne m'abuse, la plupart de vos généraux avaient vu la grande majorité des affrontements.

Après un nouveau coup d'oeil sur son téléphone, elle revint à Carmen.

Non, ma question était plus portée sur la façon dont vous avez réussi à rester caché après le bannissement des Neufs.

Puis, vint un sujet plus douloureux... Dans tous les sens du terme. Ce fut cette fois un sourire compatissant qui se dessina sur le visage de la Vi'aan et elle en oublia même son téléphone quelques minutes.

J'imagine que le système de reproduction des Gorgones n'est pas associable à celui des humains. Pourquoi ne pas avoir essayé avec d'autres espèces ?

Elle se souvenait avoir suivi les études d'un scientifique d'avant-Guerre concernant les correspondances entre espèces. Elle avait même lu que les Signataires pouvaient engendrer uniquement avec chacun des peuples.

Je ne parle que peu de mes enfants, ou des hommes et femmes que j'ai eu dans ma vie. Mais la dernière née a pris 25 ans il y a deux semaines, vous vous doutez bien que je ne peux pas m'afficher avec une fille pratiquement aussi vieille en apparence que moi, aussi j'ai toujours tenu vie professionnelle et vie privée à l'écart l'une de l'autre.

Après une courte pause, au souvenir des événements de la fin d'année précédente, Linda laissa couler une larme.

Enfin ! J'imagine que tout cela sera bientôt révélé au grand jour. Voilà plus d'un an que le 21 Décembre 2012 est passé et il y a déjà des rapports qui font état du retour de plusieurs peuples. Il y a d'ailleurs un Gnoll qui est en visite diplomatique a Paris. Les H'moks sont aussi de retour et j'ai entendu parler d'une sphère englobant le musée qui se situe au dessus des chambres mortuaires des Nethers.

Un soupir et elle reprit.

Nous allons avoir du pain sur la planche, Carmen.

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A la réponse de Linda, Myrhenis se sentit légèrement honteuse de l'avoir prise pour une ignorante. Il est vrai qu'une Vi'aan telle qu'elle devait avoir vu et connu beaucoup de choses durant toutes ces années. Elle ne cherchait donc pas à savoir pourquoi elle avait vécu aussi longtemps mais comment elle avait vécu tout au long de ces années.

Comme vous j'imagine, En changeant d'identité et de profession assez régulièrement ; en parcourant le vaste monde sans trop m'attarder au même endroit de peur d'éveiller les soupçons.

Puis vint la question de la reproduction des gorgones à laquelle elle répondit :

Je n'ai pas vraiment essayé de me reproduire avec d'autres races. Il faut que vous compreniez qu'à l'époque j'étais plutôt en train de les espionner pour mieux les détruire de l'intérieur et pas en train de chercher à tout prix un partenaire amoureux. Et avant que le temps n'eut apaisé ma rancœur envers les êtres de ce monde, la plupart s'étaient volatilisés au profit de la suprématie humaine totale sur Terre. Don cpour répondre à votre question non je n'ai pas essayé de m'accoupler avec un Oeristielf, un Barmok ou encore un Naga.

Tout en se resservant une coupe de champagne, Myrhenis écouta attentivement Linda lorsqu'elle évoqua le fait qu'elle ne pouvait s'afficher en public avec une fille aussi vieille qu'elle e comment elle essayait de séparer sa vie privée et sa vie professionnelle

Je comprends à quel point il est difficile pour des gens comme nous avec une vie incroyablement longue de concilier le travail et la famille. Avec mon dernier amant, un homme magnifique et absolument charmant, j'avais décidé de mettre de coté ma vie professionnelle pour consacrer plus de temps à notre vie amoureuse. Je tenais à l'époque une entreprise d'engrais naturels pour les plantes. Je l'ai donc revendu à un groupe que vus connaissez bien et qui a évidement changé le nom et prit une toute autre direction. Ils ont changé d'activité et commençaient à créer une véritable industrie chimique dans le domaine agricole et de l'horticulture par la production d'engrais mais aussi de désherbant. Et là le pire est arrivé : mon mari a été appelé à participer à une guerre extrêmement sale, que beaucoup reprocheront à travers le monde : la guerre du Vietnam. La compagnie qui à présent dirigeait mes affaires a vendu à l'armée américaine un désherbant puissant pour détruire la jungle vietnamienne et empêcher les Viets-Congs de se cacher : l'Agent orange. Ils en ont déversé des tonnes et des tonnes sur les jungles causant une destruction de la biodiversité et de nombreux morts à cause de la toxicité du produit. Mon mari est mort d'un cancer du poumon à cause de ça, à cause de moi indirectement. Je ... j'ai cru sur le coup que tout était de ma faute et ça a été très dur pour moi.

Myrhenis versa également une larme mais elle se ressaisit très vite. Elle se devait d'être forte pour l'avenir. Aussi prêta-t-elle une attention tout particulière aux évènement impliquant le Retour des espèces.

Un Gnoll dites-vous j'espère qu'il n'est pas trop violent car beaucoup s ont assoifés de sang surtout envers les gens qui ne sont pas comme eux. En revanche la présence des H'moks et des Nethers est très perturbante. Ces deux races ont tendance à se croire supérieures à toutes les autres même si les premiers souhaitent la destruction des autres races tandis que les seconds souhaitent leur asservissement.

Linda avait raison, Beaucoup de pain sur la planche en perspective

En effet, et j'espère que nous arrivons bientôt Linda

Si cette conversation avait eu lieu au début du millénaire, la Vi'aan aurait surement mimait une simple réaction condescendante, inadaptée, pourtant, alors qu'elles venaient de se livrer un combat qui aurait pu virer au drame, Linda ne se surprit pas à prendre Carmen et son histoire en considération. Elle ne dit rien, il n'y avait rien à dire de plus qui n'aurait été de trop. Elle sourit simplement.

Il fallut attendre la fin du voyage pour que Linda reprenne un semblant de conversation, sur la piste d'atterrissage privée de Parmingo.

Bienvenue à Pa... Emile, où est le véhicule ?

Le pilote haussa les épaules, il avait remarqué, lui aussi, l'absence de tout contact avec Paris lors du vol. Après un court échange avec Linda, il s'en alla chercher l'un des véhicules de secours de l'agence. Il ne lui faudrait que quelques minutes pour revenir, minutes mises à profit par la vielle femme aux cheveux ayant repris leur couleur originelle suite à sa transformation. Brun-gris.

Carmen, veuillez m'excuser. Bienvenue à Paris ! Nous allons aller au siège dans quelques minutes, ce manque de contact m'inquiète, mais je ne veux pas que votre arrivée soit sous l'augure de la malchance.

Le 4x4 ne tarda effectivement pas à arriver devant les deux femmes, accompagné du soleil se levant derrière lui.

Après vous.

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L'avion de Linda atterrit finalement sur la piste qui lui était réservé quelques dizaines de minutes plus tard. Carmen, ravie d'être enfin arrivée après plusieurs heures de vol, alla chercher quelques bagages qu'elle voulait conserver près d'elle. Après avoir pris sa trousse de toilette, Carmen remarqua qu'il semblait y avoir un problème au vu de la discussion et des mines inquiètes de Linda et du pilote. Cependant, Carmen ne voulait pas aborder tout de suite le sujet et préféra attendre d'être dans la voiture pour en parler. Elle remercia malgré tout Linda pour son accueil des plus courtois.

Merci Linda. Voilà bien longtemps que je n'avais pas vu Paris, ni même la France d'ailleurs. La dernière fois remonte à presque un siècle. J'étais infirmière sur le front et je travaillais dans des conditions extrêmement difficiles dans un hôpital de campagne qui empestait le sang, la sueur et l'éther. Rien de très agréable vous en conviendrez.

Cependant, une chose perturba Carmen ; le silence lourd qui pesait sur la ville, comme si la capitale était devenue un ville fantôme.

Je pensais Paris un peu plus animé, surtout en pleine période du carnaval.

Finalement la Gorgone descendit de l'avion, se dirigea vers le 4x4 de Parmingo mis à disposition et s'installa à l'arrière du véhicule. Là elle fit part de à Linda de ce qui la dérangeait.

Dites moi Linda, vous me paraissez bien tendue et stressée depuis que nous avons décollé. Vous avez consulté tout le temps votre téléphone dans l'avion, vous avez une discussion bizarre avec le pilote et votre visage reflète tout sauf la sérénité. Que se passe-t-il ? J'ai l'impression que vous me cachez quelque chose Linda. Avez-vous des explications à me fournir ?

C'est bien ce qui m'inquiète, Carmen. La ville est trop calme, comme si tout le monde dormait encore...

Assise à l'arrière du véhicule, tentant encore et encore de contacter ses employés ou même sa fille, Linda commença à ressentir un sentiment qu'elle ne se souvenait pas avoir déjà éprouvé : la peur. Et l'attitude cavalière de Carmen ne la détendait en rien, pourtant la Vi'aan se força à réagir en P-DG.

Le réseau téléphonique semble perturbé, le réseau satellitaire également et uniquement sur Paris, le pilote est parvenu à contacter les autres agences Parmingo à travers le monde, aucun souci n'a été signalé hormis que toutes ont perdu le contact avec le siège Parisien. C'est donc là-bas que nous nous rendons afin d'éclaircir la situation et, si le besoin en est, la rétablir.

Quelque chose d'étrange dans l'odeur de la ville l'assaillait depuis quelques minutes alors que le véhicule s'approchait sans difficulté de l'entreprise de sécurité. Quelque chose que la Vi'aan n'avait jamais senti aussi fortement. Quelque chose qu'elle n'avait pas senti depuis plusieurs milliers d'années.

Carmen, est-ce que vous sentez cette odeur ?

Linda inspira à pleins poumons. Une fois.

J'ai l'impression de la connaitre.

Deux fois.

Je n'arrive pas à définir où j'ai déjà senti ça...

Trois fois. Elle garda la bouche entrouverte, fronça les sourcils, referma la bouche.

Accélérez !

Elle avait reconnu l'odeur, bien que légèrement différente de celle dont elle se souvenait.

Je crois que l'un des Neuf Signataires est en ville.

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Dans le 4x4 de Parmingo, Linda ne semblait pas du tout comprendre ce qui était arrivé à la ville pour qu'elle soit si calme et déserte. Elle tentait de rassurer son invitée en lui faisant un état des lieux et en prenant des décisions rapidement, mais au fond d'elle Carmen savait très bien que Linda ne contrôlait absolument pas la situation. Soudain, Linda se mit à humer l'air de façon très intense. Elle disait qu'elle essayait d'identifier une odeur dont elle n'arrivait à reconnaître l'origine. Carmen l'imita pour confirmer ses dires et dit :

Je crains que mon flair ne soit pas aussi puissant que le vôtre car je ne sens pas grand chose pour l'instant.

Pourtant Linda était persuadée de reconnaître une odeur puis tout d'un coup elle resta silencieuse avant d'ordonner soudainement au chauffeur d’accélérer.

Je crois que l'un des Neuf Signataires est en ville.

Vraiment ? Cela n'augure rien de bon si vous avez raison ma chère, par contre je sens autre chose.

Carmen fit sortir sa langue plusieurs fois de sa bouche pour "goûter" l'air ambiant et y décela quelque chose de très étrange.

Je détecte la présence d'un composé fortement volatile dans l'air. Soit l'air de Paris est plus pollué que d'habitude, soit quelqu'un a utilisé un gaz puissant il y a plusieurs heures. Quoi qu'il en soit nous devrions arriver à Parmingo d'ici quelq... Attention !! Devant !!

Mais c'était hélas trop tard. Pour gagner du temps, le chauffeur du 4x4 avait décidé de griller un feu rouge ; mais mal lui en avait pris car au même moment un motard avait surgi de la rue de droite à pleine vitesse. Le malheureux fut percuté de plein fouet, envoyant la moto dans un lampadaire et son pilote faire quelques roulades sur la chaussée, avant de rester inanimé sur les bandes blanches du passage piéton. Carmen un peu secoué par la brutalité du choc, descendit pour respirer pour reprendre ses esprits. Elle regarda ensuite où le motard avait atterri. Ce dernier semblait ne pas avoir été blessé mais titubait quelque peu à cause du choc de l'accident. Alors qu'il se retournait pour insulter copieusement les responsables de l'accident, Carmen put voir son visage distinctement.

Par les sept idoles du temple de Naegaros, c'est un Gnoll !

Sur la route menant à Parmingo, Yoreck commençait à être fatigué mais il ne devait en aucun cas s'endormir alors qu'il conduisait. Il faut dire que participer au jeu de Sihat et courir de monument en monument l'avait complétement épuisé. En plus Il avait atrocement faim.

Une fois de retour à Parmingo il irait manger un morceau, rassurer les employés de sécurité, téléphoner à Linda puis il irait se coucher se disant que toutes ces conneries commençaient à peser à lourd sur les épaules d'un pauvre petit Gnoll tel que lui. Enfin bon encore fallait-il arriver à Parmingo car Yoreck consultait son téléphone à tout bout de champ craignant de se perdre dans le dédale des rues parisiennes.

Finalement il décida d’accélérer un peu le mouvement, lorsqu'il vit que l'itinéraire formait une ligne droite durant 1 km. Il poussa la manette des gaz de sa moto et se dirigea donc vers sa destination avec encore plus de volonté d'en finir avec cette nuit.

Cependant au second carrefour, alors que le feu était vert pour lui, un 4X4 emboutit sa moto le projetant lourdement sur le passage piéton. Il resta inaminé un moment avant de tenter de se relever et de constater qu'il n'avait rien. Le bouclier de Sihat continuait à fonctionner et l'avait protégé d'un destin funeste.

Reprenant ses esprits, il se retourna vers les personnes se trouvant dans le 4x4 et se dirigea vers eux avec l'intention de libérer toute la rage qu'il avait accumulé durant le jeu de Sihat.

Bande de connards ! Vous n'aviez pas vu que le feu était rouge ? Je vais vous réduire en charpie, ça va être vite réglé sales petites merdes !

Cependant, alors qu'il s'apprêtait à refaire le portrait du chauffeur, il vit l'inscription sur le 4x4. Il y était marqué Parmingo. Et pour couronner le tout, Linda sortit du véhicule accompagnée d'une autre femme qu'il ne connaissait pas. Le jeune Gnoll fut quelque peu confus d'avoir insulté son amie. aussi tenta-t-il maladroitement de se rattraper.

Ah ... c'est vous Linda ... Je ne pensais pas que vous ... enfin vous étiez sensé revenir beaucoup plus tard et je ... fait chaud tout d'un coup vous ne trouvez pas ?

Mais il reprit bien vite ses esprits dans l'intention de raconter la terrible soirée qu'il avait passé avec Sihat

Linda, je sais que ce que je vais raconter va vous sembler absurde mais je vous jure que c'est la vérité. Montez dans la voiture tous les trois je vous raconterai tout. Car je ne pense pas que ma moto puisse encore rouler vu son état.

Il finit par soupirer en disant :

Par les ancêtres, quelle soirée !

Il monta ensuite à l'arrière de la voiture à coté de le personne qui accompagnait Linda et dont il ignorait toujours le nom.

Yoreck, je te présente Carmen, une gorgone que j'ai rencontré en Amérique.

Oui ... euh .. enchanté. Ravie de vous connaître Carmen.

Yoreck ignorait ce qu'était une gorgone exactement mais il aurait tout le loisir de demander à Linda plus tard. Pour l'heure, il y avait plus urgent à relater.

Et Carmen, voici Yoreck, l'un des Gnolls dont je vous ai parlé.

Ravie de te rencontrer également Yoreck.

Bon, Installez-vous afin que je vous raconte tout ce qui m'est arrivée durant cette nuit. Donc, tout a commencé alors que je sortais profiter des festivités du carnaval, lorsque que soudain ...

Et Yoreck raconta toute la formidable aventure dans les rues de Paris. Sa rencontre avec Sihat, le jeu qu'il lui avait concocté, la terrible course contre la montre pour sauver les gens ou les monuments.

Et c'est comme ça qu'il m'a laissé avec cet avertissement.Ensuite j'ai voulu rentrer à Parmingo mais vous m'avez renversé au carrefour.

Yoreck faillit d'ailleurs oublier un détail important de l'histoire : la marque que lui avait faite Sihat sur son épaule droite. Aussi s'empressa-t-il de la montrer aux deux femmes en disant :

Tenez regardez ce qu'il m'a fait ! Vous pensez que c'est dangereux Linda ? Vous croyez que Sihat va me posséder ? Sans parler du bouclier qu'il m'a offert, n'est ce pas peut être un cadeau empoisonné quand on sait de qui il provient ?

Bon le bouclier lui avait certes sauver la vie deux fois au cours de cette nuit mais il n'était pas impossible que ce cadeau se retourne contre lui.

Je vous en prie Linda si vous savez quelque chose dites-le moi. Je ne me sens vraiment pas rassuré.

Si le trajet en avion avait été plutôt monotone, malgré la discussion avec Carmen, celui en voiture était d'un tout autre acabit. Découvrir les rues pratiquement toutes plus vides les unes que les autres, voir que même à l'intérieur de Paris, le réseau téléphonique était toujours aux abonnés absents. Oui, tout cela avait de quoi mettre la Vi'aan sur les nerfs.
Et la présence éventuelle d'un Signataire n'arrangeait pas les choses.

Je ne reconnais pas non plus cette odeur... Ça ne présage rien de bon...

Une couronne, nous voulons une couronne ! Renverser l'une des rares personnes rencontrés dans les rues Parisienne relevant du mérite. Evidemment, le fait que cette personne soit Yoreck n'avait rien pour simplifier la situation, tout au moins la clarifier légèrement... Très légèrement.

Après les civilités et le détail de la nuit raconté par le jeune Gnoll, Linda éclata de rire. Un mélange de stress, d'incroyance et de nervosité.

Yoreck, si tout ce que tu nous dis a bien explosé, alors pourquoi est-ce qu'il n'y a aucun incendie en ville, ou aucune fumée qu'on aurait pu voir depuis le jet ? Et pourquoi la Tour Eiffel est toujours debout ? Non... Tu as dû être victime de l'hallucinogène que Carmen et moi venons de sentir dans l'air... Ta condition de gnoll t'a fait avoir des hallucinations bien plus...

La marque n'était pas une hallucination... Ou alors Linda était elle-même touchée... Non, pas aussi vite. Donc ce que Yoreck avait dit été vrai, pourtant tout ce qu'elle avait soulevé comme question l'était aussi.

Nous sommes arrivés. Monte à l'étage des soins, on va examiner cette marque tout de suite, je n'ai pas envie que tu nous exploses entre les pattes...

Linda était déjà descendu du 4x4 et se lançait vers la porte d'entrée de Parmingo lorsqu'elle fut projeté au sol pour le souffle d'une explosion au septième étage. Non, pas d'une explosion, mais d'une implosion et, même si elle était difficilement discernable dans le feu de l'action, la différence était importante.
Un sifflement dans les oreilles l'empêchait d'entendre quoi que ce soit de précis, y compris sa propre voix.

Qu'est-ce qui s'est passé !?

En se retournant vers le 4x4, Carmen et Yoreck, Linda assista à un spectacle qui la laissa sans voix, par delà les bâtiments du quartier, une colonne de flamme s'élevait et faisait de la concurrence au soleil.

Cette fois, c'était certain : un Signataire était en ville.

Dans la voiture, Yoreck ne se sentait pas très bien. Le surmenage de cette nuit avait eu raison de ses forces. Heureusement il pourrait bientôt dormir dans son lit. Cependant, Yoreck ne fut pas au bout de ses surprises car, après avoir raconté toute son histoire, cette dernière provoqua l'hilarité de Linda.

Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle Linda c'est sérieux ! Tout ce que je vous ai dit est vrai !

Linda s’expliqua ensuite. Apparemment, Yoreck avait été victime d'un gaz hallucinogène qui lui avait fait croire que tous les bâtiments qu'il n'avait pas voulu sauvé, explosaient. Et comme preuve, la tour Eiffel qu'il croyait détruite se tenait bien droite lorsqu'il sortit de la voiture pour vérifier.

Mais ... Je ... Mais enfin ... Non ! C'est impossible !

C'était hélas pourtant la vérité, rien n'avait explosé ; pas de fumée pas de feu, rien. Yoreck en resta pantois. Cependant, la marque était toujours présente sur son épaul, preuve que la rencontre entre lui et Sihat avait bien eu lieu. Linda lui conseilla de se rendre à l'aile des soins sans tarder.

Mais alors qu'il se dirigeait vers le hall d'entrée, un nouvel évènement chamboula encore une fois cette soirée déjà très mouvementée et riche en émotions. Une implosion eut lieu au niveau du septième étage du bâtiment Parmingo suivie quelques minutes après par une gigantesque colonne de feu dans le lointain. Yoreck reconnut immédiatement l'endroit d'où provenait la boule de feu.

Mais c’est l’Élysée qui vient de ... Non ! C'est un cauchemar ! Je ... ne me ... pas ...

Hélas, Yoreck épuisé par la soirée épouvantable qu'il venait de vivre, commença à défaillir. Sa vision se troubla, ses jambes se dérobèrent puis il finit par s'évanouir aux pieds de Linda et Carmen. Ce dernier feu d'artifices avait eu raison de ses dernières forces. Son corps ne pouvait plus supporter autant de stress et d'efforts. Sihat avait quand même fini par avoir le dernier mot de l'histoire.

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Dans la voiture, Carmen écoutait silencieusement tout l'histoire racontée par Yoreck. Elle semblait complétement abracadabrantesque voire saugrenue. Linda ne tarda pas d'ailleurs à démentir certains éléments de son histoire en disant qu'aucun incendie n'avait eu lieu en ville et que les monuments étaient toujours à leur place respective.

Dans mon souvenir, la tour Eiffel me paraissait plus haute. Enfin bon vous voyez Yoreck, vous avez du avoir comme le dit Linda, des hallucinations provoquées par ce gaz. A moins que vous n'ayez abusé du champagne.

Le Gnoll cependant semblait pourtant soutenir corps et âme sa version des faits. Il est vrai que malgré le fait que les monuments n'aient pas été pulvérisés beaucoup de choses restaient inexpliquées. Déjà la présence dans ce gaz qui était tout à fait insolite. Ensuite l'état dans lequel était Yoreck. Celui-ci semblait épuisé, fatigué à bout de nerfs mais en aucun cas complétement saoül ou camé. Enfin le plus étrange, la marque sur l'épaule de Yoreck qui était bien réelle. Ah et aussi la présence d'un Signataire sentie par Linda qui n'arrangeait rien au tableau.

En y réfléchissant bien je dois avouer que tout ceci est très étrange, il se passe quelque chose de malsain ici. Ce silence me donne l'impression que quelque chose pourrait arriver à l'instant.

Et comme pour lui donner raison, deux violentes déflagrations éclatèrent en guise de réponse. La première pulvérisa les étages supérieurs du bâtiment Parmingo, la seconde éclata quelque part dans le centre ville. Yoreck semblait croire qu'elle provenait de l'Elysée pusi juste après le GNoll tomba dans les pommes.

Oh non Yoreck ! Linda,vite, Yoreck vient de s'évanouir ! Allez chercher un médecin !

[i]Carmen tâta le pouls de Yoreck pour s'assurer qu'il allait bien. Le rythme de son coeur semblait régulier, ce qui rassura la Gorgone. Cependant il était préférable de l'amener à un médecin au plus vite pour s'assurer de son état de santé. Elle entreprit donc de garder un oeil sur le mammifère pendant que Linda essaierait de trouver un médecin.

Alllez Yoreck ! Je vous défends de mourir maintenant !

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